JO 2030 : Vers une Session extraordinaire du CIO pour désigner le Futur Hôte en 2024

En raison de l’intérêt de la France pour une candidature aux Jeux d’hiver de 2030, le Comité International Olympique (CIO) ne pourra pas désigner le Futur Hôte lors de la Session prévue l’année prochaine en marge des Jeux de Paris 2024. Une Session extraordinaire devrait dès lors être convoquée, dans une ville neutre ou par visioconférence, conformément aux dispositions de la Charte Olympique.

Les anneaux olympiques devant la Maison Olympique à Lausanne (Crédits – IOC / Christophe Moratal)

La course aux Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2030 est pleine de rebondissements. Après les déboires rencontrées par certaines prétendantes, puis la décision de la Commission Exécutive du CIO de renverser la table, l’entrée de la France rebat une fois encore les cartes.

En effet, selon le calendrier évoqué à plusieurs reprises ces derniers mois, l’institution olympique devait in fine procéder à la désignation du territoire appelé à succéder à Milan-Cortina 2026 au cours de l’année 2024, et plus précisément à l’occasion de la Session du CIO attendue à Paris en marge de la prochaine édition des Jeux d’été. Au préalable, la Commission de Futur Hôte aurait pris soin de recommander une ou plusieurs candidatures pour engager un dialogue ciblé, conformément aux dernières réformes du processus de sélection.

Or, la marque d’intérêt récemment exprimé par le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) autour d’une candidature reposant sur les régions métropolitaines Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, devrait empêcher le CIO de statuer dans l’Hexagone, sauf bien sûr si ladite candidature venait à ne pas aboutir.

Ainsi que le présente la Charte Olympique au travers de la Règle 33.4 :

L’élection de l’Hôte des Jeux Olympiques a lieu dans un pays qui n’a pas de candidature à l’organisation des Jeux Olympiques en question.

Le Président du Comité International Olympique, Thomas Bach, à l’annonce de l’Hôte des Jeux d’été de 2032, le 21 juillet 2021 (Crédits – IOC / Greg Martin)

Dès lors, en tenant compte du fait qu’une Session est organisée à un rythme annuel, le CIO devra choisir une nouvelle ville pour accueillir une Session dite extraordinaire, qui sera en mesure de pouvoir désigner l’Hôte des JO 2030, et potentiellement aussi celui de 2034.

Cette élection ne pourra toutefois avoir lieu en France donc, mais également aux États-Unis et en Suède, les premiers étant candidats avec Salt Lake City (Utah), la seconde étant en lice avec Stockholm.

Alors que Sapporo semble désormais hors-course pour 2030, le Japon ne devrait pas non plus figurer parmi les éventuels Hôtes d’une Session extraordinaire et ce, en raison du possible positionnement sur l’échéance suivante de 2034, ce qui poserait problème si d’aventure le CIO engageait une double désignation.

Il pourrait en être de même pour la Suisse, bien que le pays n’ait pas encore fait connaître d’édition préférentielle dans le cadre de la réflexion actuellement engagée par son Comité National Olympique.

En l’absence de la cité helvète de Lausanne, “Capitale Olympique”, une option de facilité pourrait en conséquence amener le CIO à la convocation d’une Session extraordinaire à distance, l’utilisation de la visioconférence ayant été éprouvée à maintes reprises depuis la pandémie mondiale de Covid-19.

Réunion en visioconférence de la Session extraordinaire du Comité International Olympique, jeudi 22 juin 2023 (Crédits – IOC / Greg Martin)

Une désignation de l’Hôte des Jeux de 2030 au-delà de 2024 apparaît en revanche peu probable.

Même si la nouvelle procédure laisse la possibilité de choisir un Hôte sans tenir compte d’un calendrier pré-établi – à l’inverse de l’ancienne procédure qui imposait un délai de 7 ans minimum entre l’élection et l’organisation – le CIO ne devrait pas s’engager dans la voie d’une désignation en 2025, à peine 5 ans avant l’ouverture des JO 2030 et ce, quelque soit le territoire lauréat, aussi bien préparé soit-il.

D’ailleurs, la perspective d’une désignation en 2024 en dehors de Paris et de la France semble aujourd’hui parfaitement intégrée par les actuelles candidates aux Jeux.

Comme l’a notamment résumé Fraser Bullock, Directeur Général du Comité de Candidature SLC – Utah :

Après que tout soit négocié et présenté, le choix devrait intervenir en 2024.

Je ne vois pas du tout [le CIO] aller au-delà de 2024.

Il pourrait y avoir un léger retard pour se conformer aux règles du CIO, mais ils savent qu’ils manquent de temps pour 2030. Ils ne peuvent pas du tout reporter.

Ces dernières années, l’institution olympique a en tout cas déjà eu l’occasion de réunir une Session extraordinaire.

Ce fut notamment le cas en juillet 2017 pour convenir du principe de double attribution des JO 2024-2028, deux mois avant que la Session de Lima (Pérou) ne formalise la désignation simultanée de Paris 2024 et Los Angeles 2028. Ce fut aussi le cas en juin dernier, lorsque la Session extraordinaire a retiré la reconnaissance olympique à l’International Boxing Association (IBA).

Concernant le bouleversement du lieu d’élection, le CIO avait été contraint de revoir ses plans dans l’optique de choisir l’Hôte des JO 2026.

En 2018, l’institution avait en effet relocalisé la Session élective sur Lausanne en remplacement de Milan (Italie) à la suite de l’officialisation de la candidature hivernale autour de l’attelage transalpin Milan-Cortina.

Karl Stoss, membre du CIO en Autriche, et nouveau Président de la Commission de Futur Hôte pour les Jeux d’hiver (Crédits – IOC / Greg Martin)

Outre le lieu d’élection, l’entrée de la France dans la bataille a d’ores et déjà eu une incidence quant à la composition de la Commission de Futur Hôte pour les Jeux d’hiver.

Possédant la double nationalité franco-roumaine, et dans un souci d’éviter toute suspicion de conflit d’intérêts, Octavian Morariu a ainsi pris la décision de démissionner de ses fonctions de Président de ladite Commission.

Celui qui était en poste depuis l’établissement de la Commission de Futur Hôte en 2019 a dès lors été remplacé, plus tôt ce mois-ci, par Karl Stoss, membre du CIO en Autriche depuis 2016.

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