Jeux d’hiver : Le CIO confirme l’intérêt de six pays

Avec les évolutions portées ces dernières années au processus de sélection des futurs hôtes des Jeux, le Comité International Olympique (CIO) entend favoriser un dialogue continu avec les prétendants, sans pour autant officialiser le nombre de candidats pour une échéance prédéfinie.

Vue de la Maison Olympique à Lausanne, avec au loin, le Lac Léman et les Alpes (Crédits – IOC / Adam Mork)

Soucieux de préserver le modèle olympique et d’en assurer la pérennité, à la fois dans la dimension des Jeux d’été comme des Jeux d’hiver, le CIO a engagé de vastes réformes visant à établir des projets plus sobres et durables, avec également la volonté d’accroître les discussions avec les possibles candidats.

De fait, à l’aune de l’Agenda 2020, de l’Agenda 2020+5, et de la Nouvelle Norme, le processus de sélection du futur hôte se veut aujourd’hui largement accessible, avec l’opportunité offerte aux Comités Nationaux Olympiques (CNO) d’échanger avec le CIO pour jauger la capacité d’une ville ou d’un territoire à prétendre à l’accueil de l’événement planétaire et ce, sans avoir à justifier d’une échéance particulière.

Grâce à cette refonte globale du processus – qui a laissé place aux phases de dialogue continu et ciblé en lieu et place des phase de requérance et de candidature – l’institution olympique peut aujourd’hui compter sur l’intérêt de six pays à travers le monde pour l’obtention d’une prochaine édition des Jeux d’hiver, que ce soit pour 2030, 2034 ou même 2038.

Sans dévoiler l’identité desdits pays, le CIO a précisé ce jour – par l’intermédiaire de son Directeur Exécutif des Jeux – que cinq d’entre eux étaient engagés dans un dialogue continu tandis qu’un sixième a pour l’heure fait part d’un intérêt sans pour autant avoir franchi le pas d’une discussion plus poussée.

Ainsi que l’a exposé Christophe Dubi dans un propos rapporté par le site confrère “GamesBids” :

Ils sont très clairs sur leur intérêt pour une future édition des Jeux, mais ils sont également en dialogue continu car nous discutons ici des éléments stratégiques.

Tous le sont, sauf un sixième pays qui n’a pas encore fait de déclaration formelle mais qui nous parle. Le nombre [de pays intéressés] est vraiment six.

Dans la foulée de ce propos, le Président de la Commission de Futur Hôte, Octavian Morariu, devrait apporter des précisions quant à la nature des discussions et au degré d’avancement de celles-ci et ce, à l’occasion de la réunion de la Commission Exécutive du CIO prévue ce mercredi 22 juin 2023.

Quoiqu’il en soit, plusieurs territoires peuvent à ce stade être identifiés au regard des développements relevés ces dernières années.

Vue de la vasque rénovée des Jeux d’hiver de Salt Lake City 2002 (Crédits – University of Utah)

Salt Lake City (Utah, États-Unis) est à n’en pas douter la première ville à avoir démontré un grand intérêt pour l’accueil d’un nouveau rendez-vous olympique.

Dès 2012, la Ville Hôte des JO 2002 avait en effet esquissé un projet qui s’est peu à peu matérialisé au fil des ans pour finalement être sélectionné comme candidat américain par le Comité Olympique et Paralympique des États-Unis (USOPC) à compter de décembre 2018. Depuis, Salt Lake City n’a eu de cesse que d’apporter des preuves de considération à l’égard du Mouvement olympique, notamment avec la mise en avant des sites existants pour partie hérités des Jeux de 2002 et plus encore, d’un soutien populaire au zénith flirtant ou dépassant la barre des 80% conjugué à un appui institutionnel sans faille.

Si l’échéance de 2030 a d’abord été perçue comme une priorité pour Salt Lake City, l’édition de 2034 est désormais privilégiée compte-tenu de la proximité calendaire des Jeux d’été de Los Angeles 2028 et de la possible interférence que cela pourrait causer sur le plan des partenariats stratégiques.

Vue du Sapporo Okurayama Ski Jump Stadium (Crédits – Sapporo Okurayama Ski Jump Stadium Official Website)

Sapporo (Japon) avait elle-aussi fait son entrée sur la piste relativement tôt, misant initialement sur l’édition de 2026 avant de se rétracter et de se positionner sur 2030 en raison des conséquences d’un séisme survenu en 2018.

Dans l’ombre de sa rivale américaine, la Ville Hôte des JO 1972 avait ensuite pu profiter de l’image de marque des Jeux d’été de Tokyo 2020, avant que ces derniers ne viennent entacher la propre image de Sapporo.

Aussi, en tenant compte des révélations de corruption entourant l’édition nippone de 2020 – organisés à l’été 2021 par suite de l’épidémie de Covid-19la candidature aux Jeux d’hiver s’est retrouvée particulièrement affaiblie, tant dans l’opinion publique qu’au niveau du Comité Olympique du Japon (JOC).

Ce dernier a d’ailleurs clairement fermé la porte à toute candidature pour 2030, encourageant désormais le développement d’un potentiel projet pour 2034 ou pour une édition ultérieure.

Vue de Vancouver, Canada (Crédits – City of Vancouver)

Pour Vancouver (Colombie-Britannique, Canada), le mystère demeure entier.

