En invitant Brisbane et le Comité Olympique Australien (AOC) à participer à un dialogue ciblé pour les Jeux d’été de 2032, la Commission Exécutive du Comité International Olympique (CIO) a décidé de suivre la recommandation formulée ce mercredi 24 février par la Commission de Futur Hôte.

Candidate malheureuse pour les Jeux de 1992, et régulièrement citée par la suite pour prendre le relais de Sydney 2000, Brisbane pourrait bien goûter à son tour au rêve olympique et paralympique.
Le projet, élaboré depuis quelques années avec l’appui des autorités locales et fédérales, dispose en effet de nombreux atouts qui rendent aujourd’hui probable la désignation de la ville australienne et de la région du Queensland pour être hôtes des Jeux en 2032, quatre ans après la célébration d’ores et déjà programmée de l’Olympiade de Los Angeles 2028 et huit années après celle entourant Paris 2024.
En préambule d’un rapport de faisabilité, publié en fin de journée, la Présidente de la Commission de Futur Hôte ne manque d’ailleurs pas de souligner la qualité dudit projet.
Comme l’affirme ainsi Kristin Kloster Aasen :
La Commission Exécutive et la Commission de Futur Hôte ont relevé les excellents progrès accomplis, la solidité du projet et les possibilités stratégiques que celui-ci offre au Mouvement Olympique. Le projet remplit tous les critères pour passer à l’étape suivante.
Par la suite, le rapport de 63 pages liste et détaille les forces de la candidature australienne, tout en apportant des propositions alternatives lorsque cela est jugé opportun dans l’optique d’atténuer les coûts d’organisation et de préserver un modèle reposant massivement – entre 80 et 90% – sur l’utilisation de sites existants ou temporaires.
Pour la Commission, l’expérience de l’Australie dans l’accueil des grands événements sportifs internationaux plaide aussi en faveur du dossier du Queensland, de même que le fort engagement des pouvoirs publics, l’adhésion de l’opinion publique – 64 à 68% selon le sondage réalisé en janvier 2021 par Publicis Sport & Entertainment pour le compte du CIO -, ou encore le haut niveau logistique intégrant aussi bien les transports actuels et envisagés, que la capacité hôtelière.

Dans une première partie, intitulée “Évaluation stratégique”, l’instance mise en place en 2019 dans le cadre de la réforme de la gouvernance et du processus des candidatures baptisée “Nouvelle Norme”, s’est concentrée sur la vision du projet, sur le contexte politique et économique, avec une dimension relative à l’impact de l’événement pour surmonter la crise consécutive à l’épidémie de Covid-19.
De fait, la Commission rappelle que l’un des objectifs premiers du projet – qui s’aligne sur les plans de développement du Queensland sur le long terme – est de consacrer la position de cette région australienne en tant que hub touristique majeur sur la partie Asie-Pacifique, avec par ailleurs une attractivité économique renforcée et un accroissement de la pratique sportive au sein de la population. Sur ce point, le rapport de faisabilité rappelle aussi que le Queensland pèse 5,2 des 25,4 millions d’habitants présents dans le pays, avec en outre 25% de la population âgée de moins de 20 ans.
Sur l’aspect politique, la stabilité institutionnelle est également évoquée par la Commission, qui revient en particulier sur des dates-clés relevées au cours des derniers mois, que ce soit la réélection de la Première Ministre du Queensland, Annastacia Palaszczuk, pour un troisième mandat, le 31 octobre 2020, la rencontre entre le Président du CIO, Thomas Bach, et le Premier Ministre de l’Australie, le 17 novembre de la même année, ou plus récemment, le soutien réitéré par le Southeast Queensland Council of Mayors dans un courrier adressé au CIO le 11 décembre 2020.
Il y a quelques jours, le 08 février, les trois niveaux de gouvernement ont à leur tour renouvelé leur engagement commun en faveur du projet, consolidant dès lors ce dernier aux yeux de l’institution olympique.

