Engagé dans une étude préliminaire pour, le cas échéant, présenter une candidature olympique et paralympique pour l’organisation des Jeux d’hiver de 2030, le Comité Olympique Suédois (SOK) a récemment dévoilé les résultats d’une large consultation. Si l’adhésion populaire se révèle en forte hausse, elle est toutefois conditionnée à certains critères-clés qui devront immanquablement transparaître dans les conclusions de l’étude en cours.

Un peu plus de deux mois après le lancement d’une étude préliminaire pour potentiellement soumettre un nouveau projet olympique et paralympique de Stockholm et de plusieurs villes et territoires de Suède, les parties engagées ont pu faire un bilan intermédiaire des travaux menés et ce, alors que les conclusions sont attendues pour le 1er juillet 2023 au plus tard.
De fait, à l’initiative du SOK, mais également du Comité Paralympique Suédois (SPK), et de la Confédération Nationale des Sports (RF), pas moins de dix groupes de travail avec une trentaine de représentants des instances précitées ont été installés depuis la conférence de presse annonçant l’étude préliminaire, le 08 février dernier.
Au cours des semaines écoulées, ces structures ont dès lors pu conduire à bien plus d’une centaine de réunions avec des représentants d’associations et de clubs sportifs, de partis politiques, ainsi que d’entreprises ou de mouvements issus de la société civile, le but étant de parvenir à établir une étude préliminaire retenant les leçons des candidatures passées et traçant surtout les perspectives de développement d’un projet vertueux sur le plan des finances et de la durabilité.
Aussi, alors que les autorités sportives suédoises ont d’ores et déjà fait savoir qu’une possible candidature ne reposerait le cas échéant que sur des installations sportives existantes ou temporaires – avec une probable alliance stratégique avec la Lettonie -, deux prochains rendez-vous institutionnels devraient permettre de dévoiler quelques points de l’étude, avec d’abord la réunion annuelle du SPK programmée le 13 mai 2023, puis le Congrès national des sports attendu du 26 au 28 mai.

Avant ces prochains points d’étapes cruciaux, les porteurs de l’étude préliminaire ont récemment présenté les résultats d’une large consultation pilotée plus tôt ce mois-ci par l’institut Kantar Public auprès de 3 300 personnes*.
Ces résultats apportent des enseignements intéressants dans la mesure où ils témoignent finalement de l’orientation globale que souhaite donner le SOK pour insuffler la mise en œuvre d’une candidature aux JO 2030.
Concrètement, à la question de savoir si la Suède devrait candidater dans le cas où l’étude conclurait à la possibilité de bâtir des Jeux durables, démocratiques et économiquement responsables, 69% des personnes interrogées ont répondu par l’affirmative, 33% exprimant dans le détail un avis très positif et 36% exprimant un avis plutôt positif. A l’inverse, 21% des sondés s’opposent à la perspective d’une candidature dans ces conditions.
Dans une certaine continuité quant aux principes évoqués dans la première question, 89% des sondés estiment, indépendamment de leur opinion sur une candidature, que la Suède pourrait relever le défi d’organiser des Jeux durables et démocratiques, ou autrement dit, responsables et inclusifs.
Dans une autre question posée, avec toujours une suggestion poussée, 74% des personnes interrogées voient d’un bon œil le fait qu’un projet olympique et paralympique puisse être développé sans nouvelle construction sportive pérenne.
L’expérience d’accueil de grands événements sportifs dans le pays est également très appréciée par les sondés, 80% des personnes interrogées ayant ainsi une bonne opinion de l’organisation régulière de manifestations d’envergure.
Enfin, sur la question – capitale – du financement des Jeux, 74% des sondés sont favorables à un engagement de Jeux exclusivement financés par la contribution du Comité International Olympique (CIO), les revenus commerciaux et les partenariats d’entreprises.

Cette série de questions – certes plus ou moins orientées – diffère grandement d’une précédente enquête menée dans la foulée de l’annonce du lancement de l’étude préliminaire.
En février dernier, 48% des Suédois se disaient ainsi opposés à l’idée de voir leur pays accueillir les Jeux d’hiver en 2030, tandis que 37% soutenaient cette éventualité, la défiance étant alors marquée parmi toutes les catégories d’âge, exception faite des 18-35 ans où 51% avaient exprimé une opinion favorable à l’accueil des Jeux dans le pays.
Le SOK et ses alliés l’ont en tout cas bien compris : l’émergence et le développement d’une candidature aux Jeux devront se faire avec l’appui de la population. Cet impératif au succès du projet devra de surcroît se conjuguer avec le soutien institutionnel de la part des autorités locales et nationales.
En présentant les résultats de l’enquête menée par Kantar Public, les porteurs d’une candidature entendent dès lors démontrer que les Suédois peuvent s’engager derrière un projet qui serait respectueux de valeurs démocratiques et vertueux sur le plan de l’environnement et dans le domaine économique.
Quoiqu’il en soit, la Suède est plus que jamais attendue au tournant par le CIO.
Après avoir quitté la course aux JO 2022, puis après avoir été battue par Milan-Cortina 2026 pour l’édition hivernale 2026 – en raison notamment d’incertitudes sur la solidité du dispositif proposé, avec en outre une faiblesse de l’adhésion populaire et un soutien institutionnel tardif – le pays doit aujourd’hui être en pleine capacité de construire et d’affirmer une candidature qui pourrait in fine consacrer l’expertise suédoise dans le domaine des sports d’hiver.
Surtout, le CIO espère pouvoir compter sur un projet susceptible de pouvoir répondre aux exigences d’une organisation des Jeux pour 2030, Sapporo (Japon) étant désormais dans une posture de repli et Salt Lake City (Utah, États-Unis) étant, sur le principe, davantage intéressée par l’édition 2034.