Mercredi 05 juillet, la Commission d’évaluation du Comité International Olympique (CIO) chargée des Villes Candidates aux JO 2024 a publié son Rapport et ce, après les mois d’inspection et d’étude des dossiers de Los Angeles (États-Unis) et Paris (France).
Première procédure de candidature entièrement couverte par la mise en application de l’Agenda 2020 du Mouvement Olympique, le processus 2024 a adopté une série d’innovations afin de maintenir l’intérêt des Villes Candidates, voire même d’attirer de nouveaux postulants.
Ainsi, le CIO avait ouvert la campagne 2024 dès le mois de janvier 2015, avec une phase d’invitation à destination de cités potentiellement intéressées par l’idée d’accueillir le rendez-vous olympique et paralympique.
Avant d’acter officiellement le départ de la course aux Jeux en septembre de la même année, l’institution de Lausanne (Suisse) avait réussi à obtenir les engagements de Rome (Italie), Boston (États-Unis), Hambourg (Allemagne), Paris (France) et Budapest (Hongrie).
Néanmoins, dès l’été 2015, de premières secousses sont venues perturber le processus mis en place par le CIO. La ville de Boston a ainsi cédé sa place à Los Angeles après le constat d’une forte opposition – structurée et efficace – sur le terrain et les réseaux sociaux avec in fine le désengagement des autorités municipales.
Après cette défection, d’autres Villes Candidates se sont successivement écartées de la procédure de candidature, entre pression populaire et enjeux politiques : Hambourg (Allemagne), Rome (Italie), et enfin Budapest (Hongrie), ne laissant dès lors que Los Angeles et Paris dans la dernière ligne droite.
Le CIO avait pourtant instauré un nouveau mode de fonctionnement qui aurait pu laisser penser que les Villes Candidates maintiendraient leur ambition respective jusqu’au bout.
Outre la phase d’invitation citée précédemment, le CIO avait ainsi installé des Ateliers thématiques permettant un échange direct entre l’institution et les Villes Candidates.
Ayant pour objectif de travailler dans un esprit de coopération, de transparence et de meilleure lisibilité, ce changement s’était également accompagné de la mise en place d’un Groupe d’experts chargé de parcourir les Villes Candidates en amont des visites de la Commission d’évaluation.
Le déroulement même de la procédure de deux années avait été remodelé par rapport aux précédentes candidatures. En lieu et place d’un échelonnement en deux parties – phase de requérance et phase de candidature avec livraison du dossier technique – le CIO avait fait le choix d’un phasage en trois points thématiques avec livraison ponctuelle de trois volets de candidature.
A l’aune de ces modifications apportées à la procédure de candidature, la publication du Rapport d’évaluation a elle-aussi été révisée.
Ce Rapport présente ainsi un caractère plus cohérent et plus compréhensible pour le grand public, avec pour chacune des Villes Candidates, des considérations réparties en 5 grandes thématiques : Concept des Jeux, Expérience des Jeux, Jeux Paralympiques, Durabilité et Héritage, et enfin Livraison des Jeux.
Ces thématiques ont été complétées par la diffusion d’une vidéo de 15 minutes, dans laquelle Patrick Baumann, Président de la Commission d’évaluation, évoque les points forts des deux Villes Candidates restantes et les mots les plus emblématiques pour caractériser Los Angeles et Paris.
Des annexes complètes ont aussi été préparées avec cartes, données chiffrées et présentation visuelle des sites proposées par les candidatures.
Si l’idée d’une double attribution des JO 2024 et des JO 2028 a pu rendre moins indispensable la lecture du Rapport d’évaluation qui – in fine – ne constitue qu’un élément parmi d’autres dans l’appréciation faite par les membres électeurs du CIO, il n’en demeure pas moins que la Commission a réalisé un travail d’étude utile pour identifier les forces et faiblesses de Los Angeles et de Paris.
Ces enseignements peuvent dès lors s’adapter à une attribution sur deux échéances distinctes, puisqu’ils se fondent sur des considérations techniques et d’aménagement du territoire à plus ou moins long terme.
D’ailleurs, que ce soit pour Los Angeles ou pour Paris, la Commission d’évaluation estime que “le projet des Jeux est totalement aligné sur les plans de développement à long terme de la ville et de la région”.
Au-delà de cette considération globale – à laquelle il conviendrait d’ajouter les adjectifs utilisés de chaque côté et dont il est question en fin d’article – la Commission rappelle la force principale des deux dossiers qui reposent respectivement sur 97% et 93% de sites de compétition existants ou temporaires.
Pour Los Angeles, 31 sites de compétition ont été proposés, mais un seul de ces sites est prévu – actuellement en cours de construction – mais indépendamment des Jeux. Il s’agit du Stade d’Inglewood qui disposera à terme d’une capacité pouvant aller jusqu’à 100 000 spectateurs, et qui sera l’une des deux arènes dédiées aux Cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux.
De fait, aucun site permanent supplémentaire lié à la tenue des JO n’est nécessaire du côté de la “Cité des Anges”.
Concernant l’ordonnancement des sites de compétition, 16 sont existants et n’engageraient aucun aménagement permanent, ce qui constitue un réel atout pour le projet américain, puisque 2 sites existants seulement devraient conduire à des constructions permanentes complémentaires. Enfin, 12 sites seraient temporaires et donc démantelés à l’issue des compétitions olympiques et paralympiques.
Pour Paris, la proposition tricolore s’appuie sur 29 sites de compétition, dont deux qui doivent encore être édifiés. Cela concerne la Bercy Arena II – prévue indépendamment des Jeux et actée par la Ville de Paris – et surtout le Centre Aquatique, unique site permanent supplémentaire envisagé dans le cadre du projet de Paris 2024.
Parmi les autres sites, 9 sont existants et ne nécessiteraient pas d’aménagements permanents complémentaires ; 8 sont existants mais demanderaient quelques éléments de rénovation ; tandis que 10 sites seraient temporaires, comme par exemple l’arène de beach-volley sur le Champ de Mars.
Si l’on se penche ensuite sur les points-clés du dispositif de chacune des deux Villes Candidates, il est possible de constater certaines recommandations ou critiques formulées par la Commission d’évaluation.
Ladite Commission a ainsi relevé 11 points critiques du côté de Los Angeles et 12 du côté de la “Ville Lumière”. Cette proximité doit toutefois être relativisée compte-tenu des propos employés de part et d’autre et de la sévérité du jugement apporté à certains égards.
Il apparaît ainsi que les points soulevés pour Paris 2024 sont souvent de nature à se rapprocher de recommandations ou de suggestions, là où les points pour Los Angeles peuvent parfois prendre la forme de mises en garde ou d’avertissements.

