Brisbane 2032 : Le réaménagement du Raymond Park soulève des inquiétudes

Limitrophe du Gabba Stadium, le Raymond Park doit être entièrement réaménagé dans la perspective des Jeux d’été de Brisbane 2032 afin d’établir un site d’entraînement pour les athlètes.

Visuel du projet de requalification du Gabba Stadium et de ses abords (Crédits – Queensland Government)

En s’engageant dans un projet reposant sur le Gabba Stadium existant, le Comité de Candidature, devenu Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Brisbane 2032, n’avait sans doute pas mesuré l’ampleur d’un tel défi dans un espace déjà densément urbanisé.

Aussi, les plans jusqu’alors présentés pour le futur Stade Olympique – qui doit être démoli puis reconstruit afin de porter la jauge de 42 000 à 50 000 places – ont déjà soulevé des inquiétudes auprès des riverains, des associations locales, mais également parmi les élus locaux soucieux de préserver le cadre de vie du quartier de Woolloongabba.

Aujourd’hui, un autre projet, qui est intrinsèquement lié à celui du Gabba Stadium, fait face à son tour à de vives critiques.

Projet de réaménagement du Raymond Park dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de Brisbane 2032 (Crédits – Amy MacMahon – Greens MP for South Brisbane / Page officielle Facebook)

Distant de 500 mètres du futur écrin appelé à recevoir les Cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux, de même que les compétitions d’athlétisme, le Raymond Park doit en effet être requalifié dans sa globalité dans l’optique d’aménager in situ un complexe d’athlétisme qui servirait à l’entraînement des athlètes en 2032.

Or, la proximité avec les premières habitations et l’envergure du dispositif prévu n’ont pour l’heure pas convaincu les riverains que le Président du Comité d’Organisation a toutefois tenté de rassurer.

Comme l’a affirmé Andrew Liveris, ce lundi 31 juillet :

Les éléments patrimoniaux du parc resteront en place et le gouvernement du Queensland travaillera avec le club de football local pour construire un nouveau club-house dans le Raymond Park.

Il est important de noter qu’il n’y a pas d’impacts attendus pour le Raymond Park avant les Jeux de Brisbane 2032.

Nous nous engageons à être de bons voisins pour les résidents et nous travaillerons en étroite coopération avec le gouvernement du Queensland pour nous assurer que la communauté locale soit tenue informée de la planification et des développements du projet au cours des prochaines années.

Malgré cette déclaration, des voix de discorde commencent à se faire entendre, à l’instar de l’élue du parti écologiste Queensland Greens, Amy MacMahon (South Brisbane).

Dans une publication postée sur ses réseaux sociaux, cette dernière reprend ainsi la cartographie envisagée pour le projet du futur site d’entraînement, tout en pointant du doigt ledit projet, elle qui fut déjà à la manœuvre d’une initiative d’élus régionaux réclamant au printemps dernier l’abandon pur et simple du réaménagement du Gabba Stadium.

Ainsi que l’a exposé Amy MacMahon :

Nous avons appris aujourd’hui que ce n’est pas seulement l’extrémité est du Raymond Park qui sera démolie pour une piste d’athlétisme, mais tout le parc. Même les personnes dont les maisons pourraient être épargnées ne sont pas convaincues – les habitants à qui j’ai parlé ce matin sont toujours furieux et n’ont toujours pas eu de communication avec le gouvernement.

Cette conception ne répond pas à ce que la communauté locale réclamait, à savoir la suppression du projet de réaménagement du Gabba Stadium de 2,7 milliards de dollars australiens, la sauvegarde du Raymond Park, la sauvegarde de la East Brisbane State School, et l’économie de milliards d’argent public.

J’ai invité à plusieurs reprises des représentants gouvernementaux, des membres du Comité d’Organisation des Jeux et du Comité Olympique Australien à venir rencontrer les résidents locaux. Sans réponse.

