Au moment où le Comité Olympique de Suède (SOK) s’engage dans la réalisation d’une étude préliminaire en vue d’une candidature aux Jeux d’hiver de 2030, le gouvernement suédois se montre quant à lui prudent, soucieux de ne pas brûler les étapes et préférant attendre les conclusions de ladite étude avant de se prononcer officiellement.

Pas à pas. Une candidature aux Jeux Olympiques et Paralympiques est une entreprise complexe à mettre en place, pilotée par le Mouvement sportif du pays désireux de recevoir sur son territoire l’événement planétaire, avec l’appui indispensable des pouvoirs publics qui contribuent in fine à sécuriser le projet.
Si la promesse de Jeux peu dispendieux revient régulièrement, avec aussi l’engagement du secteur privé aux côtés des Comités de Candidature, puis d’Organisation, l’État et, en cascade, les Collectivités Territoriales susceptibles de recevoir les épreuves sportives, sont en effet des soutiens cruciaux. Au-delà de l’apport de garanties financières et d’une certaine crédibilité, les pouvoirs publics fournissent également des moyens administratifs et logistiques essentiels, notamment afin de permettre une accélération des chantiers, tout en coordonnant la livraison des infrastructures selon le calendrier prévisionnel.
Aussi, en annonçant en milieu de semaine l’établissement d’une étude préliminaire en vue d’une possible candidature aux JO 2030, le Comité Olympique de Suède a certainement mesuré l’autre défi qui se présentait à lui, à savoir l’impératif de convaincre les autorités locales et nationales.

A ce stade du processus conduit par le SOK, avec aussi la participation du Comité Paralympique de Suède (SPK) et de la Confédération Nationale des Sports (RF), le gouvernement suédois affiche en tout cas une certaine prudence, le Premier Ministre ayant en particulier fait savoir qu’il attendait les conclusions de l’étude préliminaire avant de se prononcer de manière officielle.
Comme l’a de fait exposé Ulf Kristersson (Parti Modéré de Rassemblement) dans une déclaration reprise par le quotidien “Göteborgs-Posten” :
Nous sommes informés et, tout comme le SOK, attendons avec impatience une analyse pour savoir s’il existe de bonnes conditions ou non.
Nous sommes nombreux à aimer les Jeux Olympiques, mais personne ne veut tirer de conclusions hâtives.
L’économie a presque toujours été une raison de poids pour ne pas s’engager dans la course aux Jeux Olympiques, et il est certain qu’elle restera un argument. Il y a par ailleurs des signes qui indiquent qu’il est possible de rendre les Jeux moins chers de nos jours que par le passé.
Du côté de l’Hôtel de Ville de Stockholm, la prudence est également de mise, les autorités ayant sans nul doute à l’esprit le souvenir de l’échec de la dernière candidature, menée pour les Jeux de 2026, sans compter les déconvenues passées du pays.
Ainsi que l’a affirmé la Conseillère aux Finances de la capitale, Karin Wanngård :
C’est bien que le Mouvement sportif examine collectivement la question [d’une candidature]. Si Stockholm peut aider sur l’étude préliminaire, nous serions bien sûr ravis d’être utiles à cela.
La question de savoir comment Stockholm aborde les Jeux Olympiques ne pourra devenir pertinente que lorsque le gouvernement aura présenté sa position.

En 2018-2019, au moment où la Suède était candidate aux Jeux d’hiver de 2026, le soutien gouvernemental s’était fait attendre, jusqu’aux derniers mois avant l’élection olympique qui consacra finalement le projet concurrent de Milan-Cortina (Italie).
La prudence alors affichée par le gouvernement dirigé à l’époque par Stefan Löfven (Parti Social-Démocrate des Travailleurs, SAP), résidait surtout sur la question de la répartition des rôles et des responsabilités et, de facto, des moyens financiers à convenir pour sécuriser le dispositif olympique et paralympique.
Les porteurs de la candidature avaient en retour affirmé et réaffirmé leur intention de financier les Jeux grâce à des ressources privées en complément de la contribution du Comité International Olympique (CIO).

A l’époque, le projet de Stockholm-Åre 2026 reposait sur un budget prévisionnel de 13,14 milliards de couronnes suédoises, soit 1,26 milliard d’euros, limitant la participation des pouvoirs publics sur des secteurs bien déterminés, comme celui – stratégique – de la sécurité.
Le Comité de Candidature avait à ce sujet estimé que le coût sécuritaire de l’événement pouvait être compensé par les recettes issues de taxes perçues durant les Jeux grâce à l’afflux de visiteurs dans le pays.
Quelques années auparavant, entre 2013 et 2014, la Ville de Stockholm elle-même avait difficilement abordé la problématique d’une candidature aux Jeux d’hiver de 2022. Les tergiversations municipales avaient in fine conduit le Maire de la ville à renoncer à soutenir ladite candidature, précipitant dès lors le retrait de cette dernière.