Se préparant depuis maintenant plusieurs années, l’Inde a officiellement fait acte de candidature pour l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2036.

Profitant de l’ouverture de la 141e Session du Comité International Olympique (CIO) organisée à Bombay jusqu’au 17 octobre inclus, le Premier Ministre indien a annoncé la candidature de son pays pour l’accueil des JO 2036.
Ainsi que l’a notamment affirmé Narendra Modi face au ban et à l’arrière ban du Mouvement olympique :
L’Inde ne négligera aucun effort pour organiser les Jeux en 2036.
C’est le rêve et l’aspiration séculaire de 1,4 milliard d’habitants.
Ce rêve doit être construit avec votre coopération et votre soutien.
Pour le pays le plus peuplé de la planète selon les chiffres révélés plus tôt cette année, l’ambition d’accueillir les Jeux ne date pas d’hier, bien au contraire.
Néanmoins, les dernières tentatives ont toutes été retoquées après des discussions menées en haut lieu entre les représentants du CIO et les dirigeants de l’Inde, discussions faisant alors apparaître des fragilités dans la capacité du pays à relever ce défi colossal. Ce fut ainsi le cas en avril 2015 après que le pays ait un temps envisagé une candidature pour les JO 2024.
Désormais, l’Inde entend créer un élan et les conditions nécessaires à la mise en œuvre d’un projet qui devrait en grande partie reposer sur Ahmedabad et l’État du Gujarat.
Depuis plus de deux ans, des études sont d’ailleurs réalisées in situ pour déterminer le cadre adéquat à la célébration des Jeux au sein du Narendra Modi Stadium fort de 110 000 places et autour duquel doit être édifié un vaste complexe multi-sports de plus de 95 hectares.
En juillet dernier, une étape cruciale a par ailleurs été franchie, avec la mission de conceptualiser le projet confiée entre les mains du cabinet d’architectes de renommée mondiale, Populous. Cet été encore, le Ministre indien de la Jeunesse et des Sports avait clairement donné le ton concernant une future candidature, peu avant que les autorités régionales n’esquissent une première cartographie prévisionnelle de 33 sites.

Si des bouleversements ne sont pas à exclure dans une course aux contours profondément remaniés du fait du nouveau processus décisionnel en vigueur au sein du CIO, le calendrier semble à ce stade en faveur de l’Inde.
Il faut dire que le pays accueille en ce mois d’octobre 2023 la 141e Session de l’institution olympique, autrement dit, la grand-messe du Mouvement olympique qu’il n’avait plus reçu depuis 1983.
En constant développement, l’Inde est en outre un pays qui entend miser de manière plus importante que par le passé dans le domaine du sport.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le pays demeure en effet largement à la traîne au tableau des médailles olympiques depuis la première apparition indienne en 1900. De fait, l’Inde n’est aujourd’hui auréolée que de 35 breloques, dont 7 – un record – glanées lors des Jeux de Tokyo 2020. A l’inverse, la Chine qui a longtemps été devant l’Inde au nombre d’habitants, bénéficie à ce jour d’un palmarès fort de 634 médailles, dont 88 pour la seule édition nippone orchestrée à l’été 2021.
A n’en pas douter, l’Inde espère dès lors pouvoir imiter sa puissante rivale et voisine pour performer au cours des prochaines années, avec la perspective des JO 2036 comme accélérateur.
La quête officielle des Jeux intervient en outre au moment où le CIO va entériner l’ajout du cricket comme sport additionnel des Jeux de Los Angeles 2028.
Particulièrement populaire en Inde, ce sport représente une indéniable carte de visite pour le pays où nombre d’infrastructures sont dédiées à son apprentissage et à sa pratique. Surtout, l’inclusion au programme des JO 2028 est susceptible d’accroître de manière considérable le potentiel de revenus pour le Mouvement olympique, en particulier dans le domaine stratégique des droits télévisés. Elle est aussi susceptible de constituer une aubaine sur le plan des audiences planétaires, le cricket étant suivi par plus de 2,5 milliards de fans à travers le monde.
Aussi, après les Jeux de LA 2028, le cricket pourrait à nouveau être sur le devant de la scène olympique en 2032, lors des Jeux de Brisbane (Australie), et, le cas échéant, en 2036 pour une éventuelle organisation opérée en Inde.

En septembre dernier, le Président du CIO en personne n’avait pas manqué de souligner le fort potentiel autour d’une candidature de l’Inde pour 2036.
Ainsi que l’avait affirmé Thomas Bach :
Ici, nos portes et nos cœurs sont grands ouverts.
Oui, il y a de solides arguments […], en voyant comment l’Inde prospère et se développe et comment l’Inde adopte désormais les sports olympiques. Il y a donc un grand potentiel.
L’Inde peut jouer un rôle beaucoup plus important dans le Mouvement olympique.
Un message qui a aujourd’hui été parfaitement entendu de la part des autorités indiennes qui ambitionnent aussi d’accueillir les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2029 et qui vont pouvoir avancer avec détermination dans une course qui compte déjà plusieurs concurrentes, plus ou moins formelles, dont la Corée du Sud, l’Indonésie, le Qatar, la Turquie, l’Égypte, la Pologne, la Hongrie, et le Mexique.