En pleine réflexion autour des conditions pour une nouvelle candidature olympique et paralympique, et en tenant compte des échecs passés et de l’expérience événementielle de chacun, la Suisse pourrait faire le choix d’un projet reposant sur l’alliance de plusieurs Cantons.

La course aux Jeux d’hiver de 2030 aura jusqu’à présent connu une série de rebondissements.
Du statut d’ultra-favorite de Salt Lake City (Utah, États-Unis) à l’affirmation puis à la chute de Sapporo (Japon) en passant par la désillusion de Vancouver (Colombie-Britannique, Canada), mais encore au retrait de l’alliance régionale Aragon-Catalogne (Espagne), puis à l’émergence d’un possible projet suédois, le Comité International Olympique (CIO) est passé par toutes les émotions avant de prendre la décision de renverser la table du processus de sélection en décembre 2022.
Une façon pour l’institution de Lausanne (Suisse) de permettre aux candidats déclarés d’affiner leur projet respectif et une manière de sauvegarder les chances des projets affaiblis ces derniers mois. Une façon surtout d’envisager l’entrée sur la piste de nouveaux prétendants.
A ce jeu-là, la Suède a su tirer profit de ce rallongement du processus et pourrait aujourd’hui s’imposer comme une alternative crédible, d’autant plus lorsque l’on sait que Salt Lake City préférerait davantage décrocher les anneaux olympiques pour 2034 en raison de la proximité calendaire – et de la concurrence sur le plan du marketing – avec l’édition estivale de Los Angeles 2028.
Bien sûr, les jeux ne sont pas encore faits, et les mois à venir pourraient encore réserver des surprises. Toutefois, Stockholm semble avoir retenu les leçons des candidatures infructueuses, notamment celle pour l’échéance de 2026, en travaillant avec rigueur sur l’établissement d’un projet susceptible de recueillir l’assentiment des autorités et le soutien populaire.

En Europe toujours, un autre pays connu pour être l’un des berceaux des sports d’hiver pourrait suivre la même trajectoire stratégique, à savoir la Suisse.
Les autorités olympiques helvètes ont en tout cas annoncé en mars dernier leur intention d’étudier les conditions d’une nouvelle candidature, fortes du succès des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) de Lausanne 2020 et soucieuses de jauger les effets des réformes menées ces dernières années par le CIO.
De fait, la Suisse pourrait prochainement être en mesure de proposer un projet olympique et paralympique concurrentiel, 75 ans après la tenue de “ses” derniers Jeux d’hiver à St-Moritz en 1948.
Mais, plus encore que pour les candidatures engagées au cours des années passées, notamment pour les éditions 2022 ou 2026, un projet helvète pourrait cette fois-ci réellement prendre l’apparence d’une alliance entre plusieurs Cantons et ce, dans le but de mutualiser les moyens et d’optimiser les coûts d’organisation.
Comme le relève en ce sens le quotidien “24 heures” dans son édition du week-end, ces 10 et 11 juin 2023 :
Toutes les candidatures suisses au grand raout hivernal ont échoué depuis septante ans, mais le pays pourrait retenter le coup de façon plus “globale” et utiliser les infrastructures déjà en place, de Zurich à Crans-Montana, en passant par Engelberg et, donc, les Grisons.
La Confédération helvète aura l’expérience de nombreux Mondiaux d’ici-là (hockey, VTT, ski alpin, biathlon, etc.) et comme, dans le coin, la capacité hôtelière n’est pas un problème, la chose semble cohérente.
Pour 2022, les Grisons avaient été retenus par Swiss Olympic avant de subir les foudres de la votation citoyenne. Le même sort avait été réservé à la candidature de Sion et du Canton du Valais quelques années plus tard, pour 2026, avec en amont, encore un rejet de l’ambition grisonne.

Si les Cantons pourraient in fine être favorables à une telle alliance stratégique – comme ce fut le cas en Italie avec l’attelage entre les Régions de Lombardie, du Trentin-Haut-Adige et de la Vénétie autour de Milan-Cortina 2026 – la question de la consultation populaire ne saurait être écartée.
Comme pour tout projet de cet envergure de l’autre côté des Alpes – qui nécessitera des fonds publics même dans une proportion minime – les citoyens des Cantons concernés par une possible candidature devront immanquablement être appelés aux urnes.
Aussi, le rejet sur l’un des Cantons en course entraînerait par ricochet la chute d’une candidature dans son ensemble, sauf à envisager une relocalisation des points de compétitions mais toujours en tenant compte des exigences techniques pour accueillir les épreuves et les athlètes.
Dès lors, au-delà de l’étude des conditions d’une nouvelle candidature, Swiss Olympic devra être à la pointe de l’argumentation pour effectuer un travail de pédagogie en amont du processus de votation et ce, avec pour finalité de convaincre une majorité de citoyens du bien fondé d’une candidature pour un territoire expérimenté et passionné par les sports d’hiver.
Le CIO aura aussi son rôle à jouer.
Que ce soit d’ailleurs avec la Suisse ou avec tout prétendant actuel ou futur, l’application et les retombées des réformes destinées à apporter plus de souplesse aux hôtes des Jeux devront être pleinement exposées. Et cela, tant à l’égard de l’opinion publique que des autorités des pays concernés.