En dépit de la mobilisation du Champion Olympique tricolore, Steven Da Costa, le karaté ne figurera pas au programme des sports additionnels des Jeux de Paris 2024. Cette semaine, le Comité d’Organisation (COJO) et le Comité International Olympique (CIO) ont, à tour de rôle, confirmé un choix entériné dès l’année 2019.

Au cours des dernières années, l’institution olympique a adopté une série de réformes, visant à assouplir les règles autour des candidatures à l’organisation des Jeux et, pour les territoires hôtes, à leur permettre de disposer de sports additionnels, dans un souci de renouvellement de l’offre et de rajeunissement du public de l’événement planétaire.
Ainsi, Tokyo 2020 a pu s’engager dans les préparatifs des JO 2020 avec cinq propositions, à savoir le surf, le karaté, l’escalade sportive, le skateboard et le baseball/softball.
Lancée en mai 2015, la procédure d’ajout de sports additionnels pour cette Olympiade avait conduit à la candidature de pas moins de 26 Fédérations Internationales (FI), avant qu’une sélection focalisée sur les cinq sports précités ne soit opérée. L’ajout de ces sports avait par la suite été validé par la Commission Exécutive du CIO en juin 2016 et, deux mois plus tard, confirmé par la Session du CIO.
Dans la lignée de l’Agenda 2020 du Mouvement Olympique valorisant l’utilisation de sites existants ou temporaires, le Comité d’Organisation des JO 2020 (TOCOG) et l’institution de Lausanne (Suisse) avaient alors travaillé de concert pour faire émerger des enceintes déjà opérationnelles ou tout du moins adaptables pour recevoir les cinq nouveaux sports, sans oublier également les nouvelles disciplines comme le basketball 3×3.

Pour Paris 2024, la procédure de sélection de sports additionnels s’est déroulée de la même façon, avec d’abord un appel aux Fédérations Internationales intéressées, puis ensuite un choix restreint autour de quatre sports.
Toutefois, à la différence de la précédente édition, Paris 2024 a dû tenir compte des quotas d’épreuves et d’athlètes prédéfinis par le CIO, alors que pour Tokyo 2020, l’ajout des sports additionnels avait pu se faire en supplément des dispositions existantes.
Aussi, l’intégration pour 2024 des épreuves de surf, d’escalade sportive, de skateboard et de breakdance a été rendue possible par une modulation d’épreuves déjà en place afin de permettre aux organisateurs de respecter la limite imposée de 10 500 participants – contre 11 092 pour Tokyo 2020 et 11 238 pour Rio 2016 – et l’abaissement à 329 épreuves, soit dix de moins que pour l’édition nippone.
Ces divers éléments ont tous été entérinés par les parties au projet au cours des trois dernières années écoulées, entre l’adoption des principes relatifs à l’intégration de sports additionnels pour 2024, le choix de ces sports et celui des sites d’accueil, en passant par l’admission des propositions tricolores par le CIO, et bien sûr aussi, par la présentation du concept général en décembre 2020.
Il n’empêche, la consécration olympique de Steven Da Costa durant les Jeux de Tokyo 2020, a relancé un refrain entendu par le passé autour de la non-sélection du karaté pour le programme des JO 2024.
Certes, l’ajout de ce sport n’engendrerait certainement pas un surcoût excessif pour le COJO, au regard des équipements existants qui sont parfaitement adaptés pour le déroulement des compétitions, mais il convient néanmoins de ne pas négliger d’une part, la réglementation relative aux quotas – comme exposé précédemment – et d’autre part, le fait que les sports additionnels n’ont aucune garantie d’être à nouveau sur le devant de la scène olympique d’une édition à l’autre et ce, malgré la réussite et la performance.

Cette semaine, le COJO a d’ailleurs souhaité déminer le terrain, via un communiqué de presse ayant succédé aux propos – peut-être abrupts de son Président – Tony Estanguet. Une opération déminage complétée par l’intervention du CIO désireux de clore le débat à six mois de la tenue des Jeux d’hiver de Pékin 2022 et à trois ans de celle des Jeux d’été de Paris 2024.
Comme l’a ainsi exposé Kit McConnell, Directeur des Sports du CIO, dans le cadre d’un entretien avec l’Agence France Presse (AFP) :
La porte est effectivement fermée pour le karaté.
[…] Le but est de donner à tous des certitudes le plus tôt possible, donc aucun changement n’est possible depuis l’an dernier.
Souhaitant balayer l’argument financier véhiculé par certains défenseurs du karaté, le Directeur des Sports de l’institution olympique a également rappelé l’importance des sports traditionnels et la recherche de l’équilibre au sein du programme déjà dense des Jeux.
Comme il l’affirmé :
Si les considérations étaient purement financières, nous choisirions des sports capables de remplir des stades de 80 000 places.
[…] Certains sports traditionnels, comme l’athlétisme, la gymnastique ou la natation font toujours de très bons chiffres télévisuels.
[…] Les quatre sports choisis pour les JO 2024 apportent un véritable équilibre au programme olympique. A Tokyo, les sports collectifs et les sports de combat notamment, étaient bien représentés, mais les sports plus urbains ont apporté une dynamique très différente par rapport aux sports traditionnels.

A l’aune de ces déclarations, le karaté pourrait tenter sa chance pour la prochaine Olympiade, à savoir celle de Los Angeles 2028, même si les chances de succès paraissent faibles, le Comité d’Organisation étant sans doute davantage intéressé par un renouvellement du bail accordé au surf et peut-être par l’ajout du cricket qui, depuis plusieurs mois déjà, frappe à la porte californienne de manière plus ou moins insistante et affirmée.
Du côté du COJO parisien, la polémique autour du karaté devra immanquablement faire réfléchir les organisateurs sur la manière de communiquer et sur la pédagogie à mettre en œuvre pour accompagner la montée en puissance du projet, deux notions-clés dont Paris 2024 n’a pas vraiment réussi à faire une force depuis la phase de candidature.
Car au-delà de la question du programme sportif des Jeux, les chantiers en cours et à venir mériteront eux-aussi un engagement plus approfondi, voire parfois une explication de texte plus poussée de la part du COJO et de ses partenaires institutionnels, comme en ce qui concerne le sujet du Village des Médias ou encore le centre aquatique du Fort d’Aubervilliers en Seine-Saint-Denis.