Dans l’optique de l’organisation des Jeux Paralympiques d’été en 2024, la Maire de Paris, Anne Hidalgo, entend donner un coup d’accélérateur aux politiques publiques menées en faveur du handicap.
Pour cela, et en marge de la stratégie parisienne “Handicap, inclusion et accessibilité universelle – 2017-2021” voté au printemps dernier par les élus du Conseil de Paris, Anne Hidalgo a dressé un point d’étape sur la prise en compte du handicap dans la “Ville Lumière”.
Ainsi, à l’occasion de la séance du Conseil de Paris qui se tient du 02 au 05 juillet, la Maire a rappelé les actions d’ores et déjà entreprises par les services de la capitale, actions qui visent à assurer une meilleure prise en compte du handicap, de même qu’une accessibilité renforcée dans les lieux recevant du public.

Concrètement, au cours de l’année 2018, un investissement important sera mené dans le cadre de travaux de mise en accessibilité d’établissements parisiens.
Si cette année, quelques 131 bâtiments doivent connaître ce type de travaux – parmi lesquels 64 écoles – ce sont 2 200 établissements et plus de 400 installations ouvertes au public (espaces verts, etc…) qui devraient être accessibles d’ici 2024.
Dans le domaine culturel, la Ville de Paris s’engage également à accélérer la mise en accessibilité totale ou partielle des musées dont elle a la charge. De fait, outre les travaux réalisés sur sept musées de la Ville, des chantiers porteront sur quatre autres établissements d’ici la fin de l’année 2019, avec un investissement global supérieur à 2,5 millions d’euros. En parallèle de l’accès aux musées, la Ville de Paris entend aussi assurer des transformations logistiques dans douze salles de spectacles de la capitale et ce, avec un budget de 400 000 euros.
Ces actions seront par ailleurs complétées par un plan de formation à destination des personnels qui accueillent des usagers en situation de handicap. Aussi, sous la responsabilité de la Direction des Ressources Humaines (DRH) de la Ville de Paris, un accompagnement des personnels sera impulsé d’ici 2020, avec la mobilisation de 1 760 agents cette année, et 2020 l’année prochaine.

Au-delà des actions menées par la Ville de Paris, Anne Hidalgo souhaite profiter de l’échéance des Jeux d’été de 2024 pour permettre une transformation des transports en commun.
Si elle n’a pas la charge du vaste réseau, comprenant en particulier le tentaculaire métro (plus de 300 stations et près de 220 kilomètres), la Ville lance néanmoins un appel à destination de la Région Île-de-France. Cette dernière, qui va consacrer un investissement de 2 milliards d’euros pour améliorer l’accessibilité des personnes à mobilité réduite, est ainsi invitée, au travers de l’autorité de gestion Île-de-France Mobilités, à réaliser des travaux sur le réseau historique.
A ce jour, seules les stations de la ligne 14 – la plus récente du réseau actuel – sont accessibles, soit l’équivalent de 9 stations sur les 303 que comportent les différentes lignes du réseau parisien.
Sur sa page dédiée à l’accessibilité, la RATP précise d’ailleurs que “les dispositions mises en œuvre permettent aujourd’hui aux personnes à mobilité réduite (PMR) et notamment aux utilisateurs de fauteuil roulant (UFR) d’emprunter l’ensemble du réseau Bus parisien (63 lignes), plus de 70% du réseau Bus de banlieue (soit plus de 200 lignes), 63 gares RER sur les 65 que compte le réseau RATP, l’ensemble des lignes de Tramway, ainsi que la ligne 14 du Métro”.
Bien que la mise en place à venir du Grand Paris Express soit de nature à faire évoluer la situation, avec une accessibilité totale sur les futures lignes, les efforts à réaliser seront important sur le réseau actuel. Ce dernier, inauguré en 1900, à l’occasion de l’Exposition Universelle, mais également pour desservir l’Est de Paris et le Bois de Vincennes où fut implanté un vélodrome dans le cadre des Jeux Olympiques, est le second plus ancien au monde après celui de Londres.
Le métro de Paris se retrouve donc face à un défi de taille dans la perspective des Jeux de 2024.

Sur ce point, la Ville de Paris prend l’exemple de Londres (Royaume-Uni) et des efforts menés en amont des Jeux d’été de 2012.
Avant cette date, l’accessibilité du réseau sous-terrain londonien était relativement limitée, mais un investissement conséquent – plus de 800 millions de livres sterling pour la seule station de correspondance de King’s Cross St.Pancras – a été réalisé.
En 2012, soit sept après l’attribution des Jeux à la capitale britannique, quelques 66 stations du métro répondaient aux normes d’accessibilité, soit un quart du réseau. Concernant le réseau suburbain et ferré, 40% des stations ont été adaptées grâce à l’organisation des Jeux. D’ici 2020, le taux d’accessibilité devrait même atteindre le seuil symbolique de 50%. En parallèle des actions menées dans le métro, sur le réseau suburbain et ferré, 8 500 bus ont été adaptés, avec des rampes automatiques et des points d’arrêts plus identifiables, de même que 22 000 taxis.
Pour Anne Hidalgo, le cas londonien est donc un exemple à suivre pour les préparatifs de Paris 2024. La Maire estime par ailleurs que le dialogue est indispensable pour repenser les modes de déplacement et adapté au mieux les dessertes actuelles.
Comme elle l’a ainsi affirmé dans sa Communication au Conseil de Paris :
“La place des personnes en situation de handicap figure parmi les enjeux prioritaires définis dès la phase de candidature de Paris 2024. A ce titre, l’héritage de Paris 2024 doit être construit en concertation avec les personnes en situation de handicap, leur famille, ainsi que les associations”.

La volonté de l’ensemble des parties prenantes au projet olympique et paralympique – Ville, Région, État, Collectivités et Associations – sera un élément déterminant pour mesurer la portée des promesses formulées, dans le cadre de la candidature de Paris 2024.
La possibilité d’une action concertée en faveur du handicap doit permettre, au-delà des Jeux et du sport, un vrai changement de paradigme dans l’Hexagone.
En janvier dernier, David Smetanine, athlète paralympique tricolore au riche palmarès, avait abordé sa propre expérience des Jeux et plus largement, le regard du public sur le handicap. Dans une interview accordée à “Sport & Société”, le nageur avait notamment souligné l’évolution dans la médiatisation des Jeux Paralympiques et l’impact de ces derniers. Selon lui :
“Cette évolution dans le temps doit être une source d’inspiration pour le projet paralympique de Paris 2024 et pour la valorisation du sport paralympique en France. Quoi de mieux que d’imaginer que les Jeux Paralympiques pourront faire briller les yeux des enfants qui ont eu un accident dans leur vie.
Montrer que tout est possible, que l’on peut se relever d’un parcours difficile, c’est un objectif légitime. Nous serons en 2024 et non en 2004 et il est à espérer que nous aurons cette révolution pour des Jeux modernes, vingt ans après Athènes. Je le souhaite et j’en suis même persuadé”.
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