Timidement intéressée au départ, la Ville Organisatrice des JO 2010 avait peu à peu montré un autre visage et une volonté plus affirmée de retrouver les anneaux olympiques. Mais si un concept a pu être présenté aux pouvoirs publics – avec la participation des quatre Premières Nations dans une configuration inédite jusqu’alors – l’appui des autorités a tardé à se faire jour.

Concrètement, bien que la Ville de Vancouver se soit positionnée en faveur des Jeux, la Province de la Colombie-Britannique a en revanche balayé l’idée de fournir les garanties financières nécessaires au maintien de la candidature canadienne et ce, sans attendre l’avis du gouvernement fédéral.

Aujourd’hui, difficile de savoir si Vancouver reste dans une phase de dialogue continu avec le CIO ou si les discussions sont rompues. Là-encore, la nouvelle mouture du processus de sélection du futur hôte permet d’envisager que le Canada reste dans la course, de façon moins exposée, avec la perspective de viser à présent l’édition de 2034 voire de 2038. Rien n’est à exclure.

Vue du domaine skiable de Baqueira Beret dans le Val d’Aran, Espagne (Crédits – Catalunya Experiance / Marc Gasch)

Autre prétendante qui a pu se faire jour au cours des années écoulées, l’Espagne demeure une incertitude, même si les portes d’une candidature pour les Jeux d’hiver semblent s’être refermées après le retrait de la candidature de Pyrénées-Barcelone, entre l’Aragon et la Catalogne.

Il faut dire qu’en établissant un projet pour l’édition hivernale des Jeux, l’Espagne a d’abord pu surprendre le CIO qui garde en mémoire non pas l’expérience du pays dans les sports d’hiver, mais davantage l’organisation de Barcelone 1992, et de surcroît les bénéfices à long terme générés par la tenue des Jeux au début des années 1990 avec en particulier la transformation urbaine opérée dans la cité catalane.

Visant l’édition de 2022 puis un temps intéressée par 2026, Barcelone a par la suite formalisé une candidature conjointe avec l’Aragon et une partie de la chaîne pyrénéenne pour les Jeux de 2030.

Néanmoins, les querelles inter-régionales propres à l’Espagne – avec aussi la perception de la Catalogne et de l’hégémonique Barcelone – ont peu à peu apporté la preuve d’une faiblesse structurelle au projet, conduisant in fine le Comité National Olympique (COE) à retirer la candidature en 2022.

La Suisse n’a plus accueilli les Jeux depuis 1948 (Crédits – Swiss Olympic)

Dernièrement, deux pays européens ont montré un intérêt plus ou moins affirmé pour les Jeux d’hiver avec, pour le CIO, la satisfaction de pouvoir dialoguer avec deux des nations emblématiques de l’histoire et de la culture des sports d’hiver, à savoir la Suisse et la Suède.

Toutes deux restent sur de sérieux revers dans la course à l’obtention des Jeux, que ce soit au cours du XXe siècle ou dans le cadre de récents processus, notamment 2022 et 2026.

Dès lors, et dans une volonté d’apaisement et de construction d’un possible projet susceptible de convaincre à présent le CIO, des réflexions ont été menées et sont en cours en Suisse et en Suède.

Pour la première, aucune échéance particulière n’est envisagée. Swiss Olympic cherche simplement à ce stade à définir les conditions pouvant conduire à une nouvelle candidature dans une configuration pouvant reposer sur une alliance de plusieurs Cantons.

Pour la seconde, 2030 est ici clairement évoqué. L’étude préliminaire amorcée en février dernier a amené à la publication d’un Rapport final la semaine passée, incluant la révélation d’options de sites sportifs destinés à héberger les compétitions.

Dans les deux cas, la perception des Jeux par l’opinion publique devra évoluer par rapport à la situation constatée sur les candidatures avortées. L’appui des autorités locales et nationales est également un point de possibles crispations qu’il sera nécessaire d’affronter avec détermination.

A l’heure actuelle, la Suède semble avoir pris une certaine option, avec un soutien populaire retrouvé et une connexion déjà établie avec les pouvoirs publics en vue de mettre en œuvre une candidature parfaitement concurrentielle.

(Crédits – Erik G Svensson / Stockholm-Åre 2026)

Ailleurs dans le monde, d’autres candidats peuvent avoir l’intention de se déclarer ou, tout du moins dans un premier temps, de sonder le CIO sur les tenants et les aboutissants d’une telle entreprise au regard des réformes engagées par l’institution.

Récemment, Guy Drut, membre français du CIO, encourageait ainsi une alliance des Alpes du Nord et des Alpes du Sud pour incarner le cas échéant une candidature tricolore.

Si 2030 semble constituer une fenêtre de tir trop étroite – tout comme 2034 si l’on regarde les prétendants déjà en piste pour ces deux années olympiques – 2038 pourrait apparaître comme une option intéressante pour espérer permettre un retour des Jeux d’hiver dans l’Hexagone après la célébration des Jeux d’Albertville 1992.

Du côté de l’Asie – devenue ces dernières années une véritable place forte pour le développement des sports d’hiver – de nouvelles candidatures ne sont pas à exclure, notamment avec la Chine qui reste désireuse d’affirmer sa puissance par le sport après l’organisation des Jeux de Pékin 2008 puis de Pékin 2022.

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