Paris 2024 : Action de blocage devant le chantier du Centre Aquatique

A la veille du vote au Parlement du projet de loi de réforme des retraites, des grévistes opposés à ladite réforme, ainsi que des opposants aux Jeux de Paris 2024 ont convergé, tôt ce matin, devant le chantier du Centre Aquatique Olympique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) où les portes d’accès avaient été préalablement fermées.

(Crédits – Union locale SUD Solidaires Saint-Denis)

Alors que le Président de la République, Emmanuel Macron, a sonné hier la mobilisation générale des acteurs institutionnels engagés dans la préparation des Jeux de Paris 2024, à J-500 de la Cérémonie d’ouverture, un site stratégique directement lié à l’événement a été pris pour cible ce mercredi 15 mars à l’aube.

Le chantier du Centre Aquatique Olympique (CAO) a ainsi été bloqué par des grévistes opposés à la réforme des retraites pour laquelle une Commission Mixte Paritaire doit réunir aujourd’hui des députés et des sénateurs pour aboutir à un texte qui sera mis au vote, à l’Assemblée Nationale et à Sénat, ce jeudi 16 mars 2023. L’initiative du blocage a par ailleurs rassemblé des opposants à la tenue des JO 2024, sous la bannière du mouvement Saccage 2024.

Aussi, dans un communiqué diffusé peu après 06h00 du matin, les organisateurs de cette manifestation d’une centaine de personnes usent de divers arguments pour justifier de leur présence devant l’un des sites-phares de la prochaine Olympiade, dont l’aménagement est placé sous la maîtrise d’ouvrage de la Métropole du Grand Paris.

Comme ils l’affirment notamment :

Contre la réforme des retraites, nous mettons leur économie destructrice à l’arrêt !

Nous avons décidé de bloquer le chantier du Centre Aquatique Olympique de Saint-Denis, qui est l’ouvrage le plus cher des Jeux (174,7 millions d’euros). Sa taille est démesurée et inadaptée aux usages des habitants.

Comme les autres ouvrages olympiques, son coût de maintenance, très conséquent, sera à la charge de la commune quand l’exploitation sera privée, ce qui laisse présager un tarif d’entrée de plus en plus cher, comme dans les anciennes Villes Hôtes des Jeux (quand les ouvrages ne sont pas tout simplement inutilisés).

Cette piscine participe à la gentrification de la Seine-Saint-Denis, expulsant les habitants au profit de promoteurs qui ne visent que l’augmentation du prix du foncier et la rentabilité de chaque mètre carré.

En s’attaquant à ce chantier majeur – qui a reçu la visite de la Première Ministre, Élisabeth Borne, à la fin du mois de janvier dernier – grévistes et opposants entendent contribuer à l’effort de mobilisation actuellement en cours dans l’Hexagone.

Le parallèle entre le report de l’âge légal de départ à la retraite – 64 ans – et les chantiers de construction et d’aménagement liés aux Jeux illustre d’ailleurs le propos des manifestants qui, dans le même communiqué, exposent :

Les chantiers des Jeux ont recours à l’intérim et à la sous-traitance en cascade où les cadences peuvent être infernales, où le travail des plus précaires rime souvent avec manque de formation et de moyens, augmentant les risques d’accidents graves et mortels.

Dans ces contextes professionnels, mourir au travail, mourir avant la retrait prend tout son sens.

La question de la pénibilité dans le secteur du BTP et de la construction n’est plus à prouver. Les corps payent : partir à 64 ans n’est pas envisageable pour les travailleurs qui peuvent prétendre à une retraite.

Cette action matinale intervient en tout cas quelques jours après des coupures d’électricité survenues sur le site du Village des Athlètes en cours d’édification et d’une tentative – a priori non aboutie – sur le Stade de France limitrophe. Des coupures dénoncées par Enedis, qui n’est autre que le Supporteur Officiel en distribution d’électricité des prochains Jeux.

Visuel du chantier du Centre Aquatique Olympique à Saint-Denis, face au Stade de France, début février 2023 (Crédits – Nicolas Grosmond – Métropole du Grand Paris / Silvere Koulouris – Bouygues Bâtiment)

Dans le cadre des Jeux, le Centre Aquatique Olympique de Saint-Denis accueillera les compétitions de natation artistique, de plongeon, ainsi que le tournoi préliminaire de water-polo.

Si une jauge de 6 000 places doit être proposée au moment de l’événement, la capacité du site sera ensuite abaissée à 2 500 sièges permanents.

Après les Jeux, le Centre deviendra alors un lieu récréatif et d’apprentissage de la natation – s’inscrivant de fait dans la stratégie d’héritage aquatique pour le département de la Seine-Saint-Denis – avec aussi la possibilité de recevoir périodiquement des manifestations sportives d’envergure.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Au-delà, l’équipement sportif – conçu par un groupement d’entreprises piloté par Bouygues Bâtiment Île-de-France selon des plans des cabinets Ateliers 2/3/4 avec VenhoevenCS et le bureau d’études techniques Schlaich Bergermann & Partner – doit à terme se fondre dans le projet plus global de la ZAC Plaine Saulnier.

Cet écoquartier de 12,5 hectares, qui englobera d’ici 2032 la structure sportive, doit ainsi conduire à une régénération urbaine du secteur, avec l’implantation d’immeubles pour 500 logements – dont 40% à vocation sociale -, de même que des bureaux agencés sur la partie proche des axes routiers et autoroutiers.

Des espaces éducatifs, avec un groupe scolaire, et récréatifs, avec des aires de jeux pour enfants, sont aussi planifiés au sein d’une zone qui comprendra en outre des espaces arborés et végétalisés, notamment autour d’un bassin de 220 mètres de long.

Laisser un commentaire