Cette communauté va continuer à se battre, continuer à faire campagne, continuer à tendre la main aux gens ordinaires dans tout l’État jusqu’à ce que nous sauvions notre école, notre parc et redirigions près de 3 milliards vers les soins de santé et le logement, plutôt que sur un seul stade.

Visuel du projet de requalification du Gabba Stadium (Crédits – Queensland Government)

Si à ce stade aucun projet n’a formellement été adopté par les pouvoirs publics et les organisateurs, que ce soit pour le Gabba Stadium ou le Raymond Park, les mois à venir seront déterminants pour sécuriser la mise en œuvre d’une feuille de route en vue des JO 2032.

Alors que les festivités autour des neuf ans avant l’événement ont été célébrées le 22 et le 23 juillet dans le Queensland, la question du Stade Olympique reste une problématique majeure – si ce n’est d’ailleurs LA problématique – et un plan alternatif ne doit pas être complètement écarté.

La Commission de Futur Hôte du Comité International Olympique (CIO) avait elle-même fait part de recommandations dans le cadre de son examen de la candidature de Brisbane 2032, survenu avant que la ville ne soit officiellement désignée par l’institution de Lausanne (Suisse), le 21 juillet 2021, en marge des Jeux de Tokyo 2020.

Selon l’accord-cadre financier adopté en février 2023 entre le gouvernement du Queensland et le gouvernement fédéral de l’Australie, le premier prendra entièrement à sa charge le coût du Gabba Stadium, soit 2,7 milliards de dollars australiens (1,65 milliard d’euros).

Cette semaine, Andrew Liveris a de son côté fait savoir que le Comité d’Organisation des Jeux supporterait le réaménagement du Raymond Park, avec en particulier l’installation d’une piste à quatre couloirs, complétée d’une ligne droite à six couloirs. Des équipements annexes sont également projetés sur le site.

Vue aérienne du Gabba Stadium et du Raymond Park de Brisbane, Queensland, Australie (Crédits – Capture d’écran Google Maps / Points de localisation Sport & Société)

Mais au-delà des dépenses prévisionnelles sur le secteur, la distance entre le Gabba Stadium et son site d’entraînement dédié pourrait aussi poser problème, notamment auprès de World Athletics – la Fédération Internationale d’athlétisme – et du CIO.

Comme le relève en ce sens le quotidien “Brisbane Times”, la distance de 500 mètres entre les deux sites constituerait le parcours le plus long à l’aune des dernières Olympiades.

Tandis que Paris 2024 pourra profiter d’une piste existante à 35 mètres du Stade de France, Tokyo 2020 avait pu compter sur un équipement similaire à 50 mètres du Stade Olympique, et Rio 2016 avait même fait mieux, avec seulement 10 mètres entre le Stade João Havelange – aujourd’hui Nilton Santos – et le site d’entraînement, soit une distance somme toute équivalente à celle de Londres 2012 qui avait pu s’appuyer sur des infrastructures disposées à 15 mètres du Stade Olympique.

Antérieurement, Sydney 2000, Athènes 2004 et Pékin 2008 avaient toutes apportées des solutions d’entraînement à une distance moindre que celle attendue pour Brisbane 2032, même si au-dessus des Villes Hôtes précités, avec respectivement 145, 210 et 150 mètres.

Visuel du Carrara Stadium en configuration Jeux du Commonwealth 2018 (Crédits – Populous)

Dans l’hypothèse où le Gabba Stadium ne serait finalement pas destiné à réceptionner les épreuves d’athlétisme – comme cela fut préconisé par la Commission de Futur Hôte du CIO – l’option du Carrara Stadium pourrait s’imposer.

Le stade de Gold Coast pourrait dès lors être configuré à 40 000 places, moyennant des travaux d’adaptation de l’enceinte similaires à ceux entrepris à l’approche des Jeux du Commonwealth de 2018, lors desquelles la jauge avait été temporairement rehaussée à 35 000 places, soit 10 000 sièges supplémentaires que la capacité habituelle de l’enceinte.

Une telle mobilisation pourrait en outre profiter des espaces adjacents pour établir le site d’entraînement pour les athlètes.

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