Paris 2024 : Anne Hidalgo réélue Maire de Paris

Maire de la capitale française depuis 2014 et actrice majeure de la candidature olympique et paralympique de Paris 2024, Anne Hidalgo et ses alliés sont arrivés largement en tête du second tour des élections municipales, ce dimanche 28 juin.

Anne Hidalgo, Maire de Paris, lors des Journées Olympiques 2017 à Paris (Crédits – Sport & Société)

Elle en rêvait, elle sera donc présente lors des Jeux de 2024 en qualité de Maire de la Ville Hôte.

A l’issue d’une campagne inédite – du fait du contexte sanitaire qui a conduit au report du second tour du scrutin municipal et en dépit d’une abstention record – Anne Hidalgo s’impose dans une triangulaire féminine face à Rachida Dati, Maire réélue du 7e arrondissement et Agnès Buzyn, ancienne Ministre des Solidarités et de la Santé, avec un score de 48,7% contre 33,8% pour la seconde et seulement 13,3% pour la troisième.

Grâce à ce succès électoral, et alors que l’équipe municipale sera officiellement installée dans le courant de la semaine à venir pour une durée de six ans, Anne Hidalgo va pouvoir enclencher une nouvelle étape dans sa politique de transformation de la Ville Lumière, notamment en ce qui concerne les transports et le volet environnemental. En lien avec ces deux problématiques majeures, la Maire sortante va aussi être en capacité d’impulser une dynamique autour de projets qu’elle entend lier à l’organisation des Jeux d’été de Paris 2024.

La construction de l’Aréna de la Porte de la Chapelle, avec la régénération annoncée de l’ensemble du quartier situé dans le 18e arrondissement, à la lisière du département de la Seine-Saint-Denis, sera bien sûr l’un des chantiers-phares de la nouvelle mandature.

Il en sera de même pour le développement des pistes cyclables – avec 2024 comme objectif pour parvenir à 100% de rues cyclables au moment des Jeux – et de l’accessibilité dans les transports, ainsi que pour la mise en œuvre de plusieurs projets d’envergure comme le réaménagement des abords de la Tour Eiffel et du Trocadéro ou encore la végétalisation annoncée de divers secteurs de la capitale avec la plantation de forêts urbaines sur le parvis de l’Hôtel de Ville, de la Gare de Lyon ou de l’arrière de l’Opéra Garnier.

La transformation des grandes Places – l’Étoile et la Concorde en particulier – et des Portes de Paris est également un chantier qui a été évoqué par Anne Hidalgo au cours des derniers mois et qui pourrait, au moins pour partie, être enclenché dans la perspective des Jeux.

Récemment dévoilé, le projet de Parc des Champs-Elysées porté par le Comité Champs-Elysées et l’architecte Philippe Chiambaretta, pourrait lui-aussi être amorcé durant le second mandat municipal d’Anne Hidalgo, elle qui a fait de la question environnementale l’un des piliers de sa politique depuis 2014 et de son programme pour les six années à venir.

Tony Estanguet, Président du Comité d’Organisation de Paris 2024, et Anne Hidalgo, Maire de Paris, lors d’un point presse de la candidature de Paris 2024 à Roland Garros, lundi 15 mai 2017 (Crédits – Sport & Société)

Concernant les Jeux de Paris 2024, une victoire ou une défaite de la Maire sortante n’aurait pas rebattu les cartes du projet en cours d’installation, les trois candidates en lice pour le second tour appartenant chacune à une formation politique largement favorable à la tenue de l’événement planétaire.

Mais si le Comité d’Organisation des Jeux (COJO) – neutre durant cette campagne si singulière – n’avait pas d’inquiétude à avoir à ce sujet, le succès d’Anne Hidalgo et de ses équipes va permettre d’assurer une continuité dans les échanges avec les autres acteurs du lourd dossier des Jeux, une continuité bienvenue compte-tenu du contexte actuel au sortir de deux mois de confinement du pays.

Il faut dire qu’outre ses fonctions de Maire de la capitale, Anne Hidalgo occupe aussi le poste stratégique de Présidente de la Société de Livraison des Ouvrages Olympiques (SOLIDEO) qui coordonne les chantiers-clés des Jeux de Paris 2024, dont ceux du Village des Athlètes sur les communes de Saint-Ouen, Saint-Denis et L’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et du Centre Aquatique de Saint-Denis face au Stade de France.

Au-delà du COJO, les six années qui viennent seront l’occasion pour Anne Hidalgo de poursuivre aussi ses échanges sur la dossier olympique et paralympique avec d’autres acteurs institutionnels, comme la Région Île-de-France, l’État, sans oublier le Département de la Seine-Saint-Denis et les Maires des communes franciliennes concernés par l’accueil des Jeux.

