Si aucune décision formelle n’a pour l’heure été prise par les autorités de Vancouver (Canada) concernant une nouvelle candidature olympique et paralympique, les données d’un récent sondage pourraient bien précipiter le destin de celle qui fut Ville Hôte en 2010.

La crise sanitaire liée au Covid-19 et l’organisation révisée des Jeux de Tokyo 2020 – sans compter l’adaptation des Jeux d’hiver de Pékin 2022 – ont indiscutablement impacté la stratégie des territoires intéressés par l’accueil de l’événement olympique et paralympique.
Plus qu’auparavant, que ce soit pour les Jeux de 2030 ou pour l’édition estivale de 2036, chaque potentiel prétendant pèse désormais le pour et le contre, en veillant à s’assurer d’une utilisation optimale de sites existants ou temporaires, et en tâchant d’obtenir l’appui massif d’une opinion publique ébranlée par le contexte sanitaire.
Aussi, du côté de Vancouver et de la Colombie-Britannique, le taux d’adhésion à l’égard d’une nouvelle candidature aux Jeux d’hiver a considérablement baissé en moins de deux ans.
Pour preuve, selon un sondage réalisé par Research Co.*, seuls 43% des habitants de la Province de l’Ouest canadien se déclarent aujourd’hui favorables à une candidature pour les JO 2030, alors qu’ils étaient 60% à partager cette opinion en janvier 2020, soit quelques semaines avant que l’épidémie de Covid-19 n’entraîne la mise sous cloche de l’économie mondiale et n’engendre des confinements de populations aux quatre coins de la planète. A ce moment-là, ce sont même jusqu’à 67% des 18-34 ans résidents en Colombie-Britannique qui se montraient enthousiastes à l’idée que Vancouver soit de nouveau cité olympique en 2030. Sur cette tranche d’âge, l’appui populaire est désormais de 52%.
Cette baisse d’intérêt se fait par ailleurs ressentir en direction d’une éventuelle candidature du Canada pour l’organisation des Jeux d’été de 2036.
Ainsi, bien que le Comité Olympique Canadien (COC) ait fait mention d’un travail davantage porté sur la quête future de Jeux d’hiver, 38% seulement des habitants de Colombie-Britannique envisagent une candidature estivale de Vancouver, soit un soutien en chute libre par rapport à l’enquête menée en janvier 2020 (62%).

Toutes ces données devraient à présent être minutieusement analysées par les autorités locales, ces dernières ayant évoqué au cours de l’année écoulée la possibilité de présenter une candidature, onze ans après l’accueil des JO 2010.
Sur ce point, au printemps 2021, le Conseil Municipal de Vancouver avait souhaité se laisser encore du temps pour décider de l’élaboration d’un projet olympique et paralympique, alors perçu comme un potentiel tremplin pour contribuer à la remise à niveau de l’économie après la crise sanitaire du Covid-19.
Dans le cadre d’une motion déposée par la Conseillère Melissa De Genova, les élus de Vancouver avaient d’ailleurs pu prendre connaissance des orientations d’un Rapport commandé aux services municipaux compétents à la fin de l’année 2020.
Ledit Rapport exposait notamment :
La Colombie-Britannique est toujours dans une situation d’urgence et il est conseillé de poursuivre le dialogue de coopération avec la Province et les Premières Nations à une date ultérieure, lorsqu’il y aura plus de visibilité et qu’une décision pour soumettre ou non une candidature sera possible.
A la lumière de la crise du Covid-19, le processus d’exploration d’une candidature aux Jeux d’hiver se poursuivra avec l’objectif d’une reconstruction économique à long terme.
Au-delà des considérations portant sur la crise sanitaire, et à l’aune du sondage pré-mentionné, les partisans d’une nouvelle candidature devront également tenir compte du calendrier olympique, les Jeux de Pékin 2022 étant une priorité pour le Comité International Olympique (CIO) bien sûr, mais aussi pour le Comité Olympique Canadien soucieux d’assurer la préparation la plus adéquate possible pour ses athlètes.
Un projet incarné par Vancouver devra en outre étudier les leçons de l’échec des précédentes candidatures canadiennes, tant celles abandonnées au stade de la réflexion, comme pour Toronto, que celles impactées durant le développement d’un concept, à l’instar de Calgary 2026.
Cette dernière candidature avait à la fois souffert de tensions politiques et institutionnelles, et d’un manque d’adhésion populaire qui s’était in fine traduit par le rejet des citoyens au travers d’un référendum.

Un pas de côté de Vancouver pourrait en tout cas profiter à Salt Lake City (Utah, États-Unis) qui reste la grande favorite d’une course dans laquelle se positionnent aussi Sapporo (Japon), Pyrénées-Barcelone (Espagne), l’Ukraine et potentiellement la France.
Du fait de son expérience de Ville Olympique et au regard de la solidité d’un projet fortement soutenu par la population locale et par les pouvoirs publics, et reposant sur l’héritage des sites utilisés en 2002, Salt Lake City a toutes les cartes en main pour espérer rafler la mise une seconde fois.
Reste encore à connaître le positionnement du Comité Olympique et Paralympique des États-Unis (USOPC) qui, tout en ayant d’ores et déjà sélectionné sa ville pour l’obtention d’une future échéance, demeure en réflexion concernant la meilleure fenêtre de tir possible (2030 ou 2034) – notamment sur le plan du marketing – et ce, compte-tenu des préparatifs d’organisation des Jeux d’été de Los Angeles 2028.
La visite récemment annoncée d’une délégation américaine au siège du CIO pour la fin du mois de novembre 2021, pourrait peut-être permettre d’éclaircir la situation, et le cas échéant, d’ouvrir en grand la porte des JO 2030.
Vancouver 2030 est sans aucun doute la meilleure chance de candidature canadienne dans les prochaines années. Ici, au Canada, des intentions ont été émises par les autorités olympiques pour une candidature commune de Montréal et Toronto pour 2036, mais les deux candidats principaux aux élections municipales à Montréal ont fermé la porte assez rapidement ou se sont montrés très très réservés sur cette idée. De même, Toronto ne semble pas en faire une priorité. Peut-être que les choses changeront dans les prochaines années, car 2036 est encore une échéance lointaine.
Oui, l’idée d’une candidature conjointe entre Montréal et Toronto avait d’ailleurs donné lieu à un article ici même. Mais il est vrai que le passé a montré que Toronto pouvait tantôt souffler le chaud ou le froid. Je pense à 2024 notamment.
Pour le reste, Vancouver a les qualités nécessaires pour obtenir à nouveau les Jeux.