Les Alpes françaises veulent saisir le flambeau des JO 2030

Après la Suisse, courant octobre, et alors que la Suède doit encore finaliser son projet, la France s’apprête à révéler, ce mardi 07 novembre 2023, la cartographie prévisionnelle des sites destinés à l’accueil des compétitions olympiques et paralympiques pour les JO 2030.

Les anneaux olympiques devant la Maison Olympique à Lausanne (Crédits – IOC / Christophe Moratal)

Le calendrier s’accélère pour les candidatures à l’organisation des prochaines éditions des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver. Si Salt Lake City (Utah, États-Unis) est idéalement positionnée sur 2034, la France, la Suède et la Suisse sont quant à elles engagées dans une course à trois pour rafler 2030.

Aussi, la Commission de Futur Hôte du Comité International Olympique (CIO) doit examiner les offres de chacune des postulantes – avec également un grand oral – avant de formuler une recommandation à l’attention de la Commission Exécutive.

Cette dernière, qui se réunira du 28 novembre au 1er décembre 2023 à Paris, devrait alors enclencher la phase de dialogue ciblé avec une ou plusieurs des candidatures en lice, sachant que Salt Lake City est quasi-assurée d’obtenir l’édition hivernale de 2034 au regard de sa préparation extrême, de ses atouts nombreux et de la détermination sans faille dont elle a su faire preuve avec habileté pour nouer un partenariat de confiance avec le CIO au fil des dernières années.

Pour les autres postulantes, les semaines à venir seront déterminantes pour parvenir à convaincre les instances olympiques du bien fondé de leur vision respective des Jeux et, plus largement, du modèle d’organisation que le CIO entend de surcroît accompagner pas à pas dans une volonté de rendre l’événement plus adapté aux grands enjeux environnementaux.

Le CIO en a d’ailleurs fait la pleine démonstration en fin de semaine passée, avec un rappel à l’ordre significatif adressé aux organisateurs de Milan-Cortina 2026 qui, par un excès de fierté sans doute, ont voulu maintenir l’idée d’abriter toutes les compétitions en Italie, au risque de devoir aménager des infrastructures coûteuse sans garantie d’héritage après la clôture des Jeux.

L’institution a ainsi clairement fixé le cap, désireuse de ne pas prêter le flan à de nouvelles critiques sur l’envolée régulièrement constatée des budgets d’organisation, et soucieuse d’établir une nouvelle approche dans l’installation des Jeux sur les territoires.

Pour 2030, la Suisse a déjà fait connaître la tendance. En proposant de facto un concept inédit visant à accueillir les Jeux à l’échelle du pays tout entier, Swiss Olympic préconise de rompre avec la tradition de « Ville Hôte » pour avancer vers l’idée de « Pays Hôte », avec aussi la perspective de s’associer avec un pays limitrophe pour une partie des compétitions.

Du côté de la Suède, quatre pôles régionaux ont été identifiés dans le cadre de l’étude préliminaire dont les conclusions ont été dévoilées en juin 2023 et qui doivent encore recueillir l’approbation du gouvernement. Outre Stockholm et ses environs, Åre, Falun et Östersund seraient mobilisées, avec également le concours par-delà les frontières de Sigulda (Lettonie) pour l’accueil spécifique des épreuves de bobsleigh, de luge et de skeleton.

Pour la candidature des Alpes françaises enfin, le « momentum » va s’ouvrir cette semaine.

Si le projet tricolore a été annoncé au milieu de l’été, à l’issue d’une réunion au sommet orchestrée depuis le Palais présidentiel, impliquant le Chef de l’État, Emmanuel Macron, la Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra, ainsi que les représentants du Mouvement olympique français, sans compter également les acteurs territoriaux impliqués, le dévoilement de la carte des sites proposés pour héberger l’événement planétaire interviendra ce mardi 07 novembre 2023.

Parallèlement à la présentation du dispositif au CIO, et à l’issue de discours introductifs dispensés par le Président du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) – par ailleurs membre du CIO – David Lappartient, la Présidente du Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF), Marie-Amélie Le Fur, et les Présidents des Régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Laurent Wauquiez et Renaud Muselier, le concept général de la candidature française sera présenté aux yeux du monde.