Si les élections régionales et présidentielles ne sont programmées qu’en 2021 et en 2022 – avec les candidatures attendues des sortants, Valérie Pécresse pour la Région et Emmanuel Macron pour le Palais de l’Élysée – les résultats des municipales permettent d’ores et déjà d’établir un état des lieux.

Cartographie des sites olympiques de Paris 2024 (Crédits – Paris 2024)

A Saint-Denis, le Maire sortant Laurent Russier (Parti Communiste Français) a ainsi été battu par son rival socialiste, Mathieu Hanotin qui l’emporte avec 59,04% des suffrages contre 40,95%. A Saint-Ouen, un cas de figure similaire s’est produit avec la défaite du sortant William Delannoy (UDI ; 32,53%) face au socialiste Karim Bouamrane (38,08%). Sur L’Île-Saint-Denis, Mohamed Gnabaly (Divers Gauche) confirme la dynamique du premier tour et est réélu avec 45,93% des voix face à deux autres Divers Gauche et une candidate communiste ; Henry Pemot (35,69%), Mohamed-Jamil Abid (12,25%) et Isabelle Mouréreau (6,12%).

Du côté d’Aubervilliers, la sortante communiste Mériem Derkaoui – qui s’était longtemps battue pour obtenir l’implantation du Centre Aquatique Olympique sur le territoire de sa commune – n’est pas parvenue à conserver les clés de l’Hôtel de Ville qu’elle dirigeait depuis 2016 à la suite de la démission de Pascal Beaudet. Elle s’incline en effet avec 23,57% des voix face à la candidate UDI, Karine Franclet (environ 45%) et le candidat Divers Gauche, Sofienne Karroumi.

En l’absence de CAO finalement attribué à Saint-Denis, et avec l’échéance à venir de Paris 2024, la ville bénéficiera prochainement d’un centre aquatique dans le secteur du Fort d’Aubervilliers. L’équipement, destiné dans un premier temps à l’entraînement des athlètes, sera dans un second temps modulé pour être légué à la population locale.

Scénario inverse à Bobigny où le Premier Adjoint de l’équipe sortante, Christian Bartholmé (UDI) est renversé par Abdel Sadi (PCF) qui obtient 55% des suffrages. Dans cette ville de Seine-Saint-Denis, un vaste projet pérenne centré autour du sport inclusif doit voir le jour dans l’optique des Jeux de 2024.

Dans les autres villes du département, le Maire sortant du Bourgetoù doit s’établir le Village des Médias et le Centre des Médias -, Yannick Hoppe (Divers Droite) est battu de peu par son adversaire Jean-Baptiste Borsali, également étiqueté Divers Droite. Ce dernier l’emporte avec 51,24% des suffrages contre 48,76%. Non loin de là, à Dugny, commune également associée au cluster médias de Paris 2024, André Veyssière, à la tête de la ville depuis 1989, n’a pas réussi à inverser la tendance défavorable du premier tour au cours duquel il n’était arrivé qu’en troisième position. Ce dimanche soir, l’élu Les Républicains obtient ainsi 22,76% des suffrages, derrière Frédéric Nicolas (23,44%), Faouzy Guellil (26,25%) et Quentin Gesell, un ancien adjoint, crédité de 27,55%.

A Aulnay-sous-Boisoù l’une des piscines consacrées à l’entraînement des compétiteurs des Jeux de 2024 est en cours de construction – le Maire Bruno Beschizza (Les Républicains) avait été réélu dès le premier tour, rassemblant pas moins de 59,34% des voix.

A noter aussi, en Seine-Saint-Denis, la défaite de Laurent Rivoire, Maire UDI de Noisy-le-Sec et Vice-Président de la Métropole du Grand Paris en charge du développement sportif (39,15%). La ville bascule ainsi dans le giron communiste, avec le candidat Olivier Sarrabeyrouse (53,67%).

Dans le département des Hauts-de-Seine, le Maire sortant de Nanterre a lui aussi été réélu à l’issue du premier tour organisé le 15 mars dernier. Patrick Jarry (Divers Gauche) avait alors réuni 51,91% des suffrages. Limitrophe de Paris, Nanterre est appelée à recevoir les épreuves de gymnastique dans le cadre de la Paris La Défense Arena, plus grande salle multifonctionnelle d’Europe située non loin de la célèbre Grande Arche.

Toujours dans les Hauts-de-Seine, la surprise vient de la la Maire sortante de Colombes, Nicole Goueta (Union de la Droite), battue ce dimanche par le candidat écologiste Patrick Chaimovitch, recueillant 46,80% contre 53,20% pour son adversaire qui aura à poursuivre les efforts de la ville pour la rénovation de la Piscine Municipale et pour le réaménagement du Stade Yves-du-Manoir destiné à accueillir le tournoi de hockey-sur-gazon en 2024.

