Évoquée dès 2019 et récemment affichée comme un objectif par le Maire de Londres, la perspective d’une candidature aux Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de 2036 ou 2040 refait aujourd’hui surface, même si des questions demeurent en suspens.

Hôte des Jeux de 2012, Londres avait alors inscrit son nom au Panthéon des Villes Olympiques, en organisant l’événement planétaire pour la troisième fois de son histoire, après les éditions de 1908 et de 1948.
Profitant du profond réaménagement de l’East End, la capitale britannique avait su livrer des Jeux d’une grande intensité au cœur de sites historiques ou nouvellement édifiés. Dix ans plus tard, le Queen Elizabeth Olympic Park est devenu un écoquartier modèle, dont l’agencement se poursuit continuellement, autour du Stade Olympique, mais encore du Centre Aquatique.
Forte de ce succès, Londres pourrait se laisser tenter à une nouvelle candidature pour organiser les Jeux une quatrième fois. Depuis 2019, l’idée est en tout cas régulièrement évoquée. L’an passé, alors en pleine campagne pour sa réélection, le Maire de Londres, Sadiq Khan, en avait même fait un argument parmi ses propositions.
Le 04 mai 2021, l’édile londonien avait ainsi affirmé avec enthousiasme :
Explorer une candidature pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2036 ou 2040 est la démonstration ultime de mon plan visant à bâtir un avenir meilleur pour Londres après la pandémie.
Mon ambition est que Londres accueille les Jeux les plus durables de tous les temps, mettant en valeur le Green New Deal pour Londres avec des investissements dans des projets à faible émission de carbone et des actions pour assainir l’air de Londres.
Cette semaine, le Maire de la capitale britannique a une fois de plus abordé la question d’une candidature olympique et paralympique, estimant que le nombre et la qualité des sites existants permettraient de limiter les dépenses prévisionnelles.
Au cours d’un déplacement à New York (États-Unis), Sadiq Khan a ainsi déclaré :
Nous avons les installations à Londres, donc le coût ne serait pas énorme, et nous pourrions avoir les Jeux Olympiques les plus verts de tous les temps.
Nous travaillons sur des plans préliminaires et nous discutons avec le Comité International Olympique.

Malgré l’existence d’infrastructures héritées de 2012, des investissements plus ou moins onéreux devraient tout de même être réalisés pour accueillir à nouveau les Jeux et ce, même si le Comité International Olympique (CIO) se montre désormais plus souple envers les candidates et les organisateurs.
Il serait de fait nécessaire de bâtir un nouveau Village des Athlètes, le site de 2012 ayant été remodelé en milliers d’appartements, revendus par la suite à des particuliers. Le seul coût d’édification d’un tel équipement peut toutefois se chiffrer à près d’un milliard d’euros à la charge des pouvoirs publics, des entreprises privés et des organisateurs.
Certains sites sportifs utilisés il y a dix ans devraient en outre être réadaptés pour envisager une nouvelle mobilisation, à l’instar de l’emblématique Centre Aquatique Olympique, dont la jauge a été rabaissée à environ 3 000 places pérennes contre 17 500 sièges au moment des Jeux.
D’autres installations à vocation temporaire ont été démantelées, comme la Basketball Arena et la Water-polo Arena, tandis que le grand palais des expositions londonien qui fut l’écrin du tournoi de volley-ball, le Earls Court Exhibition Center, a été fermé deux ans après les JO, avant d’être démoli en 2017.

