Au travers d’une brochure mise en ligne au début du mois de mars, la Ville de Sapporo (Japon) présente une cartographie des sites envisagés pour accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2030, tout en invitant ses habitants à soutenir la candidature.

Résolument tournés vers l’avenir, avec un projet pensé pour être le plus écoresponsable possible – en se fondant en grande partie sur l’héritage matériel des Jeux d’hiver de 1972, avec parallèlement un niveau de dépenses limité – les partisans de la candidature de Sapporo 2030 ont franchi ce mois-ci un nouveau palier, en publiant une brochure d’une trentaine de pages pour exposer les contours de cette ambition olympique et paralympique.
S’ouvrant par un propos du Maire de Sapporo à destination des habitants de la ville et de toutes les parties pouvant être intéressées par la candidature aux JO 2030, ladite brochure revient d’abord sur le passé olympique de la cité nippone, avant de détailler certains arguments qui contribuent à faire des Jeux un événement si singulier qui dépasse le seul cadre sportif.
Ainsi, les bienfaits du sport-santé sont valorisés, de même que l’attractivité globale de la ville et son développement, sans compter aussi la dimension sociétale des Jeux, notamment en ce qui concerne la perception du handicap et la notion de solidarité.
Pour le volet environnemental, la Ville de Sapporo se montre soucieuse de contribuer à la préservation des ressources et l’objectif de tendre vers une réduction des émissions de CO², tout en présentant habilement un tableau sur les endroits jugés comme étant les plus appropriés pour tenir de futures éditions des Jeux d’hiver.
Se fondant sur une étude menée par des chercheurs de l’Université de Waterloo (Canada) en 2018-2019, il est ainsi possible de constater que Sapporo fait idéalement partie de la petite douzaine de Villes Olympiques ayant la capacité – à l’aune du changement climatique – d’organiser des Jeux à l’avenir.
Sapporo se retrouve de fait dans une position des plus confortables, au même titre que Cortina d’Ampezzo (Italie), St-Moritz (Suisse), Salt Lake City (Utah, États-Unis), Albertville (France) ou encore – et peut-être plus surprenant – Pékin (Chine), Ville Hôte des JO 2022.

Outre ces arguments qui visent à rassurer l’opinion publique avant une consultation prévue de cette dernière dans les prochains mois, la Ville de Sapporo expose par ailleurs les caractéristiques de son volet financier pour les Jeux d’hiver de 2030, avec un rappel des dernières décisions adoptées en la matière pour réduire la voilure budgétaire.
Là encore, l’objectif est bien de maintenir l’intérêt de la population autour de la question olympique et paralympique, alors que le soutien populaire avait manqué à la candidature de Tokyo 2016 pourtant solide sur le plan technique.
Surtout, il s’agit aujourd’hui de s’éloigner des polémiques qui ont pu impacter Tokyo 2020, la Ville Hôte des derniers Jeux d’été ayant dû faire face à un accroissement sensible des dépenses depuis sa désignation par le Comité International Olympique (CIO) en 2013 et ce, indépendamment des répercussions liées à la crise sanitaire de ces deux dernières années.
Parfaitement conscients que les dérives budgétaires constatées sur les éditions passées des Jeux peuvent avoir des conséquences potentiellement dévastatrices lorsqu’il s’agit de sonder la population – et les exemples en ce sens sont nombreux -, les partisans de Sapporo 2030 s’appuient dès lors sur un package de 280 à 300 milliards de yens (2,19 à 2,34 milliards d’euros), dont 200 à 220 milliards (1,56 à 1,72 milliard d’euros) estimés pour le budget affilié au Comité d’Organisation des Jeux, montrant dès lors une baisse non-négligeable par rapport aux projections réalisées aux prémices de la candidature nippone.
Pour comparaison, le projet de Sapporo 2026 avait fait mention de dépenses de l’ordre de 430 à 450 milliards de yens (3,36 à 3,51 milliards d’euros) lorsqu’il fut présenté en 2016. L’enveloppe fut par la suite réduite trois ans plus tard, au moment où Sapporo se tourna plus franchement sur l’édition hivernale de 2030, avec des estimations comprises entre 310 et 370 milliards de yens (2,42 à 2,89 milliards d’euros).

