Actuellement sous le feu des projecteurs, avec l’accueil des Jeux du Commonwealth, la ville de Birmingham (Royaume-Uni) pourrait bien se laisser tenter par une nouvelle candidature à l’organisation des Jeux d’été, elle qui fut en lice pour l’édition de 1992.

La semaine dernière, jeudi 28 juillet, le Prince Charles a officiellement proclamé l’ouverture des Jeux du Commonwealth qui, après Manchester en 2002, retrouvent le sol britannique cette année en s’installant dans les Midlands de l’Ouest, à Birmingham et ses environs.
Pour l’occasion, pas moins de 30 000 spectateurs s’étaient donnés rendez-vous dans les tribunes rénovées de l’Alexander Stadium de Birmingham, l’un des sites hôtes de l’événement avec également la participation du Vélodrome des JO 2012 à Londres.
Jusqu’au 08 août, ce sont quelques 1,3 million de spectateurs qui devraient venir assister aux épreuves planifiées autour de 25 sports et para-sports au sein de 14 stades et arénas. Pour les organisateurs – et à l’aune de la billetterie établie – cela constituerait un record d’affluence pour une édition des Jeux organisés au Royaume-Uni.
Face à cet engouement populaire annoncé – l’année même de célébration du dixième anniversaire des Jeux de Londres 2012 – les autorités locales ne semblent d’ailleurs pas fermées à l’idée de présenter une candidature à l’organisation de l’événement olympique et paralympique avec, comme prochaine échéance disponible, 2036 ou 2040.
Dans une récente déclaration à la presse britannique, le leader du Conseil Municipal de Birmingham a en tout cas évoqué cette possibilité, en prenant tout de même le soin de rappeler le niveau d’investissements à mettre en œuvre et la nécessité pour cela d’obtenir l’appui des autorités nationales.
Ainsi que l’a affirmé Ian Ward :
Je n’exclurais jamais rien.
Mais si vous regardez les exigences pour des Jeux Olympiques, nous aurions besoin d’investissements importants pour les infrastructures de la ville et de la région au sens large afin de nous permettre d’être en position de rivaliser avec la concurrence.
Si le gouvernement souhaite faire avancer une candidature à l’avenir, nous nous engagerons bien sûr avec lui. Et s’ils sont prêts à nous aider à réaliser cet investissement, nous serions ravis de présenter une future offre.

Forte de plus de 1,1 million d’habitants, et même 4,4 millions si l’on considère l’aire urbaine, Birmingham pourrait donc se laisser tenter, en misant sur la dimension multi-sports des Jeux du Commonwealth et sur le rayonnement de ces derniers à l’échelle internationale, deux éléments-clés pour créer un tremplin adéquat dans le but de soumettre à la British Olympic Association (BOA), un projet susceptible de convaincre in fine les membres du Comité International Olympique (CIO).
Si une telle aventure reste encore à définir, un exemple récent pourrait bien servir de source d’inspiration. En Australie, Brisbane et le Queensland ont en effet parfaitement réussi à surfer sur le succès des Jeux du Commonwealth 2018 pour bâtir une candidature régionale pour les JO 2032, avec l’issue gagnante que l’on connaît.
Le positionnement – certes prudent – de Birmingham, pourrait en outre trouver un écho dans la publication, en février 2022, d’un livre blanc à l’initiative du gouvernement britannique de Boris Johnson.
Dans ce document de plus de 330 pages, intitulé “Leveling Up” et consacré à l’attractivité du Royaume-Uni, il est notamment précisé que :
Le gouvernement britannique charge UK Sport de mener des travaux de faisabilité sur la perspective d’organisation des événements sportifs majeurs au Royaume-Uni.
Ce travail se concentrera sur les opportunités en dehors de Londres et ce, dans un souci d’étayer l’ambition de mettre à niveau le Royaume-Uni.
Du fait de cette volonté d’élargir le champ des possibles au-delà de la seule capitale, le Royaume-Uni pourrait dès lors chercher à faire émerger une candidature olympique et paralympique d’une ville de moindre envergure, avec cependant des moyens et une logistique encore à déterminer.
Pour Birmingham, le challenge pourrait être opportun, elle qui fut candidate aux Jeux de 1992.
Néanmoins, la ville devrait sans douter compter avec la concurrence frontale de Londres où, depuis près de deux ans maintenant, son Maire, Sadiq Khan, milite en faveur d’une nouvelle candidature dans l’espoir de faire de la capitale britannique, la première cité olympique auréolée à quatre reprises des cinq célèbres anneaux (1908, 1948, 2012).
Face à la richesse des infrastructures sportives et non-sportives présentes à Londres, le pari éventuel de Birmingham serait osé – à n’en pas douter – sauf à imaginer que le BOA et les autorités nationales ne fassent le choix conjoint de miser sur une candidature d’une ville de province.