Dans une seconde partie, la Commission de Futur Hôte s’est focalisée sur une “Évaluation technique” de la candidature de Brisbane et de ses alentours, avec un point d’attention portant sur le concept des Jeux proposé par les australiens et les perspectives d’héritage de l’événement pour le territoire, notamment au niveau des retombées économiques et sociales.
Concernant ce qu’il convient de nommer le masterplan, la Commission rappelle que le concept repose sur trois clusters, incluant Brisbane, avec pas moins de 21 sites, Gold Coast (6 sites à 65 kilomètres de la ville-centre) et Sunshine Coast (3 sites à 85 kilomètres de Brisbane).
Dans le détail des infrastructures appelées à être utilisées au moment des Jeux, deux Villages des Athlètes pourraient être aménagés avec une capacité de 14 000 lits à Brisbane – dans un espace à aménager sur 40 à 50 hectares – et de 2 000 lits à Gold Coast, via, pour cette dernière, la mobilisation d’hôtels existants.
Sur le plan des sites, sept nouveaux équipements pourraient voir le jour, bien que le CIO pourrait voir d’un bon œil un abaissement à seulement deux nouvelles installations, ce qui permettrait d’atteindre le seuil de 90% de sites existants ou temporaires. Dans ce même souci d’optimisation des infrastructures et de limitation des dépenses, le concept des Jeux Paralympiques reprendrait pour partie celui des Jeux Olympiques, avec toujours trois clusters et le principe de deux structures d’hébergement pour les compétiteurs.

A Brisbane, les Cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux et les épreuves d’athlétisme, pourraient élire domicile au sein d’un nouveau stade d’une capacité de 50 000 places. Toutefois, la Commission de Futur Hôte préconise l’utilisation du Carrara Stadium (40 000 places) de Gold Coast pour l’athlétisme et celle de l’emblématique Gabba (40 000 places) pour les Cérémonies.
De la même manière, alors que les porteurs de la candidature envisagent la construction d’un nouveau Centre Aquatique baptisé Brisbane Arena (15 000 places), l’instance olympique propose davantage le réemploi du site aménagé dans le cadre des Jeux du Commonwealth en 2018. Toujours dans cette approche de durabilité du concept, le CIO propose de transférer le tournoi de basketball dans la nouvelle aréna pré-mentionnée plutôt que de bâtir une autre structure de 15 000 places. Pour le hockey-sur-gazon, la Commission de Futur Hôte préconise l’utilisation du site existant de Gold Coast afin d’atténuer des frais qui pourraient potentiellement être élevés pour réaménager le Ballymore Stadium de Brisbane.
Parmi les autres équipements proposés dans la ville-centre, le Brisbane Aquatics Centre serait hôte des épreuves de natation synchronisée, de plongeon et de water-polo (4 300 places). Le South Bank Piazzy existant (4 500 places) pourrait quant à lui recevoir le basketball 3×3, tandis que Brisbane Showgrounds serait mobilisé pour les épreuves équestres (15 000 places), tout comme le Victoria Park (25 000 places) qui pourrait aussi accueillir les compétitions de BMX (5 000 places). Le cyclisme sur piste pourrait pour sa part se tenir au sein de l’enceinte Anna Meares Velodrome (4 000 places) déjà sollicitée pour les Jeux du Commonwealth il y a désormais près de trois ans.
En plus de ces sites, Brisbane et ses environs seraient également appelés à abriter les compétitions de gymnastique, avec le nouveau Chandler Indoor Sports Centre de 10 000 places, mais encore le tir sportif au sein du Brisbane International Shooting Centre (2 000 places), sans compter aussi le Lang Park pour les finales de football et de rugby (52 000 places), et le Brisbane Convention & Exhibition Centre pour le tennis de table, l’escrime, le taekwondo et le badminton réunis dans trois halls configurés avec une jauge allant de 6 000 à 6 500 places. Le tir-à-l’arc pourrait de son côté élire domicile au cœur d’un site temporaire aménagé dans le secteur de South Bank Cultural Forecourt (4 000 places).
Enfin, sept autres équipements existants ou envisagés par la candidature de Brisbane seraient utilisés dans un périmètre limitrophe, incluant le State Netball Centre pour la boxe (6 000 places), le Brisbane Entertainment Centre (11 000 places) pour le tournoi de handball, le Ipswich Stadium de 20 000 places pour le pentathlon moderne, le Royal Queensland Yacht Squadron (10 000 places) pour la voile et le Queensland Tennis Centre pour le tennis, avec des trois courts principaux de 2 000, 4 000 et 6 000 places. Concernant le canoë-kayak (8 000 places) et l’aviron (14 000 places), le CIO recommande de préférer l’installation de ces sports au sein des sites existants hérités des Jeux de Sydney 2000 plutôt que de construire deux nouvelles structures dont l’utilisation post-Jeux pourrait être problématique.

Dans la zone de Gold Coast, quatre sites existants et deux sites temporaires sont proposés par la candidature australienne, incluant dans l’ensemble quatre équipements déjà rodés par l’accueil des Jeux du Commonwealth en 2018.
Le Gold Coast Sports and Leisure Centre (7 500 places) pourrait ainsi recevoir le judo et la lutte, tandis que le Coomera Indoor Sports Centre (11 000 places) pourrait accueillir les phases finales du tournoi de volley-ball. Le Gold Coast Convention and Exhibition Centre serait quant à lui mobilisé pour le tournoi préliminaire de ce sport, ainsi que pour l’haltérophilie (5 000 à 6 000 places), Broadwater Parklands pouvant pour sa part accueillir le triathlon et les épreuves de natation en eau libre (5 000 places).
Le Royal Pines Resort serait quant à lui susceptible d’accueillir le golf (15 000 places), le beach-volley étant de son côté proposé dans un écrin temporaire de 12 000 places (Broadbeach Park Stadium).