Pour Los Angeles, le plan directeur des sites est largement loué pour l’importance des sites existants ou temporaires et ce, dans un souci d’économies et de durabilité, puisque des sites utilisés lors des JO 1984 seraient à nouveau mobilisés à l’instar du Los Angeles Memorial Coliseum.
Toutefois, la Commission pointe l’ampleur des rénovations nécessaires pour mettre aux normes olympiques le Vélodrome dédié au cyclisme sur piste.
Outre cette critique, la Commission s’est aussi attachée à porter une critique concernant le financement ou les garanties pour une partie des sites – aménagement du Centre International de Radio Télévision (CIRTV) dans les locaux d’Universal City, etc… – et ce, même si le modèle de financement développé par LA 2024 semble apprécié : participation exclusive du secteur privé, conformément à la tradition américaine pour ce genre d’événements.
Sur les garanties, la Commission porte d’ailleurs 9 commentaires accessibles dans les annexes du Rapport d’évaluation ; des commentaires de recommandation pour des éclaircissements ou des précisions notamment.
Si le choix du Village des Athlètes est salué par la Commission d’évaluation – qui estime qu’il s’agit d’un site “remarquable” avec un “cadre superbe” – l’accessibilité aux différentes structures du Village pourrait être problématique pour les athlètes paralympiques.
La Commission estime ainsi que “certains secteurs du Village Paralympique seraient difficiles d’accès pour les utilisateurs de fauteuils roulants du fait de pentes raides”.
Cette critique n’est pas une surprise, puisqu’elle avait déjà été relevée par le passé en raison de la localisation et de la structuration même du site du campus de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA).

