Dans un contexte particulier, en raison de la pandémie mondiale du Covid-19, le Japon a réussi à relever le pari organisationnel des Jeux de Tokyo 2020. Malgré une opinion publique défavorable dans la dernière ligne droite des préparatifs, le succès a été au rendez-vous.

Ce dimanche 08 août, les Jeux de Tokyo 2020 s’achèvent, avec une Cérémonie de clôture au cours de laquelle la Gouverneure de Tokyo remettra officiellement le drapeau olympique au Président du Comité International Olympique (CIO) qui, à son tour, le transmettra à la Maire de Paris.
Au cours de la quinzaine sportive écoulée, les organisateurs nippons auront su relever le défi que représentait la tenue d’un tel événement au milieu d’un contexte sanitaire sans précédent.
Aussi, avec un total de 430 cas de Covid-19 liés aux Jeux, enregistrés depuis le 1er juillet dernier, la crainte d’un immense cluster épidémique s’est estompée et ce, grâce à la mobilisation massive des autorités sanitaires qui ont déployé plus de 600 000 tests au sein des aéroports et autour des sites olympiques afin de filtrer les délégations, mais également les officiels et les personnels des médias.
Avant même le début des Jeux, le CIO s’était d’ailleurs attaché à rassurer une population inquiète de l’arrivée de plus de 10 500 athlètes sur le sol nippon, sans compter les autres publics accrédités. En amont de la Cérémonie d’ouverture, le Président de l’institution olympique, Thomas Bach – pour qui les Jeux ont été un succès -, avait ainsi fait mention que 85% des athlètes et des officiels séjournant au Village Olympique étaient vaccinés ou tout du moins immunisés, tout comme 100% des membres et personnels du CIO, et 70 à 80% des représentants des médias appelés à couvrir l’événement.

Si le respect des gestes barrières et l’application stricte des mesures de contrôle instaurées au Japon ont indéniablement permis de limiter les cas de Covid-19 – à l’inverse par exemple d’un EURO 2020 de football organisé dans plusieurs pays avec des flux de spectateurs importants – le défi des organisateurs nippons reposait également sur l’impulsion d’un certain engouement populaire.
Ce challenge était loin d’être évidemment, au regard de l’absence de spectateurs dans les enceintes sportives d’une part, et de la défiance exprimée depuis plusieurs mois par la population à l’égard des Jeux d’autre part.
Toutefois, les audiences télévisées enregistrées dans l’archipel ont in fine démontré la curiosité et la passion des Japonais pour la deuxième édition des Jeux organisée dans la capitale, la quatrième, été et hiver confondus, organisée dans le pays.
Pour preuve, la Cérémonie d’ouverture a généré une audience nationale de 70 millions de téléspectateurs, soit l’événement le plus regardé au Japon au cours des dix dernières années.
Sur la seule région de Kanto – incluant Tokyo et six autres Préfectures – l’ouverture des Jeux a été suivie par une moyenne de 56,4% des téléspectateurs, avec même un pic enregistré à 61% dans l’archipel à plusieurs moments de la Cérémonie. A titre de comparaison, hors édition tenue au Japon, la part d’audience nippone la plus élevée enregistrée jusqu’à présent pour une Cérémonie d’ouverture des Jeux était de l’ordre de 47,9%. Il s’agissait alors des Jeux de Los Angeles 1984.
Cet intérêt manifeste contraste évidemment avec les données chiffrées dévoilées pour les États-Unis, où le diffuseur historique NBC a connu un plus bas historique depuis 33 ans, avec seulement 16,7 millions de téléspectateurs, contre 26,5 millions pour l’ouverture des Jeux de Rio 2016 et 40,7 millions pour celle de Londres 2012.
Paradoxalement, les audiences enregistrées sur les plateformes de streaming ont connu une forte augmentation, avec, sur les canaux NBCOlympics et NBC Sports, jusqu’à 17 millions de personnes, soit une hausse de 72% par rapport à la Cérémonie d’ouverture de Rio 2016.

Au-delà des audiences, la réussite organisationnelle s’est aussi traduite à la lecture du tableau des médailles.
Jamais dans l’histoire olympique, la délégation nippone n’était parvenue à rafler autant de breloques. A la clôture des Jeux, ce sont en effet 58 médailles qui ont été glanées par les sportifs japonais, dont 27 titres olympiques, plaçant de facto la délégation nationale au troisième rang du tableau des médailles, derrière les États-Unis et la Chine.
Certes, la performance est légèrement en deçà de l’objectif de 60 médailles fixé par le Comité Olympique Japonais (JOC), mais elle est largement au-dessus du précédent record relevé durant les Jeux d’Athènes 2004 où, à l’époque, les sportifs japonais avaient cumulé 37 médailles, dont 16 en or.
Le Japon a d’ailleurs parfaitement su tirer profit de l’inscription de cinq sports additionnels que le Comité d’Organisation (TOCOG) avaient judicieusement proposé au CIO, avec pas moins de 14 médailles remportées en baseball (1) / softball (1), en escalade (2), en karaté (3), en skateboard (5) et enfin en surf (2).

A l’heure où Tokyo s’apprête à passer le flambeau à Paris, hôte des Jeux en 2024, ces éléments doivent être une source d’inspiration pour les organisateurs de la future Olympiade.
Si l’objectif de 80 médailles pour la délégation française en 2024 – évoqué il y a quatre ans par l’ancienne Ministre des Sports, Laura Flessel – n’est plus d’actualité, le bilan mitigé de 33 médailles et d’une 8ème place pour les sportifs tricolores cette année interpelle, notamment en ce qui concerne deux sports majeurs des Jeux, l’athlétisme et la natation où la moisson fut particulièrement faible avec un cumul de deux médailles d’argent.
Cette performance en demi-teinte constitue d’ailleurs un retrait manifeste, puisqu’il faut remonter à Athènes 2004 pour retrouver un total de 33 médailles pour l’équipe de France olympique, avec tout de même cette année-là, un titre olympique de plus et une 7ème place au tableau des médailles.
Le chemin est encore long pour une “Génération 2024” en rodage, mais le temps presse, Paris accueillant le monde dans maintenant moins de trois ans.
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