Dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de Paris 2024, les organisateurs entendent s’appuyer sur la mobilisation de quelques 45 000 volontaires pour ce qui constituera alors le plus vaste programme du genre jamais réalisé en France. Ouverture des candidatures : ce mercredi 22 mars 2023.
A la tête du Comité d’Organisation des Jeux de Londres 2012, Sebastian Coe avait parfaitement résumé l’implication et surtout l’importance des volontaires – ou bénévoles – dans le cadre sportif.
Comme l’avait ainsi affirmé le double Champion Olympique du 1 500 mètres en 1980 et en 1984, aujourd’hui Président de World Athletics :
Les volontaires représentent le système sanguin des Jeux Olympiques et une grande part de l’ADN de milliers de personnes de ce pays.
Dans un autre style, mais en rappelant tout aussi bien le rôle essentiel que les volontaires ont dans le cadre de la tenue des compétitions sportives, que ce soit à l’échelon local comme à un niveau international, Tony Estanguet a aujourd’hui salué l’engagement des plus de 3 millions de bénévoles tricolores qui contribuent à cimenter le sport français.
Ainsi que l’a exposé le Président du Comité d’Organisation des Jeux (COJO) de Paris 2024 en préambule de la présentation de la campagne de recrutement des volontaires de la prochaine Olympiade :
On sait ce que l’on doit aux millions de bénévoles.
Ce sont eux qui nous ont transmis les premières passions.
Si l’on peut aujourd’hui organiser le plus grand événement sportif de la planète, c’est grâce aussi à ces millions de bénévoles qui jouent un rôle prépondérant dans le sport français.
Pour 2024, le COJO va d’ailleurs, ni plus ni moins, déployer le plus grand programme des volontaires jamais mis en place dans l’Hexagone, avec la recherche de 45 000 personnes, soit 30 000 pour les Jeux Olympiques (26 juillet au 11 août 2024) et 15 000 pour les Jeux Paralympiques (28 août au 08 septembre 2024), avec l’objectif ambitieux, au sein de ce contingent conséquent, de recruter 3 000 volontaires en situation de handicap.
En plus de ces dizaines de milliers de volontaires, la Ville de Paris souhaite pour sa part mobiliser pas moins de 5 288 personnes dont les missions seront complémentaires à celles des engagés aux côtés de Paris 2024.
Aussi, afin d’établir et de fournir ce programme capital pour le bon déroulement des Jeux, Paris 2024 va officiellement lancer sa campagne de recrutement ce mercredi 22 mars 2023, sachant que les sponsors des Jeux ont d’ores et déjà pu enclencher une pré-campagne de prospection de profils susceptibles de satisfaire aux exigences des différentes missions dévolues aux volontaires.
Concrètement, du 22 mars au 03 mai 2023, une plateforme en ligne permettra à celles et ceux intéressé(e)s par l’aventure des Jeux, de pouvoir compléter un formulaire d’inscription et un questionnaire d’orientation en ligne pour espérer, in fine, faire partie des 45 000 heureux élus qui devront justifier de leur âge – 18 ans minimum au 1er janvier 2024 sauf exception – de leur capacité à parler au moins le français ou l’anglais, et de leur disponibilité à raison de 10 jours au moins pour les Jeux Olympiques et/ou les Jeux Paralympiques.
Une durée moyenne de 30 à 45 minutes devrait être nécessaire pour finaliser cette inscription qui débouchera sur l’envoi d’une synthèse personnalisée comprenant les missions se rapprochant le plus du profil, des aptitudes, et des envies des potentiels futurs volontaires. Ces derniers pourront alors décocher à leur convenance les missions proposées.
Par la suite, un examen minutieux des candidatures sera opéré entre mai et août 2023, avec la possibilité de se voir proposer des tests ou des entretiens complémentaires, avant que les notifications d’attribution ou non d’une mission ne soient adressées entre septembre et octobre 2023.
Une Convention des volontaires de Paris 2024 sera enfin orchestrée au cours du premier trimestre 2024 pour amorcer la formation et détailler les missions attendues dans chacun des domaines-clés des Jeux.
L’uniforme des volontaires sera par ailleurs dévoilé au cours de la même période, l’équipementier français et Partenaire des Jeux, Decathlon, prévoyant la distribution – sans précédent à cette échelle – d’un million de produits à destination des 45 000 volontaires recrutés. Avant cela, Decathlon confortera son rôle d’acteur majeur de la campagne de recrutement, 47 magasins sur le territoire étant destinés à être des relais de ladite campagne où les personnes intéressées pourront se rendre et bénéficier de conseils et d’informations pour s’inscrire.
Au moment des Jeux, les dizaines de milliers de volontaires français et étrangers qui auront été recrutés et formés seront présents sur l’ensemble des sites mobilisés par Paris 2024, que ce soit bien sûr en région francilienne, mais également au sein des infrastructures sollicitées en province et jusqu’en Polynésie française.
Cela comprendra ainsi Marseille (Bouches-du-Rhône) pour les épreuves de voile et l’organisation d’une partie du tournoi de football partagé avec les villes de Bordeaux (Gironde), Lyon (Rhône), Nantes (Loire-Atlantique), Nice (Alpes-Maritimes) et Saint-Étienne (Loire). Il s’agira aussi de Châteauroux (Indre) pour le tir sportif, Lille (Nord) pour le tournoi préliminaire de basketball et le tournoi de handball, et enfin Tahiti où sont attendues les épreuves de surf.
Comme précisé dès l’automne dernier lors de la présentation du dispositif du Programme des Volontaires de Paris 2024, trois grandes catégories de missions seront proposées rassemblant onze missions spécifiques.