Proposés du 08 au 24 février 2030 dans la configuration olympique, et du 08 au 17 mars de la même année dans la configuration paralympique, les Jeux pensés par Sapporo 2030 reposerait, comme attendu, sur une large part d’infrastructures d’ores et déjà existantes.
Concrètement, avec la promesse de 92,3% de sites existants, la candidature de Sapporo 2030 suit les traces des trois dernières Villes Olympiques désignées par le CIO, que ce soit Paris et Los Angeles pour les JO d’été 2024 et 2028, ou Milan-Cortina pour les Jeux d’hiver de 2026.
Sur les treize sites envisagés, dix seraient localisés à Sapporo et dans sa proche périphérie, avec aussi la présence du Village des Athlètes et celle des installations consacrées aux médias. Dans la principale cité de la Préfecture d’Hokkaidō, ce sont pas moins de huit de ces sites qui sont existants, avec tout de même des rénovations de plus ou moins grande ampleur pour les adapter à la réception des Jeux.
Déjà utilisé en 1972, le Nishioka Biathlon Stadium serait, comme son nom l’indique, le site des épreuves de biathlon, alors que l’Okurayama Ski Jump Stadium – qui surplombe la ville depuis son ouverture en 1931 – serait appelé à accueillir les compétitions de saut à ski.
Les épreuves alpines se tiendraient pour partie sur le secteur de Sapporo Teine, hôte d’épreuves en 1972, puis lors des Jeux Asiatiques d’hiver de 2017, tandis que les compétitions de snowboard et de freestyle pourraient se dérouler sur les pistes de la Sapporo Bankea Ski Area et du Sapporo Kokusai Ski Resort, deux lieux emblématiques de la pratique du ski près de Sapporo.
Le ski de fond et les épreuves de combiné nordique seraient quant à elles localisées au sein du Shirahatayama Open Stadium inauguré en 1990 et qui fut ensuite le théâtre des Championnats du Monde de ski nordique en 2007.
En ce qui concerne les compétitions de glace, le dispositif de Sapporo 2030 propose l’utilisation du Community Dome ou Tsudome pour les épreuves de patinage artistique et de patinage de vitesse sur piste courte (short-track).
Écrin de la Cérémonie de clôture des Jeux de 1972, le Makomanai Park Indoor Stadium serait pour sa part utilisé pour accueillir une partie du tournoi de hockey-sur-glace. Cet équipement partagerait l’affiche dudit tournoi avec le New Tsukisamu Gymnasium, qui serait alors le seul site sportif à construire.
Afin de compléter ce dispositif des sports de glace, Sapporo 2030 envisage enfin l’utilisation temporaire de l’historique Tsukisamu Gymnasium pour la réception des épreuves de curling.
Pour ce qui est des autres infrastructures qui pourraient être amenées à participer à l’effort des Jeux, le Sapporo Dome serait l’écrin adéquat pour la tenue des Cérémonies d’ouverture et de clôture, avec par ailleurs, la disposition dans le parc adjacent de la place de remise des médailles. Régulièrement hôte d’événements sportifs internationaux – dont des matchs de la dernière Coupe du Monde de rugby en 2019 – le Sapporo Dome offrirait une capacité maximale supérieure à 50 000 places.
Non loin de cet équipement, le Main Press Center (MPC) et l’International Broadcast Center (IBC) pourraient établir leur quartier respectif dans le périmètre du Sapporo Convention Center et au sein d’un nouvel édifice.
Structure centrale des Jeux, le Village des Athlètes pourrait de son côté prendre place dans l’arrondissement de Toyohira-ku, non loin du Sapporo Dome et à égale distance des deux lieux précités pour les opérations des médias.
Si d’autres options sont à l’étude, le Village de Sapporo 2030 serait néanmoins pensé pour être en mesure d’héberger jusqu’à 5 500 personnes durant les Jeux, qu’ils s’agissent des athlètes, de leurs accompagnateurs et peut-être même des officiels de la Famille Olympique.
Le concept développé jusqu’à ce jour prévoit par ailleurs la mobilisation de trois sites excentrés sur le reste du territoire nippon et ce, afin de contribuer à limiter les dépenses.
A l’Ouest de Sapporo, Nisoko serait ainsi destiné à recevoir une partie des épreuves alpines dans le secteur montagneux de Niseko Annupuri. Plus à l’Est, Obihiro serait quant à elle sollicitée pour les compétitions de patinage de vitesse, la ville disposant depuis 2009 d’un anneau qui a notamment accueilli les épreuves de vitesse des Jeux Asiatiques d’hiver de 2017. Au Sud enfin, à plus de 1 000 kilomètres, Nagano serait aussi de la partie, avec l’utilisation de la piste des Jeux de 1998 pour permettre la tenue des épreuves de bobsleigh, de luge et de skeleton.

Avec son projet olympique et paralympique qui s’affirme chaque mois davantage, Sapporo veut bien sûr inscrire son nom dans l’histoire des Jeux, en devenant la deuxième ville nippone à recevoir à deux reprises l’événement planétaire.
Mais la ville veut aussi clôturer une décennie marquée par l’accueil au Japon de grands événements, entre les Jeux de Tokyo 2020, l’Exposition Universelle prévue à Osaka en 2025 et les Jeux Asiatiques Aichi-Nagoya 2026.
Pour le Maire de Sapporo, la candidature en cours de déploiement est une opportunité à saisir, et reflète plus encore l’ambition de la ville pour les prochaines décennies.
Dans sa lettre aux habitants, placée en préambule de la brochure de présentation du projet, Katsuhiro Akimoto expose à cet égard :
Je crois que les initiatives visant à accueillir les Jeux Paralympiques pour la première fois et les Jeux Olympiques pour la deuxième fois en 2030 sont importantes pour l’avenir de la ville et servent de pierre angulaire pour soutenir son développement futur sur les 50 à 100 prochaines années.
Votre compréhension et votre coopération sont indispensables pour que Sapporo 2030 puisse devenir une réalité.
Par conséquent, nous aurons un dialogue étroit avec vous, nous confirmerons vos opinions et vos espoirs à travers diverses opportunités, tout en les prenant en considération au fur et à mesure que nous poursuivrons le travail de planification.
A ce stade, Sapporo semble tenir la corde pour in fine remporter la mise, même si la concurrence de Salt Lake City, elle-aussi concentrée sur 2030, pourrait être rude. Les deux Villes Olympiques – hôte en 1972 et en 2002 – sont en tout cas en position de force face aux autres candidatures, que sont notamment Vancouver (Canada) et Pyrénées-Barcelone (Espagne).
A l’aune de la nouvelle mouture du processus des candidatures, le CIO va poursuivre son dialogue avec l’ensemble des prétendantes, avant d’affiner la discussion avec l’une d’elles, en attendant une désignation possible du futur hôte lors de la 140ème Session planifiée à Bombay (Inde) en 2023.
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