Imaginé par la société privée Aerial Rapid Transit Technologies LLC (ARTT) dans l’optique des Jeux d’été de Los Angeles 2028, et afin d’offrir un mode de transport alternatif pour rejoindre le parvis de l’emblématique Dodger Stadium, le projet de téléphérique urbain rencontre actuellement des difficultés, entre craintes d’une partie des riverains et prise de position redoutée de la nouvelle Maire de Los Angeles (Californie, États-Unis).

Au moment de sa présentation en 2018, le projet de téléphérique urbain pour la desserte du Dodger Stadium avait suscité l’enthousiasme du Maire de Los Angeles de l’époque, Eric Garcetti, fervent partisan de vastes chantiers destinés à accroître la place des transports en commun dans une ville où les déplacements individuels demeurent massifs.
Il faut dire que le projet promettait alors l’acheminement de quelques 5 000 passagers par heure, dans les deux sens de circulation, soit 30 à 40 personnes par télécabine, entre la gare Union Station – point de passage de trois lignes de métro – et le parvis de l’iconique stade de baseball de la “Cité des Anges”.
Porté par une société privée – appartenant à l’ancien propriétaire de la franchise des Dodgers, Frank McCourt – le projet avait par la suite obtenu l’approbation de l’instance chargée de superviser la gestion des transports régionaux, la Los Angeles County Metropolitan Transportation Authority, plus communément dénommée, METRO.

Néanmoins, au cours des dernières années, des craintes et des critiques ont peu à peu été formulées par une partie des riverains et des associations, notamment dans le secteur de Chinatown, inquiets face à la perspective que la mise en œuvre du projet ne contribue in fine à une inflation des prix de l’immobilier.
D’autres se sont aussi mobilisés contre le fait qu’une société privée puisse piloter un projet perçu comme une attraction touristique et non comme une solution fiable et pérenne pour le transport quotidien.
Des doutes ont également été soulevés quant au respect des procédures administratives entre METRO et la société de Frank McCourt.
Aussi, pour essayer de dissiper les craintes portant en particulier sur le volet environnemental et économique, ladite société s’est engagée l’été dernier à transférer l’application du projet et la recherche de financements à l’organisation Climate Resolve qui conduit des actions en lien avec la question climatique dans la région de Los Angeles.
Aujourd’hui cependant, deux menaces principales planent sur le devenir du projet.
Récemment portée à la tête de la Mairie de Los Angeles, Karen Bass, pourrait être soucieuse de retoquer tout ou partie du concept. Connue pour ses engagements en faveur du mal-logement, l’élue démocrate pourrait en effet voir d’un mauvais œil un projet susceptible d’impacter le marché local de l’immobilier dans une ville où les prix sont déjà parmi les plus élevés des États-Unis et même au-delà. Surtout, et à l’instar de son prédécesseur qui siégeait au Conseil d’administration de METRO, Karen Bass pourrait jouer un rôle déterminant concernant la mise en œuvre des grands chantiers de l’instance publique des transports de Los Angeles.
En outre, une décision de justice est attendue dans le courant du printemps 2023 et ce, suite à un recours déposé ces derniers jours par le groupement California Endowment, demandant l’abandon du projet tel que présenté jusqu’à ce jour.
Du côté des soutiens au téléphérique urbain, la promesse d’un mode de transport alternatif est encore mise en avant pour défendre le bien fondé du projet.
Ainsi que l’a exprimé en ce sens Jonathan Parfrey, Directeur Exécutif de Climate Resolve :
Les habitants de Los Angeles ont soif de solutions de transport à zéro émission qui réduisent le trafic, réduisent la pollution de l’air, et améliorent l’accessibilité dans certains de nos quartiers les plus embouteillés.
Nous continuerons à travailler en partenariat avec les membres de la communauté locale et avec toutes les parties prenantes pour faire aboutir ce projet innovant.

Si le calendrier initialement évoqué est désormais obsolète, l’optique des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2028 pourrait redonner un coup de fouet pour l’installation effective du téléphérique urbain, à la condition bien sûr d’un accord de l’ensemble des acteurs en présence.
Le Dodger Stadium pourrait en effet être l’une des pièces maîtresses de l’édition estivale, d’autant plus en considérant que le baseball / softball est aujourd’hui l’un des sports candidats pour intégrer le programme des Jeux de 2028.
La popularité de ce sport aux États-Unis et la disposition du stade offrant une vue imprenable sur la “Cité des Anges” et ses alentours sont d’ailleurs d’indéniables arguments pour les partisans de ce retour sur la scène olympique, après la présence additionnelle du baseball / softball aux Jeux de Tokyo 2020.