Sans réelle surprise, le Comité Olympique Espagnol (COE) va annoncer cette semaine le retrait du projet de candidature Pyrénées-Barcelone aux Jeux d’hiver de 2030, projet largement miné par les tensions politiques persistantes entre l’Aragon et la Catalogne.

L‘annonce récente du report de la double consultation populaire qui devait initialement se tenir en Catalogne le 24 juillet prochain avait déjà illustré l’impasse dans laquelle se trouvait la candidature espagnole dans la course aux Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2030.
Outre ce report, la mobilisation des opposants orchestrée sur le terrain et sur les réseaux sociaux avait au préalable donné le ton de semaines difficiles pour le devenir de la candidature. A cela s’est ajoutée aussi la multiplication des réunions et des négociations infructueuses – une dizaine de séances – entre les représentants du COE, du gouvernement espagnol, mais surtout des Communautés autonomes d’Aragon et de Catalogne.
Malgré un concept alliant équipements de montagne et infrastructures héritées des Jeux de Barcelone 1992, le COE a finalement rapidement fait le constat que la candidature risquait d’être durablement affaiblie par des considérations en dehors de son champ d’action. Aussi, à l’instar de la candidature un temps développée pour les Jeux de 2022, le projet pour 2030 est désormais condamné.
Selon les médias régionaux, l’instance olympique espagnole devrait en officialiser la clôture ce mardi 21 juin, trois semaines après la visite à Madrid du Président du Comité International Olympique (CIO), Thomas Bach.

Avec ce retrait inévitable, la course aux JO 2030 se retrouve à présent réduite à trois prétendantes officielles, le nouveau processus voulu par le CIO pouvant tout de même laisser penser que d’autres projets sont en développement à travers le monde.
Parmi ces trois candidatures, Sapporo (Japon) et Salt Lake City (Utah, États-Unis) disposent d’une solide et confortable avance sur leur poursuivante, Vancouver (Canada).
Si chacune a aujourd’hui des forces et des faiblesses, les six prochains mois seront décisifs, le CIO ayant esquissé la mise en place d’un dialogue ciblé à compter de décembre 2022, quelques mois avant la désignation attendue du futur hôte, en mai 2023 lors de la 140ème Session programmée à Bombay (Inde).
Les trois ont en tout cas en commun d’avoir une expérience olympique reconnue, Sapporo ayant accueilli les premiers Jeux d’hiver de l’histoire nippone en 1972, Salt Lake City continuant de surfer sur l’héritage des Jeux de 2002, et Vancouver restant à ce jour la dernière ville canadienne à avoir organisé une édition des Jeux (2010).

Le rêve des Jeux en Espagne pourrait néanmoins rapidement se redéfinir autour d’une candidature pour les Jeux d’hiver de 2034, avec cette fois-ci la seule présence de la Catalogne, entre les Pyrénées et Barcelone.
Conscient de l’étroitesse du chemin pour 2030, surtout face à la concurrence internationale au sein de laquelle les projets sont à un stade d’étude et de structuration plutôt bien avancé, le COE pourrait ainsi mettre sur pied une candidature aux contours davantage maîtrisés.
Il n’empêche, cette possibilité risque cependant de souffrir de l’engagement des trois cités présentes pour les Jeux de 2030, le CIO pouvant par ailleurs fort bien prendre la décision finale de procéder à une double attribution 2030-2034 à l’issue de la phase de dialogue ciblé et ce, dans le but de s’assurer un partenariat durable avec deux villes de confiance.
A ce jeu-là, Sapporo pourrait alors obtenir 2030 et Salt Lake City, 2034.
A l’aune de ces éléments, le COE pourrait in fine regretter d’avoir fait le choix de suivre les recommandations de l’institution de Lausanne (Suisse) de ne pas promouvoir le développement d’une candidature de Madrid pour les Jeux d’été de 2036. Car si la capitale espagnole reste sur trois échecs successifs (2012, 2016 et 2020), elle demeure peut-être – paradoxalement – la meilleure option pour un futur projet destiné à représenter l’Espagne sur la scène des Jeux.