Au travers d’une initiative conjointe, des élus minoritaires siégeant au sein de l’Assemblée Législative du Queensland ont réclamé cette semaine aux autorités de revoir plusieurs éléments autour de l’accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été de Brisbane 2032, parmi lesquels l’abandon du projet de requalification du Gabba Stadium et un plafonnement des dépenses.

Près de deux ans après avoir été officiellement intronisée comme hôte des JO 2032, Brisbane traverse actuellement une zone de turbulences dans les préparatifs d’organisation de l’événement.
Ainsi, alors que le soutien populaire s’est effrité au fil des mois et au moment où le Comité Olympique d’Australie (AOC) espère un accroissement des investissements dans le sport, des doutes et des craintes demeurent concernant certains aspects du projet qui doit notamment aboutir à l’aménagement d’un Stade Olympique en lieu et place de l’actuel Gabba Stadium.
Au-delà de cet aménagement, c’est surtout le coût des travaux envisagés et l’opportunité de ces derniers qui interrogent des associations, des riverains, et jusqu’aux bancs de l’Assemblée Législative du Queensland, soit la Chambre monocamérale de l’État comptant 93 membres.
Il faut dire que moyennant un investissement de quelques 2,7 milliards de dollars australiens (1,64 milliard d’euros), les autorités entendent intégralement rebâtir le Gabba Stadium avec une jauge accrue de 8 000 places, portant la capacité du site à 50 000 places contre 42 000 aujourd’hui, et l’installation d’une piste d’athlétisme.
Cet investissement colossal – entièrement supporté par l’État du Queensland – a d’ailleurs connu une inflation massive au cours des mois passés, l’estimation initiale d’un milliard de dollars australiens ayant été largement dépassée.

Face à un projet de requalification du stade et de ses abords qui impactera notamment le groupe scolaire de l’East Brisbane State School, des élus régionaux ont donc pris la parole, mardi 23 mai 2023, pour exprimer leur mécontentement et pour proposer une alternative aux autorités du Queensland.
Réunis autour d’une déclaration conjointe, Sandy Bolton (Noosa) indépendante, Stephen Andrew (Mirani) du parti One Nation, Robbie Katter (Traeger), Nick Dametto (Hinchinbrook) et Shane Knuth (Hill), issus du Katter’s Australian Party (KAP), ainsi que les élus du parti Queensland Greens, Amy MacMahon (South Brisbane) et Michael Berkman (Maiwar), ont demandé au gouvernement du Queensland d’abandonner purement et simplement le projet relatif à l’agrandissement du Gabba Stadium et d’envisager la mobilisation du Carrara Stadium de Gold Coast pour les épreuves d’athlétisme.
Avec cette proposition, les élus précités – qui ne siègent ni du côté de la majorité, ni dans l’opposition – reprennent à leur compte un élément qui avait déjà été soulevé par la Commission de Futur Hôte du Comité International Olympique (CIO) qui, dès le début de l’année 2021, avait préconisé l’utilisation du Gabba Stadium pour les Cérémonies et celle du Carrara Stadium pour l’athlétisme dans une configuration à 40 000 places.
Dans un souci de maîtrise des dépenses, l’instance olympique se fondait alors sur le principe de durabilité et sur l’héritage des Jeux du Commonwealth 2018, qui avaient à l’époque sollicité le stade de Gold Coast avec un rehaussement temporaire de la jauge de celui-ci à 35 000 sièges, soit près de 10 000 places supplémentaires que la capacité habituelle de l’enceinte.

Si le poids politique des sept élus auteurs de l’initiative ne devrait pas conduire à un bouleversement de la politique aujourd’hui menée par le gouvernement de la Première Ministre du Queensland, Annastacia Palaszczuk, la déclaration transpartisane jalonne en tout cas un débat qui perdure et sonne comme un avertissement alors que les prochaines élections régionales sont attendues en 2024.
En plus de la proposition portant sur le futur Stade Olympique, les “frondeurs” réclament également un plafonnement à 7 milliards de dollars australiens (4,25 milliards d’euros) des dépenses prévues pour l’accompagnement des Jeux de Brisbane 2032, soit précisément le montant de l’accord-cadre signé plus tôt cette année entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Queensland.
Ils demandent en outre qu’un investissement équivalent à ce montant soit orienté en direction de projets structurels sur les autres territoires composant le Queensland, autrement dit, au-delà du Sud-Est appelé à accueillir l’événement olympique et paralympique dans moins de dix ans.
Les élus contestataires souhaitent par ailleurs la publication de l’intégralité du Contrat Ville Hôte, ainsi que de l’ensemble des données relatives aux sites et aux infrastructures nécessaires aux Jeux et ce, dans un souci de transparence quant à l’utilisation des deniers publics.
Enfin, les auteurs de la déclaration conjointe demandent à ce que le Département des Communautés, du Logement, et de l’Économie numérique, travaille à un plan dans le but de garantir que les Jeux n’impacteront pas le coût de l’immobilier, avec aussi la proposition que les aménagements planifiés dans le cadre du Village des Athlètes de Brisbane puissent in fine profiter à la population locale.
Sur ses réseaux sociaux, la députée écologiste – et fervente opposante aux Jeux – Amy MacMahon s’est récemment fait l’écho d’une liste d’investissements possibles avec l’équivalent du budget prévisionnel aujourd’hui consacré au Gabba Stadium.
Comme elle l’a ainsi exposé, un package budgétaire de 2,7 milliards de dollars australiens pourrait notamment permettre de construire 6 000 nouveaux logements, d’ouvrir une maternité dans chaque centre régional de santé du Queensland qui pourrait en avoir besoin, de construire 80 nouvelles écoles dans l’État, et de rendre les transports publics du Queensland gratuits durant les sept prochaines années.
De son côté, Nick Dametto a justifié l’initiative conjointe avec ses collègues parlementaires par le fait que l’ensemble du Queensland devrait pouvoir bénéficier d’investissements de qualité.
Ainsi que l’a affirmé le député :
Personnellement, je trouve très difficile de soutenir les Jeux Olympiques et les sommes exubérantes dépensées pour la capitale [du Queensland] alors qu’ici à Hinchinbrook, nous continuons à nous nourrir des miettes de l’État en matière de santé, de routes et d’infrastructures économiques.
La demande de simplement faire correspondre les fonds alloués pour les Jeux avec les infrastructures nécessaires pour les régions de l’État contribuera en partie à garantir que nous ne sommes pas traités comme les parents pauvres pendant que Brisbane organise une grande fête.