Dans la zone de Sunshine Coast, troisième et dernier cluster du dispositif voulu par la candidature du Queensland, quatre sites de compétitions ont été identifiés, avec dans le détail, deux sites existants, un site temporaire et un équipement nouveau envisagé.
Une partie des épreuves de voile pourrait dès lors se tenir dans le secteur de Whitsunday Islands (2 000 places) et dans celui d’Alexandra Headland sur la côte (5 000 places), ce dernier espace étant aussi proposé pour le cyclisme sur route, ainsi que le marathon et les épreuves de marche.
Le VTT serait en outre installé au cœur du Sunshine Coast Mountain Bike Park (10 000 places) et le tournoi préliminaire de basketball pourrait se dérouler au sein du Sunshine Coast Convention and Entertainment Centre (6 000 places), bien que le CIO n’estime pas nécessaire de proposer plusieurs structures pour le ballon orange.
Concernant le tournoi de football, qui nécessite la mobilisation de plusieurs enceintes, les porteurs de la candidature prévoient, outre le site de Lang Park à Brisbane, l’installation des matchs dans huit autres stades, incluant le Sydney Football Stadium (42 500 places) et le Melbourne Rectangular Stadium (30 000 places).

Pour mener à bien ce projet territorialisé, le rapport de faisabilité rappelle que la candidature de l’Australie se fonde sur un budget d’organisation de 4,45 milliards de dollars australiens, soit 3,54 milliards de dollars ou 2,91 milliards d’euros, entièrement financé par le privé, les pouvoirs publics étant tout de même à la manœuvre en ce qui concerne certains postes-clés comme la sécurité ou les services relatif à la santé.
Ce chiffrage représente une baisse significative par rapport aux projections réalisées en février 2019 lors de la mise en place d’une étude d’opportunité et de faisabilité. A l’époque, les conclusions de ladite étude avaient tablé sur un budget d’organisation de 5,3 milliards de dollars australiens, avec des recettes en provenance de la contribution du CIO à hauteur de 1,7 milliard de dollars et des divers postes générateurs de revenus comme la billetterie ou le programme des sponsors pour un global de 2,7 milliards.
Sur le plan des retombées économiques projetées par les candidats, et probables organisateurs des JO 2032, pas moins de 7,4 milliards de dollars australiens sont attendus sur l’ensemble de la région du Queensland (4,84 milliards d’euros), avec par ailleurs la création espérée de 130 000 emplois directs et plusieurs milliers d’emplois indirects, dont 10 000 pour le seul secteur du tourisme.
La tenue des Jeux pourrait en outre contribuer à l’accroissement dudit secteur avec à la clé jusqu’à 20,2 milliards de dollars australiens de retombées touristiques entre 2020 et 2036 selon les autorités locales (13,22 milliards d’euros).

Avec l’engagement de Brisbane et de sa région dans un dialogue ciblé avec le CIO – ou de négociation exclusive – l’Australie peut aujourd’hui raisonnablement anticiper le retour des Jeux sur son sol et ce, après le déroulement de l’événement à Melbourne en 1956 et à Sydney en 2000.
Les Jeux de 2032 représenteraient dès lors une aubaine pour toute une génération et, pour le CIO, un retour significatif dans un pays qui compte parmi les plus médaillés aux Jeux d’été, avec quelques 497 médailles glanés, ce qui place l’Australie au 8e rang des médailles remportées lors des éditions estivales.
Pour l’institution de Lausanne, l’attribution probable des Jeux au Queensland dans un avenir plus ou moins proche – peut-être cette année ou dans le courant de l’année 2022 – lui assurerait par ailleurs une marge de manœuvre non-négligeable, avec non plus deux mais trois Olympiades sécurisées entre 2024 et 2032. Du jamais vu.
Dans l’optique où le CIO viendrait à confirmer le choix de Brisbane et de ses alentours pour l’accueil de cette dernière échéance, les recalés du nouveau processus de candidature pourraient se retrouver dans une phase de dialogue portant sur la période 2036-2040.
De quoi affiner certains projets en cours de développement mais à un stade moins convaincant que le dossier australien. De quoi aussi, envisager l’émergence de nouvelles candidatures.
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