Il n’en demeure pas moins qu’en disposant d’un site déjà bâti – avec tout de même des aménagements nécessaires d’ici 2024 – Los Angeles réalise ici une économie non-négligeable pour l’hébergement des athlètes, la construction du Village étant en règle générale un poste de dépenses important des projets olympiques et paralympiques.
La candidature de LA 2024 avait en ce sens réalisé un changement de stratégie par rapport à son concept initial de 2015 qui entendait bâtir un Village de toute pièce pour un coût supérieur à 1 milliard de dollars. Ce projet avait finalement été écarté en raison du coût bien sûr, mais surtout des contraintes liées à l’acquisition des terrains et donc à l’indemnisation des propriétaires.

Mais en dépit de réelles qualités techniques et d’une expérience dans l’organisation de grands événements sportifs ou culturels, la candidature de Los Angeles peut apparaître fragilisée – et cela sans surprise non plus – lorsque l’on s’intéresse à la problématique des transports.
A plusieurs reprises, la Commission d’évaluation note ainsi les défis qui seraient ceux de Los Angeles pour permettre la sanctuarisation d’une partie des voies d’accès et la modernisation des réseaux de transports publics.
“De solides plans de transports publics seraient nécessaires pour faciliter les déplacements des spectateurs entre les parcs sportifs.
[…] Le succès de la mise en œuvre de la stratégie de transport pour les Jeux, y compris du réseau de voies olympiques, exigerait des efforts importants en matière de gestion et de réduction de la circulation.
Capacité restreinte des transports publics et couverture limitée du réseau à destination du Parc des Sports de South Bay et du Parc des Sports de la Vallée” pointe notamment la Commission d’évaluation.
La densité actuelle des déplacements individuels et la place relativement modeste des transports en commun constituent donc un point critique du projet de Los Angeles, un point qui pourrait plaider pour une désignation de la ville pour l’organisation des Jeux de 2028.
En repoussant l’échéance olympique pour Los Angeles, le CIO laisserait en effet à la ville et aux autorités le temps nécessaire pour parvenir à la réalisation des divers chantiers qui représentent un investissement conséquent de plus de 88 milliards de dollars pour les transports publics d’ici 2024.
Cette considération des transports pourrait de fait peser dans la balance des dernières discussions entre les représentants de la Ville Candidate et les membres du CIO.
Une considération qui pourrait s’ajouter à la nécessité de disposer de garanties davantage élaborées et précisées dans certains domaines, comme par exemple sur le plan de la législation du travail.

Toujours en relation avec les aspects juridiques, la Commission cible l’absence de structure de gouvernance.
“Aucune structure officielle en place pour assurer la liaison entre le Comité d’Organisation (COJO) et les autorités publiques aux niveaux régional, de l’État et fédéral afin de coordonner les services gouvernementaux” note ainsi le Rapport.
Des précisions devraient dès lors être apportées par LA 2024 sachant en outre – et comme mentionné précédemment – que les investissements nécessaires seraient supportés par le secteur privé et ce, bien que des garanties publiques ont d’ores et déjà été actées (500 millions de dollars, soit 250 millions pour la Ville et l’État de Californie) sans compter les contrats avec les assurances.

Pour ce qui concerne la candidature de Paris et l’examen technique de celle-ci, la Commission a – comme pour Los Angeles – relevé des aspects potentiellement négatifs et problématiques dans l’optique d’une mise en œuvre du projet.
A l’image de sa rivale américaine, la candidature française se voit pointée du doigt quant à son plan directeur des sites.
Pour la Commission d’évaluation en effet, “créer une ambiance olympique particulière dans la zone Grand Paris serait plus difficile car les sites sont plus dispersés, sans lieu de célébration central”.
Ce point-critique fragilise une partie du concept même de Paris 2024 qui mise grandement sur ses espaces de célébration dans la capitale et autour des sites dédiés aux compétitions, notamment en Seine-Saint-Denis, soit précisément la zone “Grand Paris”.
La candidature devra dès lors veiller à apporter des éléments pertinents pour sécuriser cet ambitieux – et inédit à cette échelle – projet de célébration hors les stades.

