Ce mardi, les représentants des quatre Premières Nations – Lil’wat, Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh – et ceux des villes de Vancouver et de Whistler se sont réunis pour présenter, avec le concours du Comité Olympique et du Comité Paralympique du Canada, l’ébauche d’un concept pour l’organisation des Jeux d’hiver de 2030.

Douze ans après avoir accueilli les Jeux d’hiver pour la première fois de son histoire, et avoir contribué à faire revenir la flamme olympique sur le sol canadien après l’édition hivernale de Calgary 1988, la ville de Vancouver et la Colombie-Britannique sont aujourd’hui focalisées sur l’obtention – espérée – des Jeux de 2030.
Pour y parvenir, les autorités locales ont choisi de penser un projet faisant résolument la part belle aux sites déjà utilisés en 2010. Mais surtout, dans un esprit de réconciliation entre les peuples, les élus de Vancouver et de Whistler, ainsi que les leaders du Mouvement Olympique et Paralympique au Canada, ont choisi de laisser les premiers rôles aux représentants des quatre Premières Nations.
Ainsi, et comme l’a rappelé l’étude de faisabilité présentée ce jour :
Comme première étude de candidature des Jeux menée par les peuples autochtones, les Premières Nations hôtes possèdent une voix au même titre de tous ceux autour de la table puisque les activités se déroulent sur leurs territoires traditionnels et ancestraux – de la gouvernance à la planification et à l’accueil des Jeux.
Ce travail respecte les processus et les protocoles autochtones, cherche à obtenir la permission et démontre du respect. Il adhère aux valeurs humaines et familiales communes à tous, avec une réconciliation significative pour tous les peuples et de toutes les cultures.
Concrètement, le concept aujourd’hui proposé prévoit la mobilisation de trois pôles qui se trouvent implantés sur les territoires des Premières Nations précitées et d’autres peuples autochtones.
Ainsi, les célébrations olympiques se tiendraient entre les secteurs de Whistler (territoires Lil’wat et Squamish), Vancouver et la vallée du Bas-Fraser (territoires Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh), et Sun Peaks (territoires d’Adams Lake, Little Shuswap Lake et Neskonlith).

Dans le détail, le pôle de Whistler retrouverait la ferveur des Jeux après avoir accueilli une partie des compétitions en 2010.
Pour l’édition 2030, le Whistler Creekside et le Whistler Ptarmigan se partageraient les épreuves de ski alpin durant les Jeux Olympiques proposés du 08 au 24 février 2030, puis des compétitions de para-ski alpin et de para-snowboard au moment des Jeux Paralympiques (08 au 17 mars 2030).
Le premier site proposé dispose actuellement d’une jauge de 4 000 places, tandis que le second est en mesure de recevoir jusqu’à 3 000 personnes. Des aménagements temporaires permettraient toutefois d’accroître les jauges et ce, au regard de l’attractivité des épreuves alpines parmi les plus populaires de l’événement planétaire.
Le centre de glisse de Whistler serait quant à lui mobilisé – comme en 2010 – pour les épreuves de bobsleigh, de luge et de skeleton, avec une capacité de 4 000 places le long de la piste.
Autre clin d’œil aux JO 2010, les compétitions de biathlon, ski de fond, saut à ski et combiné nordique se tiendraient de leurs côtés au sein du Parc Olympique de Whistler, tout comme les épreuves de para-ski de fond. Trois stades distincts offriraient dès lors une jauge globale de 12 000 places aux futurs spectateurs.
Enfin, toujours dans ce secteur au Nord de Vancouver, les rapporteurs de l’étude de faisabilité envisagent l’implantation d’un Village Olympique et Paralympique annexe, de même qu’un Centre des Médias secondaire qui reste cependant à confirmer.
Concernant spécifiquement le Village des Athlètes, l’étude de faisabilité précise les contours du dispositif envisagé.
Comme mentionné :
Le site proposé pour le Village des Athlètes de Whistler se trouve dans le centre-ville existant sur le territoire traditionnel des Premières Nations Squamish et Lil’wat. Le site appartient à la Municipalité de villégiature de Whistler (RMOW) et est actuellement loué par Tourisme Whistler. La RMOW serait responsable du développement.
Il est prévu d’y inclure des logements abordables pour les travailleurs de la région. Le groupe de travail du Village de Whistler travaille aussi à l’élaboration d’une proposition pour la construction de cette option.