De gauche à droite, Guy Drut, membre du CIO ; Marie-Amélie Le Fur, Présidente du CPSF ; Renaud Muselier, Président de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur ; David Lappartient, Président du CNOSF et membre du CIO ; Laurent Wauquiez, Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ; et Martin Fourcade, membre du CIO, au siège du Comité International Olympique à Lausanne, Suisse, jeudi 07 septembre 2023 (Crédits – IOC / Greg Martin)

Selon toute vraisemblance, des sites emblématiques devraient être sélectionnés, comme La Plagne pour le bobsleigh, la luge et le skeleton, le Grand Bornand pour le biathlon, ou Courchevel pour le saut à ski, le combiné nordique et une partie des épreuves de ski alpin.

D’autres sites non moins emblématiques des deux Régions pourraient aussi être mobilisés, à l’image de Val d’Isère ou Méribel pour des compétitions de ski alpin, de La Clusaz pour le ski de fond ou de Serre-Chevalier pour les bosses et le ski freestyle. Pour sa part, Montgenèvre pourrait hériter des compétitions de big air et de slopestyle, tandis que les épreuves de snowboard et de ski cross pourrait s’établir sur le domaine d’Isola 2000.

Concernant la glace, le curling pourrait trouver un point de chute à Nice, tout comme le patinage artistique – la cité-phare des Alpes-Maritimes ayant accueilli les Mondiaux en 2000 puis 2012 – mais encore le patinage de vitesse sur piste courte (short-track).

Tout ou partie du hockey-sur-glace pourrait aussi s’y dérouler, même si l’option marseillaise est à considérer, la seconde ville de France pouvant alors espérer faire coup double après l’organisation des épreuves de voile et de matchs du tournoi de football durant les Jeux d’été à venir de Paris 2024.

La problématique du patinage de vitesse pourrait en revanche conduire la candidature française à chercher un allié européen et ce, dans le but de ne pas construire un anneau de vitesse dont la viabilité post-JO pourrait faire défaut. A ce jeu-là, les Pays-Bas et l’Allemagne pourraient constituer des options envisageables.

Reste le cas bien particulier des Cérémonies d’ouverture et de clôture.

Fidèles à leur volonté de se partager les Jeux de façon équitable, les Présidents des deux Régions candidates ont certainement dû avancer arguments et propositions pour avancer les lieux jugés les plus adéquats, le CNOSF restant tout de même maître d’œuvre du projet auprès du CIO.

La nostalgie pourrait dès lors amener les porteurs de la candidature à faire revivre le souvenir des Jeux passés qui se sont déroulés dans l’Hexagone, que ce soit autour de l’édition d’Albertville 1992, la dernière à avoir eu pour cadre la France, de celle de Grenoble 1968, ou de celle de Chamonix 1924 considérés comme les premiers Jeux d’hiver de l’histoire olympique.

Les deux villes méditerranéennes précitées – Nice et Marseille – pourraient elles-aussi prétendre à recevoir au moins une partie des Cérémonies, disposant chacune d’un stade à la jauge conséquente, de 35 000 à 40 000 places pour la première et jusqu’à 67 000 places pour la seconde.

L’Allianz Riviera sera renommée Stade de Nice lors des Jeux d’été de Paris 2024 (Crédits – Wilmotte & Associés Architectes / Paris 2024 / Drone 06)

A l’issue de la présentation formelle de la cartographie des sites, l’un des challenges de la candidature française sera toutefois d’exposer une vision de Jeux sobres sur le plan économique, d’autant plus en considérant le fait que Paris 2024 a été contraint de réviser à la hausse ses projections budgétaires depuis 2017, année d’élection par le CIO.

L’autre défi sera de dépasser le seul cadre politique, le projet étant jusqu’à présent incarné par deux leaders politiques régionaux, dont l’un – Laurent Wauquiez – aspirant à des responsabilités nationales dans la perspective de l’élection présidentielle de 2027.

Certes, le mode de désignation de l’Hôte des Jeux a été considérablement revu et corrigé au cours des dernières années sous l’impulsion du Président du CIO, Thomas Bach, mais il apparaît tout de même essentiel que le projet soit à un moment donné porté par une figure sportive, ne serait-ce que pour contribuer à insuffler une dynamique populaire.

A ce sujet, alors que les préparatifs des Jeux de Paris 2024 sont entrés dans l’ultime année avant l’ouverture de l’événement planétaire, le 26 juillet prochain, les critiques ont été nombreuses vis-à-vis des organisateurs concernant des Jeux qui ne seraient pas populaires malgré la promesse de départ, notamment en ce qui concerne le coût et le mode de billetterie.

En outre, si l’opinion publique devrait être attentive à cet aspect plus que par le passé, elle pourrait aussi juger de la qualité du concept proposé à l’aune du changement climatique et de l’empreinte environnementale annoncée comme la plus faible possible.

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