Si les travaux sur le site du futur Village des Athlètes des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de Milan-Cortina 2026 sont en avance sur le calendrier prévisionnel, l’inflation et les dépenses énergétiques alourdissent néanmoins la facture du chantier. Le constat est similaire sur d’autres sites appelés à recevoir des compétitions dans moins de trois ans mais dont l’aménagement n’a pas encore débuté.

Au cours d’une récente visite d’inspection dans le quartier milanais de Porta Romana, à l’emplacement du principal futur Village des Athlètes, le Maire de Milan, Giuseppe Sala, et le Ministre des Infrastructures et des Transports, Matteo Salvini, ont pu mesurer le degré d’évolution des travaux.
Enclenchés à la fin de l’été 2022, avec les indispensables opérations préalables de déblaiement de la friche industrielle sur laquelle était auparavant implantée une gare de triage, ces derniers ont ainsi été annoncés avec une avance de quatre mois sur le calendrier initialement présenté.
Mais si cette annonce a en toute logique été accueillie avec la plus grande satisfaction par les parties au projet, le financement des travaux constitue toutefois une épineuse problématique qui n’est pas encore complètement résolue.
De fait, l’aménagement de deux coulées vertes au sein du futur écoquartier de 18,7 hectares reste à définir sur le plan budgétaire, avec des besoins chiffrés à quelques 100 millions d’euros.
Surtout, l’inflation actuelle et les dépenses énergétiques en hausse – du fait des répercussions de la guerre en Ukraine notamment – devraient avoir pour conséquence majeure d’alourdir la facture globale du Village aujourd’hui estimée à 150 millions d’euros selon les médias italiens.

Au-delà du seul secteur du futur Village des Athlètes, d’autres sites destinés à être mobilisés durant les JO 2026 se retrouvent dans une situation analogue, avec un surcoût pouvant pour certains atteindre 30%.
Ainsi, au cœur de la cité lombarde, les opérations autour de la future MSG Arena et de l’actuel PalaSharp devraient être plus onéreuses que les planifications initiales, sachant de surcroît que les travaux d’édification pour la première et de restructuration pour le second se font encore attendre.
Pour la première enceinte – destinée à l’accueil du tournoi olympique masculin de hockey-sur-glace et initialement envisagée pour la Cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques avant que les Arènes de Vérone ne s’imposent – le calendrier prévisionnel tablait sur un démarrage du chantier de construction à la fin de l’année 2022 pour une finalisation attendue à l’automne 2025.
La livraison de l’édifice ne semble – à ce stade – pas être remise en question à en croire les autorités qui envisagent à présent un démarrage effectif des travaux dans les prochains mois.
A sa présentation à l’automne 2021, le futur site devait être édifié sur la base d’un financement privé à hauteur de 180 millions d’euros. Or, les conséquences d’un surcoût de 30% de la facture pourraient in fine contraindre les pouvoirs publics milanais et italiens à participer à l’effort de financement pour la structure pensée comme le site-phare du projet plus vaste de régénération urbaine du quartier de Santa Giulia et présentée comme la plus grande jauge transalpine pour une arène multifonctionnelle.
Après les Jeux de 2026, la MSG Arena devrait en effet offrir une capacité de 16 000 places configurées dans un écrin monumental ouvert sur un parvis de 10 000 m², lui-même agencé pour pouvoir répondre aux exigences de l’événementiel indoor et outdoor selon le concepteur du projet, CTS EVENTIM, qui a fait appel au cabinet David Chipperfield Architects et à l’ARUP pour les plans architecturaux du futur édifice.

