JO 2030-2034 : Salt Lake City trace sa route

Ville Hôte des Jeux en 2002 et territoire d’ores et déjà sélectionné par le Comité Olympique et Paralympique des États-Unis (USOPC) pour porter les couleurs américaines dans la quête d’une nouvelle édition hivernale, Salt Lake City (Utah) poursuit tranquillement son chemin, entre discussions avec Los Angeles 2028 et nominations de personnalités sportives au sein du Comité Exploratoire.

(Crédits – USOPC)

Depuis maintenant une dizaine d’années, Salt Lake City et l’État de l’Utah ambitionnent de renouer avec l’esprit des Jeux d’hiver et ce, après en avoir été l’épicentre en 2002.

Conscientes que cette édition des Jeux a pu laisser un souvenir amer pour certains – avec le scandale de corruption ayant conduit à l’une des plus grandes réformes institutionnelles du Comité International Olympique (CIO) – et percevant les difficultés de nombre de potentiels prétendants à travers le monde à relever le défi d’une telle organisation, les autorités locales cherchent à positionner le territoire comme un incontournable pour les années à venir.

Une manière à la fois de redorer le blason de cette ville de l’Ouest des États-Unis et une façon également de s’affirmer comme un nouvel acteur-clé d’un Mouvement Olympique bousculé à maintes reprises par le passé et plus récemment par la crise sanitaire du Covid-19.

Avec une majorité de sites existants et opérationnels directement hérités des JO 2002, et avec un soutien politique transpartisan important, l’Utah fait en tout cas figure de légitime favori à ce stade de la compétition, même si Sapporo (Japon), Barcelone-Pyrénées (Espagne) ou encore Vancouver (Canada) ont pu exprimer un intérêt plus ou moins fort pour une course aux Jeux de 2030 modelée sur les fondations des dernières réformes.

A l’heure où le CIO révise ses classiques et cherche à ouvrir les possibilités offertes aux potentiels hôtes, Salt Lake City apparaît ainsi comme un choix aux risques limités. Une aubaine dans le monde de l’après-Coronavirus. Mais surtout, Salt Lake City se positionne habilement dans la foulée du succès de Los Angeles 2028 qui avait déjà montré la capacité de l’USOPC à s’inscrire comme un allié de l’institution olympique cible régulière de critiques virulentes.

Le chemin était pourtant sinueux après des années de tensions entre les deux organisations, sans compter le fiasco de deux candidatures éliminées prématurément des courses aux JO 2012 et 2016 (New York dès le second tour de scrutin, Chicago dès le premier tour).

Vue de l’Utah Olympic Park près de Salt Lake City (Crédits – Utah Olympic Legacy Foundation)

Désormais, le tour de force de l’USOPC sera de prouver au CIO sa capacité à surmonter le challenge d’organiser deux éditions des Jeux dans un espace-temps relativement restreint avec, Los Angeles 2028 d’une part, et Salt Lake City pour les JO 2030 ou 2034 d’autre part.

Aussi, l’instance de Colorado Springs (Colorado) et sa Présidente, Susanne Lyons, ne manquent pas de superviser les discussions nouées depuis plusieurs mois entre les leaders de LA 2028 et les porteurs d’une candidature de l’Utah.

Car si sur le papier, la proposition d’une double échéance olympique et paralympique sur le sol américain à de quoi séduire, dans la réalité, la mise en œuvre de deux événements d’un tel calibre pose des questions, en particulier d’un point de vue marketing, avec le chevauchement éventuel des partenaires sur la période 2028-2030.

Les discussions entre LA 2028 et le Comité Exploratoire SLC-Utah doivent donc permettre de réfléchir à la meilleure stratégie commune possible pour assurer à l’organisation californienne et à l’USOPC des revenus conséquents – 5 milliards de dollars attendus à partager en deux parts égales – et le retour des Jeux d’hiver aux États-Unis avec toute la dynamique sportive et commerciale que cela peut engendrer.

En parallèle de ces discussions au sommet, le Comité SLC-Utah a annoncé à la mi-juin la nomination de l’ancienne patineuse de vitesse ayant participé à quatre reprises aux Jeux, Catherine Raney-Norman, en qualité de nouvelle Présidente.

Cette nomination a par ailleurs été suivie de l’arrivée de figures du sport US, comme Lindsey Vonn, au sein du Conseil d’administration et des différentes structures internes qui composent le Comité SLC-Utah.

Outre la triple médaillée olympique de ski alpin, ledit Comité se renforce ainsi avec la venue du patineur de vitesse, huit fois médaillé aux Jeux, Apolo Ohno, du skieur paralympique médaille d’or aux JO 1998, Monte Meier, sans oublier également le patineur originaire de Salt Lake City, triple Champion du Monde, Nathan Chen, mais encore le skieur lui-aussi originaire de la principale ville de l’Utah, double Champion Olympique et quintuple Champion du Monde, Ted Ligety.

Portrait de Catherine Raney-Norman (Crédits – Sarah Brunson / U.S. Ski Team)

Si aucun mouvement d’ampleur ne devrait intervenir avant la fin des Jeux de Tokyo 2020, voire même la fin de l’année 2021, le positionnement affirmé de Salt Lake City et de l’Utah pourrait par la suite conduire la Commission de Futur Hôte du CIO à envisager une accélération des échanges, sur le modèle de ce qui a pu être constaté avec Brisbane et le Queensland (Australie) pour les Jeux d’été de 2032.

Pilotée par Octovian Morariu, ladite Commission – qui remplace la Commission d’évaluation, symbole des anciennes courses olympiques – mesure bien sûr l’éventuelle fenêtre d’opportunités entre 2030 et 2038 offerte par les territoires ayant à ce stade exprimé leur intérêt respectif.

Il n’empêche, le CIO va aussi vouloir attendre le dénouement des Jeux de Tokyo 2020 et, six mois plus tard, ceux de Pékin 2022 pour faire un pas supplémentaire. Il regardera en outre avec rigueur la mise en place gradué du projet de Milan-Cortina 2026 et l’efficacité de ses réformes successives bâties en amont de l’Agenda 2020+5 qui doit servir de boussole stratégique pour les cinq années qui viennent.

Avec aujourd’hui deux échéances hivernales sécurisées et même trois éditions estivales sanctuarisées – Paris 2024, LA 2028 et Brisbane 2032 qui sera confirmée cet été – l’institution fondée par le Baron Pierre de Coubertin peut en effet se laisser un peu de répit après les tumultueux mois écoulés, avant de poursuivre sa marche en avant.

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