JO 2030 : La Commission Exécutive du CIO renverse la table

A la suite de l’entrevue de la Commission de Futur Hôte avec les candidatures aux Jeux d’hiver de 2030, la Commission Exécutive du Comité International Olympique (CIO) avait le choix entre aller de l’avant avec une ou plusieurs candidatures pour un dialogue ciblé, ou se donner davantage de temps pour examiner les projets en lice dans le cadre du dialogue continu. In fine, la Commission a décidé de remettre les compteurs à zéro.

Réunion de la Commission Exécutive du CIO, mardi 06 décembre 2022 à Lausanne, Suisse (Crédits – IOC / Greg Martin)

L’adoption par le CIO d’une nouvelle mouture du processus décisionnel pour les futurs hôtes des Jeux conduit à repenser de façon inédite les étapes et le déroulement des candidatures.

De fait, alors que deux territoires paraissaient en bonne position pour poursuivre le dialogue engagé avec l’institution olympique – à savoir Sapporo (Japon) et Salt Lake City (Utah, États-Unis) – avec également la présence quelque peu effacée de Vancouver (Canada), la Commission Exécutive du CIO a choisi de renverser la table.

Prenant ainsi connaissance du rapport détaillé de la Commission de Futur Hôte présidée par Octavian Morariu, la Commission Exécutive a décidé d’accorder plus de temps à l’étude des projets en course et ce, à l’aune de critères spécifiques aux Jeux d’hiver que sont le changement climatique et la durabilité des sports d’hiver.

Concrètement, les discussions jusqu’alors engagées et les résultats d’une étude universitaire ont permis de déterminer qu’un nombre restreint de villes et territoires à travers le monde était aujourd’hui en capacité d’accueillir l’événement hivernal compte-tenu des conséquences d’ores et déjà visibles du réchauffement climatique.

En outre, les autorités olympiques souhaitent que les prétendants aux Jeux d’hiver établissent un relevé décennale fiable des températures minimales moyennes enregistrées en dessous de zéro degré celcius sur les sites proposés pour recevoir les Jeux.

En considérant ces éléments, l’idée d’une rotation des Jeux d’hiver au sein d’un groupe d’hôtes prédéterminés pourrait à terme être débattue et adoptée, réduisant dès lors le périmètre d’action de l’événement et évitant de surcroît les polémiques concernant l’attribution dudit événement à des contrées peu adaptées à la pratique des sports d’hiver.

La décision prise ce mardi 06 décembre par la Commission Exécutive tient par ailleurs aux discussions en cours avec et au sein des Fédérations Internationales de sports d’hiver soucieuses de garantir la pérennité desdits sports dans le cadre d’ajustements aux calendriers d’épreuves et à l’instauration de nouveaux formats de compétitions.

Afin de souligner ce vaste bouleversement acté par l’instance olympique, le Président de la Commission de Futur Hôte n’a pas manqué de rappeler que :

La nouvelle approche flexible pour l’élection des hôtes olympiques a été conçue de façon à ce que le CIO puisse s’adapter rapidement et efficacement au contexte mondial en constante évolution, dans l’intérêt non seulement des athlètes, mais aussi de tous les participants aux Jeux Olympiques et de l’ensemble du mouvement sportif.

Aussi, deux annonces complémentaires ont été formulées à l’issue de la réunion de ce jour.

D’une part, l’élection de l’hôte des JO 2030 n’aura finalement pas lieu dans le cadre de la 140ème Session du CIO programmée à l’automne 2023, mais davantage au cours de la Session suivante qui se tiendra à Paris (France) en marge des Jeux d’été de 2024, laissant moins de six ans de préparatifs aux futurs organisateurs.

D’autre part, la Commission Exécutive a ouvertement abordé la question d’une possible double attribution des Jeux de 2030 et 2034 – sur le modèle de ce qui fut engagé pour 2024-2028 – sans qu’une quelconque conclusion ne soit toutefois tirée.

Thomas Bach, Président du Comité International Olympique, lors de la réunion de la Commission Exécutive, mardi 06 décembre 2022 à Lausanne, Suisse (Crédits – IOC / Greg Martin)

En rebattant ainsi les cartes, le CIO montre qu’il demeure le maître des horloges olympiques et qu’il se donne une marge de manœuvre inédite – mais pas dénué d’intérêt, loin de là – pour s’engager dans un partenariat opportun avec un hôte adéquat.

Il faut dire qu’avec une candidature au point mort en raison d’un manque de soutien institutionnel (Vancouver), d’un projet fortement affaibli par les révélations autour de Tokyo 2020 (Sapporo), et d’une prétendante encore hésitante entre 2030 et 2034 (Salt Lake City), l’institution olympique ne disposait pas à l’évidence de toutes les garanties pour avancer de manière sereine dans la phase de dialogue ciblé avec l’un des trois dossiers précités. Ces derniers – portés par des villes expérimentées pour avoir accueilli les Jeux en 2010, 1972 et 2002 – vont dès lors pouvoir bénéficier d’un précieux temps supplémentaire pour revenir dans la course ou consolider leur vision stratégique des Jeux.

Par ailleurs, en réinitialisant finalement le processus dans sa globalité, le CIO se donne la possibilité d’accueillir de nouveaux prétendants qui, à ce stade, n’auraient pas eu le temps ou l’envie nécessaire pour franchir le pas au regard de la concurrence déjà présente sur la ligne de départ.

Il se laisse aussi l’opportunité de retrouver des candidatures qui ont pu se rétracter ou être écartées de précédentes phases de sélection. Cela pourrait notamment permettre d’envisager un retour de Pyrénées-Barcelone (Espagne) pourtant éloigné de la scène olympique après la mésentente constatée cette année entre les autorités aragonaises et catalanes concernant les fondements de la candidature et du projet.

Pour le CIO, le fait de revoir en profondeur son mode de désignation des futurs hôtes des Jeux d’hiver revient aussi à apporter une réponse aux critiques formulées à l’endroit d’une institution qui a pris des décisions contestables par le passé, que ce soit au travers du choix de Sotchi 2014 ou, plus récemment, de Pékin 2022.

Parallèlement, la référence à la problématique du changement climatique met enfin en lumière la nouvelle philosophie du CIO qui entend désormais davantage se tourner vers les enjeux de société et les défis d’avenir pour accompagner le choix des futurs organisateurs des Jeux.

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