Pour la seconde enceinte – qui doit recevoir au moment des Jeux le tournoi olympique féminin de hockey-sur-glace, ainsi que le tournoi paralympique de para-hockey-sur-glace – les recours en justice avaient un temps menacé le maintien même du site sur la cartographie des Jeux.
Finalement, une toute autre inquiétude plane désormais sur la structure fermée au public depuis 2010.
Le Comité International Olympique (CIO) a en effet demandé à la Ville de Milan, propriétaire du PalaSharp existant, et à l’entreprise Ticketone-Mca Events, lauréate de l’appel d’offres relatif à la construction et à la gestion de l’équipement, de prévoir l’aménagement d’une deuxième patinoire in situ, avec en outre davantage de vestiaires et des espaces d’accueil plus spacieux.
Sur le plan logistique, ces exigences devraient dès lors conduire à une réduction de la capacité à 5 000 places afin de laisser un espace suffisant pour l’installation de la patinoire complémentaire, avant que la jauge ne soit portée après les Jeux à 8 000 places grâce à l’agencement de tribunes supplémentaires, conformément au projet initial.
Sur le plan budgétaire cette fois – et sans compter les effets de l’inflation et des dépenses énergétiques sur le chantier à venir -, les exigences olympiques pourraient représenter un surcoût d’au moins 10 millions d’euros et ce, alors que les parties en présence ne se sont pas encore entendues quant à la répartition du nouvel effort financier à consentir.

Outre le cluster milanais, la hausse des coûts devrait également impacter les travaux prévus autour de la piste de bobsleigh, luge et skeleton Eugenio Monti à Cortina d’Ampezzo.
Après des mois de tergiversations, l’option d’une reconstruction complète de la structure existante a finalement été approuvée, avec à la clé l’aménagement d’un écrin moderne et écoresponsable capable de recevoir des compétitions d’envergure et de s’inscrire en parallèle comme un lieu d’apprentissage en Italie.
Toutefois, et malgré la proposition alternative formulée ces derniers mois par Innsbruck (Autriche), l’investissement sur le nouveau Centre de glisse de Cortina d’Ampezzo devrait atteindre la somme de 85 millions d’euros, soit largement au-dessus des estimations annoncées en phase de candidature, certains redoutant même un niveau de dépenses au-delà des 90 millions.

L’autre sujet brûlant des dernières semaines porte quant à lui sur la localisation du futur Anneau de vitesse qui accueillera les épreuves de patinage de vitesse en 2026.
Après le retrait de Baselga di Pinè (Trentin-Haut-Adige) du dispositif en raison d’un investissement évoqué entre 70 et 75 millions d’euros, les autorités milanaises et lombardes ont poussé en faveur d’une implantation sur Milan ou sa région et ce, alors même que Turin (Piémont), Ville Hôte des JO 2006 dispose d’une installation adéquate, avec l’Oval Lingotto.
Néanmoins, les porteurs de la candidature transalpine ne se sont pas montrés enthousiastes jusqu’à présent à l’idée d’accueillir à bras ouverts celle qui avait fait le choix de ne pas se joindre à l’aventure de la candidature aux Jeux de 2026.
Aussi, l’option présentée par les autorités municipales milanaises consisterait à utiliser deux pavillons du Parc des Expositions de Fiera Milano, avec l’idée d’y implanter temporairement un anneau de 400 mètres de long, avec par ailleurs des tribunes d’une capacité comprise entre 7 000 et 8 000 places.

La balle est désormais dans le camp du Comité d’Organisation. Ce dernier doit ainsi étudier la faisabilité technique de l’option avancée par Milan.
Dans les prochaines semaines, l’instance présidée par Giovanni Malago devra en tout cas faire connaître son choix concernant le nouveau site mobilisé pour le patinage de vitesse afin de ne pas perdre plus de temps pour enclencher d’éventuels travaux. En ce sens, la raison pourrait peut-être l’emporter, conduisant de facto Turin à intégrer le dispositif des Jeux.
Plus largement, l’inflation et les dépenses énergétiques devraient aussi venir impacter les chantiers d’infrastructures que l’État italien et les Régions-hôtes des JO 2026 entendent mener au cours des prochaines années, en particulier dans le domaine des transports.
L’effort global se chiffre déjà en milliards d’euros, mais le gouvernement de Giorgia Meloni et les Collectivités Territoriales pourraient bien être contraintes de remettre la main au portefeuille pour tenir les délais.
Cela ne devrait sans doute pas éviter les critiques de l’opinion publique qui, après avoir massivement soutenu l’initiative de la candidature aux JO 2026, pourrait se souvenir aussi de l’après-Turin 2006 dont certaines installations ont depuis été sous-utilisées malgré les promesses de l’époque. Encore un argument pour associer au bout du compte la cité piémontaise à la cartographie des Jeux.