Faute d’avoir pu maintenir son projet pour les Jeux d’hiver de 2030, et compte-tenu de l’adoption du principe de double attribution des échéances 2030-2034 par le Comité International Olympique (CIO), la Ville de Sapporo (Japon) doit retravailler ses plans pour – au mieux – être en mesure de présenter une candidature pour 2038.

Les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de Milan-Cortina 2026 n’ont pas encore eu lieu, et ceux de 2030 et de 2034 n’ont même pas encore été attribués, mais une candidature pense déjà au coup d’après, à savoir Sapporo pour l’édition de 2038.
De manière contrainte, la cité nippone a en effet vu ses espoirs d’accueillir une nouvelle fois les Jeux d’hiver s’effondrer à court terme et ce, à l’aune de plusieurs événements qui sont progressivement venus impacter l’ambition de la Ville Hôte des JO 1972.
Alors que Sapporo avait d’abord tenté d’obtenir l’organisation des Jeux d’hiver de 2026, la survenance d’un puissant séisme dans la Préfecture d’Hokkaidō en 2018 avait obligé les autorités locales, en concertation avec le CIO, à repenser une candidature pour l’échéance 2030.
Reléguée par la suite au rang d’outsider derrière la grande favorite que fut Salt Lake City (Utah, États-Unis), la candidature avait fini par reprendre confiance dans une course bouleversée par l’adoption d’un nouveau processus décisionnel.
Sapporo avait ainsi bénéficié d’un certain élan offert par l’organisation réussie des Jeux d’été de Tokyo 2020 – pour lesquelles la ville fut partie prenante avec la tenue des épreuves de marche et du marathon – mais également par les hésitations calendaires du projet américain.
Néanmoins, les révélations de corruption autour de certains marchés liés à Tokyo 2020 ont peu à peu terni l’image de marque de Sapporo et les efforts jusqu’alors déployés pour bâtir un concept durable et économiquement viable.
Plus encore que les révélations en elles-mêmes, ce véritable tournant de la course s’est accompagné d’une inexorable baisse de l’appui populaire. Un élément tout sauf négligeable, d’autant plus en considérant que l’opinion publique représente un argument parfois déterminant pour la bonne marche d’une candidature aux Jeux. Malgré un concept technique pertinent, la candidature de Tokyo 2016 avait par exemple été affaiblie par un timide soutien de la population avant que Tokyo 2020 ne soit en capacité, quelques années plus tard, de corriger le tir.

A ces événements, le projet de Sapporo 2030 a aussi dû composer avec la restructuration du processus de sélection du Futur Hôte, illustrée par la remise à plat engagée en décembre 2022 par la Commission Exécutive du CIO.
L’émergence des candidatures de la Suède, de la Suisse, et enfin de la France, ont dès lors constitué un nouveau point de bascule dans la destinée de Sapporo qui s’était en parallèle mise en retrait depuis le printemps dernier.
In fine, prenant conscience qu’un retour dans la course pour 2030 n’était pas viable, Sapporo a brièvement espéré se tourner vers 2034 et ce, malgré l’ancrage sans cesse plus affirmé de Salt Lake City sur cette échéance. Une échéance d’ailleurs jugée plus favorable que 2030 par les autorités olympiques américaines en raison de la proximité calendaire et des possibles interférences sur le plan du marketing avec les Jeux d’été de Los Angeles 2028.
Aussi, avec le coup de grâce porté par le CIO, avec l’adoption le week-end dernier du principe de double attribution des JO 2030-2034, la candidature nippone ne peut désormais entretenir la flamme que pour une édition ultérieure, soit, au mieux, 2038.
Selon le quotidien national “The Asahi Shinbun”, cette réorientation forcée a d’ores et déjà été évoquée en filigrane par le Maire de Sapporo en personne au cours d’une récente réunion du Conseil municipal orchestrée le 18 octobre 2023.
Ainsi que l’a affirmé Katsuhiro Akimoto, qui ne s’attendait pas à ce que le CIO s’engage en direction d’une double attribution :
Si notre candidature pour les Jeux de 2034 échoue, j’aimerais me réunir à nouveau avec les parties concernées pour de nouvelles discussions.
L’importance de la candidature pour les Jeux Olympiques restera inchangée.
En d’autres termes, la détermination de l’édile – réélu plus tôt cette année – demeure intacte.
Comme il l’a par ailleurs exposé :
Désormais, nous allons engager un dialogue et ne pas nous contenter de réfléchir sur les choses en fonction d’un calendrier.

Rien ne permet toutefois de dire et d’affirmer que Sapporo sera en position de remporter – enfin – la mise avec une candidature retravaillée pour 2038.
Les récentes leçons et le nouveau modèle de sélection des Hôtes olympiques par le CIO sont en effet à prendre en considération, surtout en songeant que la double attribution 2030-2034 entraînera au moins deux déçus – si l’on se fie aux quatre candidatures officiellement déclarées (Suède, Suisse, France, États-Unis) – et que l’institution olympique pourrait potentiellement conseiller auxdits déçus de se repositionner rapidement sur 2038.
Il n’empêche, Sapporo peut tenir un argument conséquent pour obtenir les Jeux, avec le fait que sa région demeurera l’une des rares au monde à pouvoir encore organiser l’événement planétaire enneigé au cours des prochaines décennies au regard des répercussions du changement climatique.
Sur ce point, le CIO a pleinement conscience que les réserves disponibles vont fondre comme neige au soleil et qu’il conviendra en conséquence de déterminer les secteurs les plus appropriés pour recevoir les Jeux d’hiver après 2034, 2038, etc.