JO 2030 : Sapporo reste dans le flou

Malgré la réélection du Maire de Sapporo, Katsuhiro Akimoto, ce dimanche 09 avril, le devenir de la candidature nippone à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2030 demeure incertain, d’autant plus en considérant l’opposition actuellement affirmée au sein de la population locale.

Vue des pistes de Sapporo Teine (Crédits – Sapporo Snow Resort City Website)

Les partisans de la candidature de Sapporo 2030 avaient sans doute grandement misé sur le maintien de Katsuhiro Akimoto à la tête de la principale ville de la Préfecture d’Hokkaidō pour espérer redonner du souffle au projet impacté ces derniers mois par les révélations en cascade entourant les Jeux de Tokyo 2020.

Mais si le Maire sortant a été confortablement réélu face à ces deux adversaires, ce dimanche 09 avril, avec un peu plus de 56% des suffrages, contre 28,7% pour Kaoru Takano et 15,2% pour Hideo Kibata – avec malgré tout un taux de participation avoisinant seulement 51% – le retour sur le devant de la scène du projet olympique et paralympique reste pour l’heure en suspens.

Au cours des dernières semaines, Katsuhiro Akimoto avait lui-même reconnu toute la difficulté de conduire une candidature de cette envergure alors que le scandale tokyoïte perdure, avec notamment des répercussions non-négligeables sur l’opinion publique.

Comme l’avait ainsi affirmé le Premier magistrat de la ville de près de 2 millions d’habitants :

Je pense que les stations de ski et de sports d’hiver seront un plus pour l’avenir de Sapporo, mais je ne pense pas que nous puissions avancer sans résoudre au préalable les problèmes des Jeux de Tokyo.

Katsuhiro Akimoto, Maire de Sapporo, et Thomas Bach, Président du Comité International Olympique, le 07 août 2021 (Crédits – IOC / Greg Martin)

Aussi, en dépit de la réélection de cet artisan majeur de la candidature nippone aux JO 2030, la population ne semble à ce jour pas favorable à ce que Sapporo s’engage plus avant dans une démarche d’accueil du plus grand événement sportif hivernal au monde.

Deux nouveaux sondages ont en ce sens montré une défiance confirmée à l’égard d’une telle entreprise.

Réalisé par l’agence Jiji Press, un sondage* a de fait révélé que 53% des électeurs interrogés ce dimanche à la sortie des urnes ont affirmé leur opposition à une candidature de la Ville Hôte des JO 1972, tandis que 27% ont à l’inverse exprimé leur soutien à l’égard de ce projet. Dans le même temps, 20% des électeurs interrogés se sont déclarés indécis.

Enseignement intéressant de ce sondage – en particulier pour la suite à donner à l’ambition olympique et paralympique nippone – l’électorat du Maire sortant est à l’évidence particulièrement morcelé sur la question de la candidature de Sapporo entre les opposants (31%), les partisans (41%) et les indécis (28%).

Un autre sondage, mené ce dimanche par Hokkaïdo Cultural Broadcasting (UHB), a pour sa part fait état d’un taux d’opposition à la candidature olympique et paralympique à hauteur de 60%.

Avec une opposition qui persiste depuis plusieurs mois, il apparaît aujourd’hui délicat d’envisager une réactivation du projet dans les semaines, voire même dans les mois à venir, sauf à convenir tout à la fois d’une refonte des conditions de candidature à l’aune des révélations autour de Tokyo 2020, d’une adaptation des arguments-clés de Sapporo 2030 pour rassurer la population, et peut-être aussi d’un engagement dans la mise en œuvre d’un référendum, idée que le Maire de Sapporo a jusqu’à présent fermement écartée.

Vue de la Maison Olympique à Lausanne, avec au loin, le Lac Léman et les Alpes (Crédits – IOC / Adam Mork)

Les déboires de Sapporo sont en tout cas scrutés avec attention par le Comité International Olympique (CIO) qui, bien que pouvant se satisfaire d’un certain intérêt autour des prochaines éditions hivernales à attribuer, avait décidé en fin d’année 2022 de renverser la table du processus de sélection du futur hôte des JO 2030.

Désormais, une désignation formelle ne devrait pas intervenir avant la Session du CIO qui se tiendra en marge des Jeux d’été de Paris 2024. Le temps d’ici-là de recueillir les intentions des prétendantes et de discuter avec ces dernières dans le cadre des nouvelles phases de dialogue continu, puis de dialogue ciblé.

Il n’empêche, la disparité des candidatures ne permet pas aujourd’hui à l’institution olympique d’être dans une confortable position, sauf à imaginer l’attribution de cette édition à Salt Lake City (Utah, États-Unis) qui, tout en se positionnant davantage sur 2034, se montre toujours disponible pour reprendre le flambeau des Jeux dès 2030, avec un taux d’adhésion au sommet et des atouts massifs.

Parmi les autres candidatures déclarées, Sapporo – qui a un temps fait figure de favorite – est donc actuellement sur pause, tout comme Vancouver (Colombie-Britannique, Canada) confrontée au refus de financement de l’échelon provincial pourtant indispensable à l’établissement d’une candidature.

La Suède de son côté a récemment avancé ses pions, mais plusieurs obstacles sont présents sur la route d’une possible candidature, entre conclusions à venir de l’étude préliminaire, attentisme des pouvoirs publics, et doutes de la population quant à l’opportunité d’une telle initiative.

La Suisse a également fait part de son intérêt il y a peu, sans toutefois déterminer une échéance particulière, et avec elle-aussi des questions en suspens, en particulier à l’aune des échecs passés pour partie consécutifs à des votations citoyennes défavorables.

* Sondage réalisé par l’agence Jiji Press à la sortie des urnes auprès de 651 électeurs, dimanche 09 avril 2023.

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