Pour ce qui est de Vancouver, des confirmations ont été annoncées et de nouveaux sites ont par ailleurs été présentés, comme cela fut déjà évoqué ces dernières semaines.
Outre le BC Place Stadium qui redeviendrait l’écrin des Cérémonies d’ouverture et de clôture – exception faite de la clôture des Jeux Paralympiques qui aurait lieu au Hastings Park -, Vancouver mobiliserait le Centre des Congrès pour recevoir le Centre Principal des Médias au sein duquel plusieurs milliers de journalistes et de techniciens pourraient se rassembler pour assurer la parfaite couverture de l’événement olympique et paralympique.
Sur le plan des épreuves, la Rogers Arena (18 000 places) et l’UBC Thundebird Arena (6 000 places) seraient de nouveau consacrées au tournoi de hockey-sur-glace, tandis que l’Anneau de Richmond (6 000 places) serait en toute logique sollicité pour le patinage de vitesse.
Un cluster sportif utilisé en 2010 serait par ailleurs davantage mobilisé pour les Jeux de 2030, bénéficiant en particulier de sa proximité avec le BC Place Stadium et les autres sites de Vancouver.
De fait, le Hastings Park verrait s’établir en son cœur les épreuves de patinage artistique et celles de patinage de vitesse sur piste courte – ou short-track -, avec de nouveau l’utilisation du Pacific Coliseum (15 700 places).
Ce parc serait également l’écrin des épreuves olympiques et paralympiques de curling, avec le PNE Agrodome (3 200 places) qui succéderait dès lors au Hillcrest Center qui en fut hôte durant les JO 2010.
Le choix du Hastings Park – à ce stade de l’examen d’une candidature – s’explique en outre par les opportunités offertes par son implantation géographique et son ouverture sur le reste de la ville. Aussi, l’étude de faisabilité mentionne la possibilité d’installer les spectaculaires épreuves de ski acrobatique et de Big Air face à des tribunes de 8 000 places.
Pour Vancouver, l’esprit des Jeux brillerait par ailleurs au sein d’une place des médailles elle-aussi aménagée au cœur de Hastings Park, avec la promesse d’une communion populaire entre les athlètes auréolés de succès et les spectateurs qui pourraient se rassembler en nombre au PNE Amphitheater qui serait alors en mesure de recevoir jusqu’à 10 000 personnes par séance.
Près de cette Place des Médailles, des espaces de restauration et des boutiques éphémères pourraient également être proposés pendant la durée des Jeux, de même que des concerts et spectacles, le tout afin d’accentuer encore davantage l’esprit festif et populaire de l’événement.
Bien sûr, la participation de Vancouver dans la tenue des Jeux ne saurait être complète sans l’aménagement d’un Village des Athlètes dont la capacité au moment des Jeux Olympiques serait toutefois inférieure à celui de Whistler (1 843 places contre 2 453).
A l’aune de l’étude de faisabilité, le site de Jericho Lands a été jugé comme étant le plus adéquat pour abriter le Village, à environ 7 kilomètres à l’Ouest du Stade Olympique.
Ainsi que l’expose en ce sens ladite étude :
Le Village des Athlètes de Vancouver est proposé pour le site de développement appartenant aux Premières Nations Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh à Jericho Lands, et il serait développé par la MST Development Corporation, un partenariat des trois Premières Nations, avec une capacité de 2 300 lits.
Le groupe de travail du Village de Vancouver élabore une proposition qui comprend un nombre d’unités hors-marché comme héritage pour le logement abordable, les exigences de financement, un calendrier de développement et plus encore.

Du côté de Sun Peaks, l’espoir de participer au retour des Jeux sur le territoire canadien se trouve confirmé par l’étude de faisabilité, contribuant d’une certaine manière au renouvellement de l’offre olympique de Vancouver par rapport au projet déployé il y a douze ans.
Ayant sans nul doute tiré les leçons de l’organisation chaotique de certaines épreuves à Whistler – et plus particulièrement sur le complexe de Cypress Mountain – en 2010, les porteurs du projet ont ainsi décidé cette fois-ci d’inclure les montagnes de Sun Peaks pour accueillir les épreuves de ski acrobatique et de snowboard, comprenant à ce sujet les épreuves de snowboard-cross, ski-cross, slalom géant parallèle et demi-lune, les bosses et les sauts.
Deux sites d’une capacité respective de 4 000 et de 3 000 places seraient mobilisés pour l’occasion.
Afin d’accueillir dans les meilleures conditions les athlètes, dans un secteur situé à plus de 400 kilomètres au Nord-Est de Vancouver, un Village Olympique d’une capacité de 987 places pourrait être aménagé, tout comme une Place des Médailles.
Au sujet du Village, l’étude de faisabilité précise en ces termes le dispositif planifié à ce jour :
On y prévoit un mélange de chambres d’hôtel, d’appartements, de maisons de ville simples et superposées.
Comme c’est le cas pour les autres Villages, le groupe de travail du Village de Sun Peaks travaille à l’élaboration d’une proposition pour bâtir une option qui comprendrait un héritage de logement abordable pour les travailleurs.

Au regard des éléments diffusés ce mardi, les parties engagées dans le projet de candidature olympique et paralympique vont désormais examiner les propositions dans les moindres détails.
Elles vont par ailleurs tâcher d’obtenir le nécessaire soutien institutionnel, de la part de la Province de Colombie-Britannique et surtout de l’État Fédéral qui, en cas de candidature formelle, devrait s’engager sur le plan de la sécurité et, au moins pour partie, des garanties financières indispensables pour crédibiliser plus encore le projet aux yeux du Comité International Olympique (CIO).
Signe que cette question demeure en suspens, aucune projection financière n’a pour l’heure été avancée par Vancouver. Or, même en dépit d’une utilisation maximisée des sites hérités des JO 2010 et de l’optimisation d’infrastructures existantes, il sera impératif de présenter à l’institution de Lausanne (Suisse) un budget de financement susceptible de couvrir l’ensemble des coûts prévisionnels.
Il faut sans doute comprendre dans l’absence d’information budgétaire que les porteurs du projet souhaitent, dans un premier temps, au cours des prochaines semaines, convaincre l’opinion publique de la solidité d’un projet conçu dans un esprit d’unité et de réconciliation avec les peuples autochtones qui, comme ils l’ont déjà indiqué, furent invités des Jeux de 2010 alors qu’ils pourraient demain être hôtes des Jeux de 2030.
Dans un second temps, courant juillet 2022 – et si l’adhésion populaire s’envole, contrairement à aujourd’hui – viendra ensuite la présentation des conditions financières, avec la volonté réaffirmée de proposer un concept durable, répondant tout à la fois aux nouveaux impératifs de sobriété économique, que de gestion du carbone et de réduction de l’incidence climatique d’un événement majeur de la dimension des Jeux d’hiver.
Une pensée