Monument emblématique de Paris, le Grand Palais fête aujourd’hui ses 120 ans. Dans quelques mois, il fermera ses portes pour un important chantier de modernisation avant une réouverture programmée dans l’optique des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Ouvert au public le 05 mai 1900 à l’occasion de l’Exposition Universelle, se déroulant alors au cœur de la Ville Lumière, le Grand Palais se distingue des autres monuments parisiens du fait de ses dimensions et de ses caractéristiques hors normes.
Pour preuve, construit en l’espace de trois ans seulement, l’édifice a nécessité l’emploi de 200 000 tonnes de pierres – dont certaines directement héritées du Palais de l’Industrie qui trônait à cet emplacement de la rive droite de la Seine depuis 1855 – ainsi que plus de 9 000 tonnes d’acier, sans compter l’immense verrière de 17 500 m² coiffant ce qui est, encore aujourd’hui, la plus grande nef d’Europe avec une surface de 13 500 m².
Ce chef-d’œuvre de la fin du XIXème siècle – qui a connu d’importants travaux de consolidation de ses fondations et de rénovation de sa verrière entre 2001 et 2007 – s’apprête désormais à entrer dans une nouvelle ère, avec un projet de mise aux normes et de réhabilitation des espaces intérieurs afin d’en assurer une modularité optimale pour la tenue régulière d’événements culturels mais aussi sportifs.
Concrètement, et comme évoqué dans un précédent article, le vaste chantier sera décliné en deux phases complémentaires.
D’abord, dès le début de l’année 2021 et jusqu’au printemps 2023, la nef et les différentes galeries d’expositions seront rénovées. Cela permettra en particulier d’accroître la jauge maximale de l’édifice, soit 11 000 spectateurs contre 5 600 actuellement, grâce à la création de nouvelles issues de secours. En outre, les balcons de la nef seront rénovés pour créer une continuité avec les galeries attenantes qui seront elles-aussi réhabilitées, avec une attention particulière portée sur les plafonds verriers.
Jusqu’au mois de juin 2024 ensuite, le Palais d’Antin, connu aussi sous le nom de Palais de la Découverte, connaîtra également un programme de modernisation pour donner une cohérence à l’ensemble de la structure.
Autour de l’imposant édifice, un réaménagement paysager sera par ailleurs engagé et des travaux d’accessibilité seront aussi inclus pour créer une grande entrée commune, Square Jean Perrin.
Conduit sous la maîtrise d’ouvrage de la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais (RMNGP), pour un coût global estimé à 466 millions d’euros, le chantier sera assuré par Agence LAN et par François Châtillon, architecte en chef des Monuments Historiques.
Selon les éléments communiqués en 2018, une subvention du Grand Plan d’Investissement de 160 millions d’euros devrait être apportée, de même qu’une contribution du Ministère de la Culture à hauteur de 128 millions d’euros. Dans le même temps, la RMNGP devrait consentir un emprunt de 150 millions d’euros et l’Établissement Public Universcience, gestionnaire du Palais de la Découverte, abonderait pour sa part pour 3 millions d’euros. Enfin, élément non-négligeable pour pareil chantier, l’entreprise Chanel participerait aux travaux, via un mécénat d’un montant de 25 millions d’euros.

Une fois rénové, le Grand Palais sera fin prêt à accueillir la fine fleur des escrimeurs à l’occasion des Jeux d’été de Paris 2024.
Outre l’escrime, dans la partie olympique et paralympique, le monument recevra aussi les compétitions olympiques de taekwondo, puis les épreuves paralympiques de para-judo, dans un cadre des plus majestueux.
Par le passé, pour la candidature de Paris à l’organisation des Jeux d’été de 1992, le Grand Palais fut déjà proposé pour la tenue des épreuves d’escrime. A l’époque, les porteurs du projet s’étaient montrés enthousiastes à l’idée d’accueillir le monde en pareil lieu (7 000 places envisagées).

Comme l’expliquait ainsi le dossier de candidature :
La grande tradition française de l’escrime est connue et les escrimeurs français ont souvent su s’en montrer dignes. Il appartenait donc à Paris d’offrir à l’escrime un cadre prestigieux et empreint de tradition et d’histoire. C’est ce qui a dicté le choix du Grand Palais […].
Vaste nef de 240 mètres de long, couronnée par un dôme transparent et sculpté de 45 mètres de hauteur, soutenue par des colonnades, le Grand Palais, c’est l’apport au sport de la beauté et de la culture avec toutes les possibilités d’aménagement nécessaires à un très haut niveau d’escrime.
Quelques années plus tard, et malgré l’échec de la candidature française, le Grand Palais fut à nouveau évoqué pour un nouveau projet olympique et paralympique.
Dans l’optique des Jeux de 2008 cette fois, le monument figurait alors au cœur du cluster Paris Centre pour accueillir l’escrime durant les Jeux Olympiques, avec un aménagement à la charge du Comité d’Organisation (COJO) estimé à 5 millions de dollars. Puis, lors des Jeux Paralympiques, l’escrime-fauteuil et le para-judo auraient pu y prendre place après une mise à niveau chiffrée à 150 000 dollars.
Par la suite, et aussi surprenant que cela puisse paraître, le Grand Palais ne fut pas considéré dans le projet de la capitale pour les Jeux de 2012, les porteurs de la candidature préférant à ce moment-là envisager l’installation de l’escrime dans un pavillon temporaire de 10 000 places qui aurait pris place au Nord de l’Hippodrome d’Auteuil, moyennant un investissement olympique de 24,4 millions de dollars (valeur de l’époque).

Il aura donc fallu attendre un peu plus d’une quinzaine d’années, entre la défaite de Paris 2008 et la désignation de Paris 2024, pour que l’emblématique bâtiment retrouve les honneurs d’une candidature aux Jeux.
Pour cette échéance à venir, les organisateurs prévoient – selon les données mentionnées durant la phase candidature – un investissement spécifique liés aux aménagements olympiques de 3,928 millions de dollars (valeur 2016).
En parallèle de cet équipement majeur, les organisateurs de Paris 2024 comptent aussi s’appuyer sur le Grand Palais éphémère, une structure multimodale qui doit s’établir sur le Champ-de-Mars (7ème arrondissement) pour palier aux travaux du Grand Palais (8ème arrondissement) dans un premier temps et pour compléter le dispositif des Jeux dans un second temps.
6 pensées