Mais la Commission d’évaluation pointe aussi la question de l’accessibilité de la Seine pour la baignade, avec l’objectif affiché par Paris 2024 d’organiser dans le fleuve les épreuves de triathlon et des 10 kilomètres en eau libre.
Le Rapport précise “toutefois [qu’une] solution de secours existe, qui permettrait aux athlètes de concourir dans de bonnes conditions”.
Un plan B serait dès lors envisageable dans le cas où la baignade dans la Seine ne serait pas rendue possible à l’horizon 2024, un objectif qui est aujourd’hui l’un des axes de communication de la Mairie de Paris qui en a fait une proposition-phare de son plan urbain.

Sans réelle surprise lorsque l’on connaît les caractéristiques et les strates administratives françaises, la répartition des investissements relatifs au financement des sites – État, Région Île-de-France, Ville de Paris, et autres collectivités associées, sans oublier la part du secteur privé – pose problème concernant les dépassements éventuels de coûts et de fait, la responsabilité incombant à chacune des parties prenantes au projet.
Toujours dans un rapport lié aux problématiques administratives, la Commission estime – pour le Village des Athlètes – que “l’acquisition de terrains provenant de propriétaires privés est incomplète (30% des terrains doivent encore être acquis) mais les autorités publiques sont autorisées à les acquérir selon une procédure accélérée (projet d’intérêt public)”, faisant ici référence à la procédure d’expropriation notamment.
L’accessibilité du Village est en revanche saluée par la Commission d’évaluation, tout comme son potentiel héritage pour le territoire local, avec l’apport de milliers de logements pour la Seine-Saint-Denis. En ce sens, la Commission estime par exemple que le site du Village des Athlètes serait un “laboratoire” et une “vitrine” en terme de durabilité.
Sur le plan des transports, la Commission d’évaluation a reconnu la qualité et l’efficacité du réseau existant – parlant ainsi d’un “excellent réseau de transports publics” -, tout en soulignant le manque d’accessibilité, à l’heure actuelle, du métro pour les personnes en situation de handicap.
Si les transports ont été une faiblesse de l’évaluation de Los Angeles 2024, le projet français a aussi eu un avertissement du CIO, mais dans un autre secteur.

Ainsi, il apparaît évident que le projet d’aménagement d’un Village des Médias dans le secteur de Dugny-Le Bourget pourrait in fine s’avérer délicat.
“L’établissement d’un modèle détaillé de financement et d’exploitation serait nécessaire pour le Village des Médias” note notamment la Commission qui s’inquiète par ailleurs de la gestion des “préoccupations des parties prenantes locales concernant l’implantation du Village des Médias au Bourget”.
La pertinence d’un tel équipement semble dès lors être posée et ce, bien que l’édification du Village serait de nature à créer et à laisser en héritage des centaines de logements pour ce secteur du département, en complémentarité du dispositif proposé pour le Village des Athlètes.
Enfin, et dans le domaine financier du projet de Paris 2024, la Commission estime que “les coûts liés à la sécurité, à l’aménagement olympique et à l’infrastructure temporaire sont peut-être sous-évalués, mais ils pourraient être compensés par une éventuelle réduction des dépenses dans d’autres domaines”.
L’effort de pédagogie engagé par Paris 2024 devra de fait être maintenu d’ici le mois de septembre afin de démontrer la faisabilité du projet auprès de l’opinion publique.

Cette dernière revêt en effet une importance particulière pour le CIO qui commande pour chaque Ville Candidate un sondage officiel.
Réalisé du 06 au 19 février 2017 par Sports Marketing Surveys Inc. pour le compte de l’institution olympique, le sondage a concerné 600 personnes dans la Ville Candidate, 600 personnes dans la région de la Ville Candidate (en dehors de cette dernière), et enfin 600 personnes dans le pays (hors Ville Candidate et région).
Les résultats de ce sondage officiel sont plus faibles en proportion de données favorables que les sondages réalisés – avec des échantillons variables – jusqu’à présent.

