Milan-Cortina 2026 : L’option turinoise suscite, pour l’instant, un rejet milanais

Alors que le projet d’aménagement d’une nouvelle patinoire à Baselga di Pinè a été écarté par les organisateurs des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026 au mois de janvier dernier, en raison de son coût élevé, l’éventuelle intégration de Turin dans le dispositif provoque actuellement un rejet de la part des pouvoirs publics en Lombardie.

Visuel du projet d’Anneau de vitesse à Baselga di Pinè, Italie, imaginé dans l’optique des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026 (Crédits – Studio Zoppini Architetti)

En une phrase, le Président de la Région de Lombardie a résumé il y a peu la situation tenant au refus de voir une possible participation de la Ville Hôte des Jeux d’hiver de 2006 aux célébrations de la prochaine édition prévue en février 2026 entre Milan et Cortina d’Ampezzo.

Comme l’a ainsi affirmé Attilio Fontana :

Ils ne voulaient pas de nous, ils ne nous méritent pas.

Par ce propos – sans la moindre ambiguïté et avec une pointe de rancœur – le leader régional fait ici référence aux hésitations de l’ancien Maire de Turin, puis au refus de rejoindre Milan et Cortina dans ce qui aurait pu devenir une candidature sous la forme d’un triptyque, comme l’avait alors vivement souhaité et envisagé le Comité National Olympique Italien (CONI), dans un souci de maîtrise des coûts et de répartition des compétitions sur le Nord de la péninsule.

Aussi, force est de constater que malgré la recherche actuelle d’un nouveau site susceptible d’accueillir les épreuves de patinage de vitesse lors des Jeux de 2026, la perspective de mobiliser l’Oval Lingotto de Turin ne semble pas recueillir l’approbation à l’échelle régionale, mais également locale.

Le Maire de Milan a en effet plaidé pour un maintien desdites épreuves dans le périmètre de la Lombardie, avançant notamment l’idée de mettre à contribution le Centre des Expositions avec un aménagement temporaire.

Ainsi que l’a affirmé Giuseppe Sala :

Nous vérifions si les conditions sont bonnes [pour permettre la tenue des épreuves à Milan].

Turin, à l’époque, avait renoncé à faire partie de l’aventure des Jeux, il est donc beaucoup plus juste que les épreuves restent à Milan ou au cœur de l’un des sites naturels aujourd’hui proposés pour les Jeux Olympiques.

Nous travaillons pour qu’elles restent à Milan.

Vue de l’Oval Lingotto, site des épreuves de patinage de vitesse lors des Jeux d’hiver de Turin 2006 (Crédits – Lingotto Fiere Torino)

Cette franche opposition pourrait néanmoins être confrontée à la position – sans doute plus juste et appropriée au regard du contexte économique et du calendrier de livraison des Jeux – du Ministre des Infrastructures et des Transports, Matteo Salvini.

L’ancien Président du Conseil italien, aujourd’hui Vice-Président dudit Conseil désormais pilotée par Giorgia Meloni, avait dernièrement soumis l’idée de solliciter Turin où se trouve une enceinte existante qui a déjà fait ses preuves par le passé et dont l’agencement pour les Jeux serait de toute évidence bien moins onéreux que l’engagement d’une construction nouvelle.

La position du Comité International Olympique (CIO) – qui a clairement contribué au retrait de Baselga di Pinè après des doutes déjà exprimés en phase de candidature – devrait aussi peser dans la balance du futur choix des organisateurs.

Ces derniers avaient tenté, plusieurs mois durant, de maintenir la localisation des épreuves de patinage de vitesse sur le site initial. Le Président du Comité d’Organisation de Milan-Cortina 2026 avait à ce titre affiché sa détermination et son attachement à Baselga di Pinè, même lorsque le site fut finalement recalé en janvier dernier.

Comme l’avait alors affirmé Giovanni Malago :

Dès le début, le CIO a eu beaucoup de doutes sur la durabilité d’un endroit comme Pinè.

Nous avons défendu ce site jusqu’à la dernière minute. Nous avons fait l’impossible pour défendre cet emplacement.

Baselga n’est pas victime de tout cela, mais c’est un cas comme il y en a des dizaines dans l’organisation des Jeux.

La présentation d’un projet pour l’aménagement d’un nouvel Anneau de vitesse couvert et fonctionnel avait pourtant un temps conforté l’espoir des organisateurs en novembre 2022, espoir rapidement douché par la perspective d’une réévaluation budgétaire en forte hausse, avec une estimation comprise entre 70 et 75 millions d’euros.

Visuel du projet d’Anneau de vitesse à Baselga di Pinè, Italie, imaginé dans l’optique des Jeux d’hiver de Milan-Cortina 2026 (Crédits – Studio Zoppini Architetti)

Des discussions et des études techniques devraient quoiqu’il en soit être menées au cours des prochaines semaines afin d’aboutir, dans un délai maîtrisé, à un choix qu’il conviendra en parallèle de faire approuver par le CIO et l’Union Internationale de Patinage (ISU).

Les tensions témoignent en tout cas de la forte présence politique au sein du projet olympique et paralympique italien, une présence qui avait d’ailleurs longtemps menacé la pérennité de la candidature transalpine lorsque celle-ci fut élaborée par le CONI, puis présentée devant l’institution de Lausanne (Suisse).

En 2018, et en anecdote utile au regard de la situation actuelle, au-delà du positionnement de Turin, la ville de Milan avait elle aussi fait vaciller un temps la viabilité du projet, le Maire Giuseppe Sala exprimant à ce moment-là ses réticences quant au bien fondé d’une candidature multi-sites.

La mise en œuvre d’une candidature bicéphale entre Milan et Cortina d’Ampezzo avait in fine été approuvée par les parties prenantes, le projet bénéficiant en outre d’une concurrence internationale limitée, puis des faiblesses propres à la candidature suédoise de Stockholm-Åre.

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