Du côté des Yvelines, à Montigny-le-Bretonneux, commune de localisation du Vélodrome National de Saint-Quentin-en-Yvelines, le candidat de la majorité municipale, Lorrain Merckaert (Sans étiquette) a été élu au premier tour avec 62,70% des voix. A Guyancourt – où se trouve le Golf National hôte de la Ryder Cup en 2018 et des épreuves olympiques en 2024 – le Maire sortant François Morton (Divers Gauche) sort vainqueur du scrutin ce dimanche, avec 51,48% des voix contre 32,04% pour Rodolphe Barry (Divers Centre) et 16,48% pour Grégory Pape (LaRem).

Chef-lieu du département et hôte prochain des épreuves olympiques d’équitation, Versailles a reconduit le Maire élu depuis 2008, François de Mazières à l’issue du premier tour avec 63,11% des suffrages. Même cas de figure du côté d’Élancourt, commune choisie pour sa colline destinée aux épreuves de VTT et où le sortant Jean-Michel Fourgous (Divers Droite) a été réélu avec 56,93% des voix le 15 mars dernier.

Enfin, dernière ville francilienne associée au projet des Jeux de Paris 2024, avec l’imposant site de la Base nautique, Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne) a basculé de camp ce dimanche soir, passant de la Maire sortante Isabelle Recio (Divers Droite ; 32,12%) à sa rivale Edmonde Jardin (Divers Centre ; 34,62%). Deux autres candidates se présentaient aux suffrages des habitants, à savoir Isabelle Sausset (Divers Gauche ; 19,42%) et Marine Mogenni (Centre ; 13,84%).

Cartographie du concept paralympique des Jeux de Paris 2024 (Crédits – Paris 2024)

Outre la Région Île-de-France, le projet olympique et paralympique mobilise aussi des villes de la France entière dans le cadre des épreuves de voile (Marseille) et du tournoi de football (Marseille, mais aussi Paris, Lille, Nantes, Bordeaux, Lyon, Saint-Étienne, Toulouse et Nice).

Pour ces sept dernières villes, des changements majeurs se sont opérés ce dimanche soir à l’issue du second tour des élections municipales, puisque des basculements de majorité municipale ont été constatés à Bordeaux et à Lyon et qu’une incertitude demeure du côté de Marseille.

Dans la première, le candidat écologiste Pierre Hurmic a créé la sensation en battant le Maire sortant (LR allié à LREM) Nicolas Florian par 46,48% des voix contre 44,12%. Candidat pour le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Philippe Poutou recueille quant à lui 9,39% des suffrages.

Dans la deuxième, Yann Cucherat, ancien gymnaste et Adjoint aux Sports de Gérard Collomb, s’incline lourdement face à l’écologiste Grégory Doucet (29,7% contre 52%), devançant le troisième candidat en lice, Georges Képénékian (Dissident LREM ; 17,7%).

A Marseille, si la candidate Michèle Rubirola – à la tête d’un rassemblement large des forces de gauche allant des Écologistes ou Insoumis en passant par le PCF et le PS – est arrivé devant sa principale concurrente, Martine Vassal (Les Républicains), elle ne dispose pas pour l’heure d’une majorité stable compte-tenu de la spécificité du scrutin marseillais. Comme l’a à ce sujet indiqué le Maire sortant, Jean-Claude Gaudin (Les Républicains), la répartition en secteurs de la deuxième ville de France conférerait 42 élus à Michèle Rubirola contre 39 pour Martine Vassal. Autrement dit, les élus minoritaires pourraient être la clé pour désigner la future Maire de Marseille lors de l’installation du nouveau Conseil Municipal.

La situation est en revanche bien plus claire dans les quatre autres villes précités.

De fait, Christian Estrosi (Les Républicains ; 59,30%) l’emporte largement à Nice face à Philippe Vardon (Rassemblement National ; 21,32%) et Jean-Marc Governatori (Écologiste ; 19,40%). A Saint-Étienne, le sortant Gaël Perdriau (Les Républicains) s’impose lui aussi avec 58,91% des voix face à son concurrent socialiste Pierrick Courbon (41,09%). A Nantes, la Maire socialiste sortante a elle-aussi largement remporté le deuxième tour des municipales en obtenant 59,67% des voix contre 27,61% pour sa rivale Laurence Garnier (Les Républicains) et Valérie Oppelt (12,71%).

Du côté de Toulouse, si la bataille s’annonçait serrée, la victoire de Jean-Luc Moudenc (Les Républicains soutenu par LREM) s’est finalement dessinée avec 51,98% contre 48,02% pour Antoine Maurice (Écologiste et alliés). A Lille enfin, l’ancienne Ministre socialiste et Maire de la Capitale des Flandres depuis trois mandats consécutifs s’est imposée avec seulement 227 voix d’avance (40%) sur son challenger écologiste Stéphane Bally (39,41%) et la candidate de la majorité présidentielle Violette Spillebout (20,59%).