Ainsi, alors que Los Angeles 2024 a longtemps fait référence à un taux de soutien de 88% auprès des habitants de Los Angeles, le sondage du CIO révèle que cette proportion est selon lui de 78%, soit un écart de 10 points.
Il est à noter cependant que ce score est bien supérieur à ceux obtenus par New York 2012 et Chicago 2016, les deux dernières candidatures américaines. La première avait ainsi obtenu 59%, tandis que la seconde avait recueilli une approbation locale de 67%.

Concernant Paris 2024, le sondage officiel du CIO relève un taux d’approbation de 63% à l’échelle de la ville, soit un pourcentage en léger retrait (6 points) par rapport à l’enquête sondagière évoquée par le Comité de Candidature (69%) en septembre 2016.
En dépit d’un sondage aux résultats plus mitigés pour Paris que pour Los Angeles, il convient tout de même de rappeler le contexte particulier dans lequel il a été mené, tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur.
En commandant le sondage en février dernier, le CIO a – comme de coutume – ciblé une période calendaire précédant la venue de la Commission d’évaluation dans les Villes Candidates.
Pour Los Angeles, cette période avait l’avantage d’être située après l’élection présidentielle de novembre 2016 – même si les premières mesures de Donald Trump ont rapidement été contestées du côté de Los Angeles – et avant les élections municipales de mars 2017 qui ont vu la triomphale reconduction du Maire, Eric Garcetti.
Pour Paris en revanche, la révélation du slogan anglophone de la candidature – Made For Sharing – et la polémique franco-française qui s’en est suivi ont pu impacter la perception des sondés sur le projet olympique et paralympique. En outre, l’actualité mouvementée de la campagne présidentielle a sans nul doute relégué au second plan – et cela est parfaitement compréhensible – ledit projet de Paris 2024.
Mais au-delà du choix de la période, qui répondait avant toute chose à un souci de neutralité pour le CIO, il est essentiel aussi de replacer le contexte de la candidature tricolore sur l’échiquier olympique européen.
Initialement, en 2015, le “Vieux Continent” a eu l’avantage – ou l’inconvénient selon certains – de disposer de quatre candidatures à l’organisation des JO 2024 : Paris donc, mais également Hambourg, Rome et Budapest.
Dans les trois derniers cas, les candidatures n’ont pu se poursuivre en raison d’une mobilisation populaire hostile (Hambourg et Budapest) ou de pression politique accrue (Rome) et ce, alors qu’elles se sont longtemps basées sur des enquêtes d’opinion largement favorables.
Dans le cas de Paris, et même si certains ont réclamé – et réclament encore – la tenue d’une consultation référendaire, l’opposition aux Jeux et à la candidature n’a jamais vraiment réussi à émerger, rendant donc les arguments déployés difficilement audibles aux yeux du grand public.
D’ailleurs, ce constat semble aussi être de mise du côté de Los Angeles et ce, alors même que les mouvements d’opposition ont pu recevoir à plusieurs reprises les conseils avisés des fondateurs des groupements contestataires à la candidature de Boston.

