Alors que l’Indonésie devait accueillir au début du mois prochain la deuxième édition des Jeux Mondiaux de Plage – les World Beach Games – sous la supervision de l’Association des Comités Nationaux Olympiques (ACNO), le pays a finalement fait volte-face, contraignant l’instance internationale à annuler l’événement. Une situation qui devrait laisser des traces dans la quête indonésienne pour décrocher les Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2036.

Du 05 au 12 août 2023, Bali devait être le point d’ancrage de pas moins de 1 500 athlètes en provenance de 130 pays appelés à s’affronter autour d’un riche programme de 14 sports et 31 disciplines dans le cadre de la deuxième édition des World Beach Games de l’ACNO.
Or, un mois à peine avant l’ouverture de l’événement international, le Comité Olympique d’Indonésie (KOI) a fait savoir qu’il ne serait pas en mesure d’organiser la manifestation multi-sports et ce, faute d’avoir obtenu les financements nécessaires de la part des autorités gouvernementales.
Ces dernières ont de leur côté affirmé que lesdits financements étaient disponibles, mais que d’autres problèmes s’étaient fait jour pour les organisateurs sans pour autant en donner la nature.
Ainsi que l’a déclaré le Ministre de la Jeunesse et des Sports, Dito Ariotedjo :
L’Indonésie est toujours prête à accueillir des événements internationaux, qu’ils soient sportifs ou non, conformément au développement des infrastructures et des ressources humaines prévu par le Président Joko Widodo depuis près de dix ans.
Sur un plan davantage politique, le retrait de l’Indonésie s’expliquerait aussi par le refus du gouverneur de Bali de voir affluer sur le territoire des athlètes israéliens alors que le pays soutient activement la Palestine et n’entretient pas de relation avec Israël.
Bien que démenti par l’ACNO, cette prise de position avait déjà été l’un des griefs retenus plus tôt cette année par la FIFA pour retirer l’organisation de la Coupe du Monde masculine des moins de 20 ans qui avait, au préalable, été impactée par la crise sanitaire du Covid-19, l’édition devant initialement se tenir en 2021.
Pour l’ACNO, ce retrait a en tout cas une double incidence dont l’instance se serait bien passée, à savoir d’une part l’annulation pure et simple des World Beach Games – le délai étant particulièrement serré pour parvenir à sélectionner un hôte alternatif – et d’autre part l’annulation de son Assemblée Générale qui aurait dû avoir lieu concomitamment aux Jeux. Pour celle-ci, de nouvelles dates et un autre lieu seront néanmoins annoncés plus tard dans l’année.
Dans un communiqué, l’instance qui regroupe l’ensemble des Comités Nationaux Olympiques (CNO) s’est d’ailleurs émue de cette situation d’inconfort dans laquelle elle se retrouve plongée.
Ainsi qu’elle l’a exposé :
C’est avec une grande surprise et une déception extrême que l’ACNO a appris que le KOI s’est retiré de son engagement d’accueillir les Jeux Mondiaux de Plage et l’Assemblée Générale de l’ACNO prévus en août 2023.
Les Jeux devant avoir lieu dans un mois, cette décision si tardive empêche l’ACNO de trouver un autre organisateur et il n’y a donc pas d’autre choix que d’annuler l’édition 2023 des Jeux ainsi que l’Assemblée Générale de l’ACNO à Bali.
Toujours dans ce même communiqué, l’ACNO pointe du doigt la responsabilité des organisateurs alors même que des discussions fournies ont régulièrement eu lieu entre les parties.
Comme l’affirme de fait l’instance internationale :
Bien qu’il y ait eu des défis dans les préparatifs des Jeux, comme lors de tout événement multi-sports majeur, l’ACNO a été régulièrement assurée par le KOI que des solutions seraient trouvées et que les Jeux se dérouleraient comme prévu.
L’ACNO et le KOI se sont rencontrés pour des réunions de coordination hebdomadaires, pas plus tard que la semaine dernière, et à aucun moment le KOI n’a indiqué qu’il y avait des problèmes qui conduiraient à un tel résultat.

Sévère, ce constat amène à une mise en perspective sur l’ambition olympique et paralympique de l’Indonésie.
Comment en effet peut-on désormais envisager avec sérénité et dans pareil contexte la poursuite de la candidature indonésienne pour l’accueil des JO 2036 ?
Le retrait brusque du pays de l’organisation des Jeux Mondiaux de Plage devrait avoir une incidence certaine sur la suite du processus de sélection du futur hôte et ce, même si ce dernier est encore loin d’être achevé, le Comité International Olympique (CIO) étant actuellement à la tâche sur le suivi des préparatifs des Jeux d’été de Paris 2024, sur ceux d’hiver de Milan-Cortina 2026, ainsi que sur l’examen des candidatures aux JO d’hiver de 2030-2034.
Il n’empêche, l’ACNO devrait conserver une amertume à l’égard de l’Indonésie qui n’aura de facto pas été en mesure de satisfaire à ses engagements et à son appétit de grands événements. Les membres du CIO étant nombreux à être également des représentants des CNO au sein de l’ACNO, la confiance pourrait – au moins à se stade – être affectée.
Ces dernières années, l’Indonésie avait émis avec force et détermination l’idée d’une candidature aux Jeux d’été, misant ainsi sur l’échéance de 2032 – finalement attribuée à Brisbane et au Queensland (Australie) à l’aune des nouvelles réformes olympiques – avant de se rabattre – parmi les premières – sur celle de 2036.
Le Président Joko Widodo avait alors été particulièrement présent dans la promotion d’un projet appelé à se développer autour de la nouvelle capitale en cours de construction pour remplacer à termes Jakarta.
Le leader indonésien avait notamment eu l’occasion de s’entretenir à plusieurs reprises avec le Président du CIO, Thomas Bach, à l’image de leur rencontre à Bali – justement – en novembre 2022.
En marge du Sommet du G20 organisé in situ, Joko Widodo avait exprimé en ces termes l’ambition de son pays :
Je transmets aujourd’hui la volonté et l’empressement de l’Indonésie à accueillir les Jeux Olympiques de 2036 dans la nouvelle capitale de l’archipel.
En tant que Président du G20 en cette année 2022, avec d’autres dirigeants du G20, je souligne par ailleurs le rôle important du sport pour la santé, et pour unir le monde, surtout en ce moment.
[Le succès des prochaines éditions des Jeux Olympiques et Paralympiques] soulignera en outre l’importance de la neutralité politique dans les événements sportifs internationaux, ainsi que l’autonomie des organisations sportives.
A l’issue de l’entrevue entre les deux dirigeants – avec aussi la présence de Erick Thohir, membre du CIO en Indonésie depuis 2019, Thomas Bach avait quant à lui salué l’engagement pris au plus haut sommet de l’État.
Comme l’avait notamment affirmé le Président du CIO :
Le CIO salue chaleureusement la volonté de l’Indonésie d’accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2036 dans sa nouvelle capitale, Nusantara.
Ayant assisté à une présentation du projet de Nusantara et des progrès déjà réalisés, je suis profondément impressionné par la vision du Président Widodo de développer cette ville comme un modèle de vie durable, en mettant l’accent sur la santé et sur le sport.
Impactée, mais peut-être pas définitivement écartée, la candidature olympique et paralympique de l’Indonésie pourrait désormais être réorientée sur une échéance ultérieure – 2040 – à la fois en considérant les effets de l’annulation soudaine des World Beach Games et de l’affront fait à l’ACNO mais aussi à l’aune de possibles conseils qui seront donnés par le CIO et sa Commission de Futur Hôte.