JO 2030 : La défiance populaire gagne du terrain à Sapporo

En suspens afin de repenser la stratégie globale de développement de son concept à l’aune des révélations entourant les Jeux de Tokyo 2020, la candidature de Sapporo 2030 connaît une sérieuse défaillance au niveau de l’adhésion populaire, 33% seulement des habitants de la cité nippone soutenant aujourd’hui le projet.

Vue du Sapporo Okurayama Ski Jump Stadium (Crédits – Sapporo Okurayama Ski Jump Stadium Official Website)

A la croisée des chemins.

En prenant récemment la décision de freiner la promotion de son projet de retour des Jeux d’hiver sur le sol nippon, Sapporo – épaulée par le Comité Olympique du Japon (JOC) – espérait sans doute pouvoir se laisser le temps nécessaire pour repenser un concept actuellement parasité par le scandale de corruption concernant les Jeux de Tokyo 2020. En ligne de mire, et au-delà d’un travail conjoint visant à refondre les conditions d’établissement des projets sportifs d’envergure, la candidature souhaitait en particulier regagner la confiance de la population locale.

Or, à en croire un sondage téléphonique réalisé entre le 16 et le 18 décembre 2022, et publié ce week-end par le quotidien « Hokkaido Shimbun », la défiance populaire s’installe, l’opposition à la candidature enregistrant ainsi un gain de 10 points par rapport à une précédente enquête.

De fait, 67% des habitants de Sapporo se prononcent aujourd’hui contre la candidature de leur ville à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2030, tandis que 33% demeurent attachés au développement d’une telle entreprise. Dans le périmètre de la Préfecture de Hokkaidō, le taux d’adhésion est légèrement plus élevé (39%) mais les opposants se détachent nettement (61%).

Cet accroissement du rejet populaire s’explique en partie par les répercussions de la crise sanitaire liée au Covid-19, mais aussi par les révélations autour de Tokyo 2020.

Ainsi, 48% des habitants de Sapporo estiment que des politiques publiques davantage tournées vers leurs préoccupations quotidiennes (logement, emploi, santé, etc.) devraient être engagées, lorsque 23% affirment être opposés à la candidature en raison de l’image dégradée des Jeux après Tokyo 2020.

Récemment réévalué à la hausse pour tenir compte de l’inflation – après une baisse conséquente actée en 2021 destinée à rassurer l’opinion publique – le coût de l’organisation des Jeux de 2030 est également l’une des raisons expliquant cette hausse sensible du taux d’opposition. Sur ce point, l’héritage de Tokyo 2020 est évidemment à prendre en considération, les dépenses liées à la tenue de l’événement planétaire ayant connu une inflation continue dès 2013, année de désignation de la Ville Hôte, et ce, indépendamment des surcoûts consécutifs à la crise sanitaire.

Cette tendance défavorable à la candidature de Sapporo 2030 est par ailleurs confirmée par un autre sondage, également conduit par « Hokkaido Shimbun », mais cette fois-ci sur Internet.

A l’échelle locale, 68% des habitants de Sapporo se déclarent ainsi opposés à la candidature, tandis que 27% seulement se disent favorables à la poursuite du projet. A l’échelle régionale, ce sont 62% des habitants de la Préfecture qui se montrent réticents à cette poursuite, alors que 32% soutiennent encore l’ambition olympique et paralympique de la Ville Hôte des JO 1972.

Ces données chiffrées – dont la publication survient au plus mauvais moment pour Sapporo – devraient à n’en pas douter être analysées par les porteurs de la candidature, d’autant plus lorsque l’on sait que ces derniers entendent consulter la population plus tard dans le courant de l’année 2023.

Vue des pistes de Sapporo Teine (Crédits – Sapporo Snow Resort City Website)

Plus que jamais, la candidature apparaît aujourd’hui dans une impasse, alors même qu’elle faisait figure de grande favorite l’an passé. Sans rebond rapide auprès de l’opinion publique, le projet pourrait dès lors péricliter, ce qui ferait certainement les affaires de Salt Lake City (Utah, États-Unis) où le soutien populaire atteint à l’inverse des sommets (79%).

Bien qu’hésitante à se focaliser uniquement sur l’échéance de 2030 – en raison du possible impact sur sa stratégie marketing avec la proximité des Jeux d’été de Los Angeles 2028 – la Ville Hôte des JO 2002 s’est d’ailleurs récemment montrée disponible pour recevoir à nouveau l’événement selon le calendrier qui sera jugé le plus adéquat par le Comité International Olympique (CIO) au regard des discussions menées avec les territoires intéressés.

Pour l’institution de Lausanne (Suisse) en revanche, la possible – voire désormais probable – sortie de piste de Sapporo constituerait un revers évident et ce, après avoir révisé la procédure des candidatures pour offrir davantage de souplesse aux prétendants, et surtout après avoir remis les compteurs à zéro concernant le processus décisionnel pour l’attribution des JO 2030.

Si le report de l’ambition nippone en direction d’une édition future est toujours envisageable (2034-2038), le niveau d’adhésion populaire et, par effet miroir, le niveau de défiance, seront des éléments susceptibles d’impacter durablement la perspective d’une candidature, éliminant de facto un territoire sur lequel espère encore pouvoir s’appuyer le CIO dans les années à venir.

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