Au-delà des considérations techniques qui ont pu être apportées par la Commission, et que “Sport & Société” a relayé au travers de cet article, le Rapport d’évaluation est intéressant en ce qu’il distingue les deux Villes Candidates sur des adjectifs précis.
Cette distinction est résolument le point-clé de cette course entre deux villes pleinement capables d’accueillir les plus grands événements mondiaux.
En énonçant les termes “avant-gardiste, innovant, dynamique et attrayant” pour le projet de Los Angeles, la Commission a souhaité montrer la capacité de LA 2024 à proposer une nouvelle dimension aux Jeux et au Mouvement Olympique.
En ce sens, la promesse d’une “nouvelle ère pour le Mouvement Olympique” portée en étendard par LA 2024 est remplie. Elle pourrait tout aussi bien répondre aux exigences des Jeux de 2024 ou de 2028, ce qui laisse encore une fois la possibilité de voir la “Cité des Anges” accueillir les Jeux à une date ultérieure que Paris.
Car en énonçant les termes “historique, culturel, emblématique et décors incroyables” pour le dossier de Paris 2024, la Commission a peut-être cherché à présenter ledit projet comme le plus adéquat pour l’échéance de 2024, une échéance qui correspondrait d’ailleurs au Centenaire des Jeux de Paris 1924.
Mais l’usage de ces termes peut aussi faire référence à une ville figée dans son passé et encore en quête de renouveau. L’ouverture des Jeux et des investissement en direction de la Seine-Saint-Denis et l’organisation d’une partie des compétitions sur ce territoire jeune et cosmopolite pourraient de fait répondre à cette ultime considération.
Bien sûr, les deux Villes Candidates disposent d’atouts incomparables, mais elles doivent et devront aussi répondre à des problématiques singulières : les transports pour Los Angeles, l’aménagement du Village des Médias pour Paris, et la durabilité pour les deux.
Car si LA 2024 et Paris 2024 se sont toutes les deux fixées des objectifs ambitieux sur ce créneau – un élément majeur de l’Agenda 2020 et de la politique du Mouvement Olympique – la Commission d’évaluation estime qu’il pourrait être difficile d’atteindre une partie desdits objectifs.
Pour Los Angeles 2024, la Commission estime ainsi que :
“L’engagement de livrer des Jeux au bilan énergétique positif pourrait s’avérer complexe à réaliser et à contrôler car il repose sur plusieurs tiers. La manière d’aborder les systèmes de gestion de la durabilité mérite d’être retravaillée”.
Concernant Paris 2024, la Commission cible :
“[La] coordination du programme de durabilité compte tenu de sa grande envergure et du nombre de parties engagées. Certains objectifs spécifiques sont très ambitieux (tels que les normes de construction écologique, la gestion des émissions de carbone, l’objectif zéro déchet et le non-gaspillage alimentaire”.
Le choix des mots concernant la qualification du budget d’organisation proposé de part et d’autre apporte à son tour des enseignements utiles à la compréhension des dossiers.
De fait, la Commission pense que “le budget du COJO [de Los Angeles 2024] est réalisable et le risque financier faible à ce stade de la planification et de l’élaboration du budget” tandis que “le budget du COJO [de Paris 2024] est réalisable et le risque financier relativement faible à ce stade de la planification et de l’élaboration du budget”.
Le Rapport d’évaluation doit en tous cas être perçu comme un élément parmi d’autres dans l’appréciation des projets de LA 2024 et de Paris 2024.
En effet, le jugement sur les critères techniques est utile pour comprendre et appréhender le dossier de chacune des candidatures, mais il n’est en aucun cas l’élément déterminant dans la course aux Jeux.
Si le CIO s’était basé sur cet unique élément lors des attributions passées, Paris aurait sans doute obtenu les Jeux de 2012, Rome ceux de 2004 ou encore Chicago ceux de 2016.
Dans la dernière ligne droite, il est donc essentiel pour Los Angeles et Paris de mettre en pleine application leur stratégie respective qui doit d’abord répondre à l’intérêt du CIO avant celui des Villes Candidates elles-mêmes.
Sur ce point, Los Angeles a réussi à développer une fine stratégie alliant judicieusement les questions de communication et de marketing, sans apparaître comme une candidature imposant ses volontés au Mouvement Olympique.
A l’inverse, Paris a peut être adopté un discours qui mérite aujourd’hui d’être remodelé d’ici la désignation de la Ville Hôte des Jeux, le 13 septembre prochain.
Plutôt qu’un ultimatum – pour reprendre le propos choisi par LA 2024 – Paris devrait s’attacher à proposer un modèle adéquat au CIO pour permettre à celui-ci de regagner les faveurs des Villes Candidates – et à travers elles des populations – dans un avenir proche.
Le choix des mots a été essentiel pour la rédaction et la publication du Rapport d’évaluation.
Il le sera tout autant sinon davantage au moment où Los Angeles 2024 et Paris 2024 se succèderont à la tribune de Lausanne, la semaine prochaine.
Cette nouvelle étape, qui intervient après les présentations de Doha (Qatar) en novembre 2016 et d’Aarhus (Danemark) en avril 2017, sera capitale dans l’optique d’aborder le rendez-vous final de Lima au mois de septembre.
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