Aujourd’hui, rares sont en tout cas les pays qui, dans l’optique d’une candidature aux Jeux, sont potentiellement confrontés à une multitudes d’offres territoriales crédibles et compétitives.
Les États-Unis et la Russie en font partie, la Chine pourrait aussi le devenir avec l’hypothèse d’une candidature prochaine de Shanghai, Wuhan ou encore l’alliance Chengdu – Chongqing.
En Europe en revanche, les possibilités sont plus limitées, à l’exception peut-être de l’Allemagne, qui a tenté d’autres projets après l’échec de celui de Berlin 2000, avec le choix de Leipzig dans la course aux JO 2012, puis de Hambourg pour ceux de 2024, avant l’étude d’une candidature au niveau du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie pour 2032.
De son côté, l’Espagne a bien mis en œuvre par trois fois une candidature de Madrid pour espérer reprendre le flambeau de Barcelone 1992, mais à chaque fois, l’échec a été au rendez-vous (2012, 2016, 2020). Auparavant, Séville avait elle-aussi tenté l’expérience, avec une candidature – infructueuse – pour les JO 2004.
En France, les dernières années ont montré que seule Paris pouvait aujourd’hui être en mesure de rivaliser sur la scène internationale et ce, bien que des candidatures de province se soient épisodiquement détachées, mais sans succès final (Lyon 1968, Lille 2004).
Au Royaume-Uni, Londres est à ce jour la seule et unique ville à avoir réussi le pari des Jeux, même si Manchester et Birmingham ont, chacune en leur temps, essayé d’inscrire leur nom au panthéon olympique.
La première avait ainsi développé un projet pour les Jeux du Centenaire de 1996, avant de tenter ceux de l’an 2000. La seconde s’était quant à elle aventurée dans la course aux JO 1992, malgré la présence de la favorite de l’époque, Barcelone (Espagne), et de Paris (France) alors déjà deux fois cité olympique (1900 et 1924).
Aussi, avec seulement 8 suffrages glanés au premier tour, comme au second, Birmingham fut éliminée de ladite course, le 17 octobre 1986, laissant se départager la cité catalane (47 voix), la capitale française (23), Brisbane (10) et Belgrade (alors en Yougoslavie, 5 voix).

En cette année 1986, la ville britannique avait pourtant tâché de mettre toutes les chances de son côté, avec notamment l’investissement personnel de la Princesse Royale, Anne.
Dans la lettre d’accompagnement au dossier de candidature découpé en trois volumes, cette dernière avait d’ailleurs affirmé :
La qualité de la candidature de Birmingham me fait une forte impression, en particulier le concept d’abriter dix sports sous un même toit au National Exhibition Centre, et la proposition de construire un nouveau stade et le village sur le même site.
[…] Monsieur le Président (Samaranch), c’est mon plaisir à transmettre l’invitation unifiée de Birmingham et du mouvement olympique britannique, à vous et à vos collègues à organiser les Jeux d’été de 1992 dans notre pays. Nous attendons le plaisir d’accueillir toute la Famille Olympique en Grande-Bretagne et à Birmingham où vos collègues seront assurés que les Jeux de la XXVème Olympiade seront promus avec amitié et avec distinction.
Concrètement, le concept développé par Birmingham reposait alors sur l’installation d’un Complexe Olympique comprenant en son sein le nouveau Stade Olympique de 70 000 places pour les Cérémonies d’ouverture et de clôture et les épreuves d’athlétisme.
Adjacent à cette enceinte et figurant aussi dans le Complexe Olympique, le Centre National d’Expositions – transformé pour l’occasion en Halls des Sports Olympiques – aurait été consacré à la réception du badminton, de la boxe, de l’escrime, de la gymnastique, du handball, du judo, du tennis de table, du volleyball, de l’haltérophilie, de la lutte, de l’épreuve d’escrime du pentathlon moderne et enfin à la démonstration de trampoline.
Le Complexe aurait également été le lieu d’installation du Village des Athlètes – deux Villages satellites auraient en outre été conçus à Weymouth et à Nottingham – composé de multiples chalets, ainsi que du Centre Principal des Médias.

Pour le reste, à 10 minutes du Complexe précité, le Vélodrome de Birmingham projeté pour l’événement aurait accueilli le cyclisme sur piste.
A 25 minutes, le tennis aurait pris ses quartiers sur le site de Edgbaston Priory, les épreuves aquatiques – natation, natation synchronisée, plongeon, water-polo et épreuve de natation du pentathlon moderne – auraient été localisées au sein de la Birmingham Leisure Pool. Dans un même temps de trajet par rapport au Complexe Olympique, les sports équestres, l’épreuve d’équitation du pentathlon moderne et le tir-à-l’arc auraient quant à eux été positionnés au cœur du Stoneleigh Park, tandis que le basketball et le hockey-sur-gazon auraient pris place sur le site de Perry Park.
Distant de 35 minutes du Complexe Olympique, le Centre National de tir de Wolverhampton aurait en toute logique abriter les compétitions de tir, de même que l’épreuve de tir du pentathlon moderne.
Enfin, à 55 minutes – et indépendamment des stades de football mobilisés sur plusieurs sites, et du Centre National de voile installé à Weymouth, dans le comté de Dorset, à 280 kilomètres de Birmingham – le Centre National des sports aquatiques de Nottingham aurait accueilli le canoë-kayak, l’aviron et, en démonstration, le ski nautique.
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