JO 2030 : Un trio d’experts du CIO en visite auprès des candidatures

Dans une apparente discrétion, un trio d’experts du Comité International Olympique (CIO) effectue actuellement une série de visites d’inspection auprès des villes et territoires intéressés par l’organisation des Jeux d’hiver de 2030.

Vue de la Maison Olympique, siège du CIO à Lausanne, Suisse (Crédits – IOC / Greg Martin)

En ce printemps 2022, les candidatures – déclarées publiquement ou non – à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2030 sont presque toutes au rendez-vous d’une visite d’experts dépêchés par l’institution de Lausanne (Suisse).

Ainsi, à l’exception du projet de Pyrénées-Barcelone (Espagne) qui demeure suspendu aux négociations en cours entre les autorités régionales d’Aragon et de Catalogne, sous l’égide du Comité Olympique Espagnol (COE), les candidatures de Salt Lake City (Utah, États-Unis), Vancouver (Canada) et Sapporo (Japon) ont ou vont recevoir la visite d’un trio de personnalités dont l’identité n’a pas été révélée par le CIO.

Première à avoir répondu présente du 27 au 29 avril, la ville américaine précitée a tâché de démontrer sa détermination et sa capacité à relever le challenge d’une nouvelle édition des Jeux, avec la mobilisation attendue des sites hérités de 2002, la force du soutien populaire et l’engagement total des autorités à chacun des échelons importants.

Pour Salt Lake City, cette visite intervient quelques mois après un échange par visioconférence orchestrée en fin d’année 2021 qui avait permis à la candidature d’être saluée par le Président du CIO en personne, Thomas Bach. Surtout, elle intervient au moment où la candidature demeure en pleine réflexion quant à l’échéance la plus appropriée pour candidater, à savoir 2030 ou 2034 et ce, au regard de la proximité calendaire avec les Jeux d’été de Los Angeles 2028.

Deuxième de la liste, Vancouver a reçu la visite des experts en milieu de semaine.

Quelques mois après l’officialisation du soutien du Comité Olympique et du Comité Paralympique du Canada, ce rendez-vous a été l’occasion pour la Ville Hôte des JO 2010 d’exposer son plan de Jeux vertueux, faisant la part belle aux sites construits et utilisés il y a douze ans maintenant, mais aussi à la volonté d’établir un événement partagé avec les communautés autochtones.

Le principal défi de Vancouver reste toutefois de convaincre la population de Colombie-Britannique de soutenir le projet, l’opinion publique étant, à ce stade, plus divisée que jamais sur cette question.

Plus tard ce mois-ci, les experts olympiques doivent enfin se rendre à Sapporo qui, bénéficiant à plein du succès des Jeux de Tokyo 2020, espère inscrire à nouveau son nom au-dessus des cinq célèbres anneaux.

Face à l’indécision de Salt Lake City, la cité nippone apparaît d’ailleurs aujourd’hui comme la favorite d’une course qui ne dit pas son nom. Au-delà d’une persévérance remarquée après l’abandon contraint dans la quête des JO 2026, elle dispose de sites pour partie hérités des Jeux d’hiver de 1972 et d’un concept misant aussi sur l’utilisation d’infrastructures parfois éloignées de la ville-centre, dans le but de limiter les dépenses, conformément aux souhaits du CIO.

Sur ce point, les dernières semaines ont permis aux porteurs du projet d’exposer une cartographie des sites envisagés et d’annoncer une baisse du budget prévisionnel, envoyant un signal clair de détermination, illustrant de surcroît le fort intérêt de l’Asie autour d’un événement qui y a régulièrement posé ses bagages au cours des vingt dernières années, entre les Jeux de Pékin 2008 (Chine), PyeongChang 2018 (Corée du Sud), Tokyo 2020 (Japon) et Pékin 2022 (Chine), sans compter plusieurs éditions des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ).

Vue nocturne des abords du Parc Olympique de Pékin (Crédits – IOC)

A la différence des visites de terrain menées par la Commission d’Évaluation du CIO, l’inspection conduite dès la fin avril à Salt Lake City se veut plus feutrée, à huis clos et avec peu d’informations communiquées.

De fait, seules des bribes d’informations obtenues par les médias locaux auprès des porteurs des candidatures permettent de savoir le déroulé des visites, sans en connaître néanmoins la teneur et les conclusions, pour éviter sans doute la surenchère dans la communication des principales intéressées comme cela a pu être le cas par le passé.

Cette discrétion diffère immanquablement de l’ancien processus de candidatures abandonné par le CIO en 2019 et remplacé depuis par une phase dite de dialogue continu avec de potentiels hôtes, qui précède elle-même une phase de dialogue ciblé avec un futur hôte identifié.

Il faut dire que l’institution olympique est plus que jamais désireuse de regagner la confiance de territoires qui s’étaient jusqu’alors éloignés des anneaux olympiques, tant au regard d’échecs passés que du coût que représente l’aventure des Jeux. L’absence d’informations de la part du CIO peut d’ailleurs laisser à penser que d’autres villes que celles évoquées jusqu’à présent sont susceptibles de développer des projets pour 2030, en préférant à ce stade l’anonymat à une exposition en plein jour avec les risques que cela peut comporter.

Mais si le CIO peut aujourd’hui s’accorder le temps nécessaire pour attribuer de prochaines éditions de l’événement planétaire dans sa configuration estivale – avec déjà les choix de Paris 2024, Los Angeles 2028 et Brisbane 2032 – les regards se tournent désormais sur les Jeux d’hiver, avec la désignation à venir du successeur de Milan-Cortina 2026.

Ainsi, les experts envoyés par le CIO doivent accompagner les candidatures aux JO 2030 dans leur stratégie respective d’identification des sites et de planification de l’événement. Ils doivent en outre permettre à la Commission de Futur Hôte – qui remplace la Commission d’Évaluation – de disposer d’éléments techniques probants qui permettront à l’instance présidée par Octavian Morariu, de produire un rapport qui sera ensuite adressé à la Commission Exécutive du CIO et d’engager, peut-être, des visites plus ouvertes.

Quoiqu’il en soit, une décision définitive de l’institution olympique ne devrait pas intervenir avant le courant de l’année 2023, et la tenue de la 140ème Session à Bombay (Inde). D’ici-là, les efforts des uns et des autres devraient se poursuivre pour espérer se démarquer de la concurrence et recueillir de facto l’intérêt du CIO en apparaissant comme l’hôte privilégié pour 2030.

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