Au-delà de la question des sites et autres infrastructures nécessaires aux Jeux, l’attachement du Maire à une possible candidature ne doit pas faire oublier que l’instance olympique compétente – à savoir la British Olympic Association (BOA) – est seule décisionnaire pour soumettre un projet recevable au CIO.
Or, si des discussions ont pu avoir lieu avec l’institution de Lausanne (Suisse), des échanges devraient aussi être menés avec les membres de la BOA et, par ailleurs, avec les représentants du gouvernement britannique, ce dernier pouvant apporter des garanties financières et sécuritaires au projet.
Sur ce point, le positionnement de Boris Johnson – Maire de Londres au moment des JO 2012 – n’est pas encore connu, même si un livre blanc publié en février dernier semble davantage s’intéresser à une candidature en dehors de la capitale.
De fait, dans un document de plus de 330 pages, intitulé “Leveling Up” et consacré à l’attractivité du Royaume-Uni et à la capacité du pays à relever les défis de demain, il est notamment fait mention que :
Londres continue de récolter les fruits de l’accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques en 2012. L’accueil de grands événements sportifs peut permettre la régénération urbaine, le soutien à la croissance et à l’emploi, et l’encouragement du sport de masse.
Alors que nous approchons du dixième anniversaire des Jeux de 2012, le gouvernement britannique charge UK Sport de mener des travaux de faisabilité sur la perspective d’organisation des événements sportifs majeurs au Royaume-Uni.
Ce travail se concentrera sur les opportunités en dehors de Londres et ce, dans un souci d’étayer l’ambition de mettre à niveau le Royaume-Uni.

Pour l’heure, la conduite de cette étude de faisabilité n’a pas été précisée.
Par le passé, d’autres villes britanniques avaient bien tenté l’aventure olympique, avec moins de succès que la capitale qui, elle-même, avait échoué à remporter les Jeux de 1988.
Ainsi, avant Londres – victorieuse pour 2012 – Manchester avait développé un projet pour les Jeux du Centenaire (1996), puis pour ceux de l’an 2000, ne parvenant toutefois pas à s’imposer face aux favorites de l’époque.
Le 18 septembre 1990, la 96ème Session du CIO consacra en effet Atlanta (Géorgie, États-Unis) au détriment d’Athènes (Grèce) à l’issue de cinq tours de scrutin (51 voix contre 35 et une abstention). Dans les tours précédents, Manchester avait réussi à obtenir 11 suffrages, évitant une élimination d’entrée face à Belgrade (alors capitale de la Yougoslavie ; 7 voix), tout en étant déjà loin derrière les autres prétendantes aux anneaux olympiques : Athènes, 23 voix ; Atlanta 19 voix ; Toronto (Canada), 14 voix ; et Melbourne (Australie), 12 voix. La candidature britannique fut ensuite sortie au second tour de scrutin, ne recueillant que 5 suffrages, contre 23 pour Athènes, 21 pour Melbourne, 20 pour Atlanta et 17 pour Toronto.
Quelques années plus tard, Manchester était parvenue à rester légèrement plus longtemps dans la course, avec néanmoins une issue similaire.
Au premier tour de scrutin, le 23 septembre 1993, la ville avait ainsi obtenu 11 suffrages, contre 30 pour Sydney (Australie) et 32 pour Pékin (Chine). Sur ce tour, Manchester avait cependant pris l’avantage sur Berlin (Allemagne ; 9 voix) et sur Istanbul (Turquie ; 7 voix). Au second tour, Manchester (13 voix) avait réussi à distancer la capitale allemande, alors éliminée avec seulement 9 voix, mais avait échoué dans le même temps à combler son retard sur les deux leaders (Sydney, 30 voix et Pékin, 37 voix). In fine, Manchester fut sortie de la course au troisième tour de scrutin, ne parvenant pas à décoller d’un plancher à peine supérieur à dix voix (11 votes). Au quatrième tour, Sydney s’imposa finalement d’une courte tête face à Pékin, par 45 suffrages contre 43, bénéficiant indéniablement d’un excellent report de voix.
Antérieurement, une autre ville britannique s’était aventurée sur le terrain des Jeux.
Pour l’édition estivale de 1992, Birmingham avait ainsi essayé de se frotter à la grande favorite d’alors, Barcelone (Espagne), soutenue par le Président du CIO, Juan Antonio Samaranch. Aussi, avec seulement 8 voix au premier, comme au second tour de scrutin, Birmingham fut éliminée de la course, le 17 octobre 1986. Ce jour-là, la cité catalane empocha la mise (47 voix) au détriment de Paris (23), Brisbane (Australie ; 10 voix) et Belgrade (Yougoslavie ; 5 voix).
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