La première catégorie – représentant 60% du total des missions – portera sur l’expérience vécue par les divers publics des Jeux, à savoir les athlètes et les spectateurs bien sûr, mais également les délégations étrangères, les officiels et les journalistes du monde entier qui feront le déplacement en France.
Ces missions consisteront notamment en l’accueil, à l’orientation et à l’accompagnement des publics précités sur les sites, de même que l’information autour du programme sportif des Jeux. Le transport entre les sites, via des voitures et minibus réservés, sera aussi l’une des missions-clés des volontaires, sans oublier en outre l’assistance au personnel médical, cette mission étant toutefois spécifiquement consacrée aux volontaires qui justifieront d’un diplôme de médecine.
La seconde catégorie – couvrant 35% des missions – sera quant à elle tournée au service de la performance sportive.
Cette thématique générale ciblera en particulier l’intervention sur l’aire de compétition ou sur le terrain d’entraînement, ce qui passera par exemple par l’installation des starting-blocks en athlétisme ou l’accompagnement dans la saisie des informations sportives comme les opérations de chronométrage, de notation ou de collecte des statistiques. Cette catégorie sera aussi l’occasion d’accompagner les athlètes dans le cadre de la procédure des contrôles antidopage.
La troisième et dernière catégorie – regroupant 5% des missions – sera tout aussi importante, car elle visera à fluidifier et à faciliter l’organisation des Jeux.
Les volontaires seront ainsi mobilisés autour du processus d’accréditation des journalistes, des délégations et des officiels. Ils seront aussi positionnés sur la distribution des équipements comme les uniformes, les casques et les radios, mais encore sur l’assemblage et l’installation du petit matériel de communication au sein des stades et des arénas.
Dans un souci d’efficacité et de synergie des ressources, l’établissement de la plateforme d’inscription sera commune à la fois au Programme des Volontaires de Paris 2024 qu’à celui de la Ville de Paris.
Les inscrits pourront dès lors choisir leur préférence, sachant que le dispositif parisien différera dans sa forme et son fonctionnement.
Ainsi, la Ville de Paris compte recruter jusqu’à 5 288 volontaires – dont 300 à 500 en situation de handicap – qui seront ensuite positionnés sur et autour de lieux stratégiques, comme les points d’intérêt touristique, les gares ferroviaires et les stations de métro, mais aussi les zones de festivités que les services municipaux installeront dans la capitale au moment des Jeux.
Les volontaires seront en outre présents au Carreau du Temple (3ème arrondissement) qui, durant les Jeux, accueillera jusqu’à 8 000 journalistes non-accrédités sur les sites mais tout de même appelés à couvrir l’événement planétaire.
Concernant les aspects pratiques et la logistique de la campagne de recrutement, Paris 2024 ne prendra en charge ni l’hébergement ni le transport des volontaires de leur lieu de domiciliation jusqu’au site sur lequel ils seront postés. Le COJO a néanmoins fait savoir que le questionnaire proposé au stade de l’inscription en ligne permettra d’aiguiller au mieux les potentiels futurs volontaires en fonction de leur lieu de résidence et de leur éventuelle solution d’hébergement lors des Jeux.
De la même manière, Paris 2024 ne prévoit pas de réserver de billets d’accès aux sites pour les volontaires, l’expérience de vivre l’événement dans les coulisses étant ici privilégiée et sanctuarisée.
Du côté de la Ville de Paris, la double question de l’hébergement et des transports sera traitée de manière identique à celle du COJO, avec en priorité ici le recrutement de franciliens. En revanche, sur le quota de billets qui seront achetés par la Ville Hôte des Jeux, au moins un billet devrait être réservé par volontaire recruté.
A noter enfin que les volontaires recrutés devront au préalable avoir signé la Charte du volontariat conçue en coopération entre les services de l’État – Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, notamment -, le Comité d’Éthique de Paris 2024 et le Comité de suivi de la Charte sociale présidée par Bernard Thibaut, ancien Secrétaire Général de la Confédération Générale du Travail (CGT).
Ce document exposera entre autres les droits et les devoirs du volontaire, les missions et les conditions d’exercice de ces dernières, de même que les garanties et les conditions de recours.
QUESTIONS à Alexandre MORENON-CONDE, Directeur du Programme des Volontaires de Paris 2024
- Le COJO a-t-il un modèle de référence pour son Programme des Volontaires ? Dans quelle mesure les équipes ont-elles échangé avec d’anciens organisateurs ?
Nous n’avons pas de modèle de référence.
En revanche, nous nous sommes inspirés absolument de tout ce que l’on a pu trouver, d’abord avec les expériences – j’ai moi-même été volontaire à Athènes 2004 et sur d’autres programmes.
Nous avons aussi échangé pleinement avec nos prédécesseurs des Jeux Olympiques et Paralympiques, que ce soit de Londres 2012 ou de Tokyo 2020, où nous avons eu la chance d’aller en tant qu’observateurs il y a près de deux ans maintenant.
On a essayé de prendre le meilleur de ce que l’on a pu trouver, à la fois en tant que professionnels, par rapport à nos expériences personnelles également. Nous nous sommes aussi inspirés de pratiques un peu différentes de ce qui se fait habituellement.
Le questionnaire d’orientation est clairement une innovation – je n’ai pas personnellement vu un tel outil dans un projet de mobilisation de volontaires. On a tenu à l’innovation qui est chère à Paris 2024, en s’inspirant de tout ce que l’on a pu trouver de meilleur pour – on l’espère – mener un programme qui plaira à tous.
