Quelques mois après la sélection du groupement piloté par Bouygues Bâtiment Île-de-France et après le lancement officiel de l’opération d’aménagement du Centre Aquatique Olympique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), la Métropole du Grand Paris a présenté la semaine dernière les contours du projet et les objectifs fixés en matière d’héritage.

Alors que le Comité d’Organisation des Jeux d’été de Paris 2024 (COJO) s’apprête à livrer les conclusions de sa revue de projet d’ici la mi-décembre 2020, notamment en ce qui concerne la disposition des sites destinés aux compétitions, le projet du futur Centre Aquatique Olympique (CAO) poursuit son développement, avec l’aménagement à venir de la structure sportive ainsi que du franchissement au-dessus de l’autoroute A1 en direction du Stade de France.
Jeudi 1er octobre, la Métropole du Grand Paris (MGP) et les acteurs concernés par la conception, la construction et l’exploitation du futur équipement se sont d’ailleurs retrouvés pour évoquer les contours du projet et la plus-value de ce dernier en ce qui concerne l’héritage pour le territoire et la population.
Imaginée par les agences d’architecture VenhoevenCS (Amsterdam) et Ateliers 2/3/4 (Paris), la construction du CAO sera assurée par l’entreprise Bouygues Bâtiment Île-de-France, tandis que le franchissement piéton sera réalisé par Bouygues Travaux Publics. Pour ce qui est de la partie exploitation, l’entreprise Récréa, spécialiste dans la gestion et l’animation de centres aquatiques et de loisirs, sera à la manœuvre, alors que Dalkia, filiale du groupe EDF, aura en charge la maintenance technique de la structure.
A ces entreprises précitées viendra s’ajouter OMNES qui portera en grande partie le financement privé pour l’exploitation de la structure post-Jeux sur une période de 15 ans, notamment pour ce qui est du volet relatif aux pratiques complémentaires aux activités aquatiques.
Comme évoqué en détails dans un précédent article, l’aménagement du Centre Aquatique Olympique à Saint-Denis portera sur l’édification d’un bâtiment comprenant en son sein un bassin de 50 mètres doté de 10 lignes d’eau avec un fond et des quais mobiles, ainsi qu’un bassin de plongeon appelé à recevoir le Pôle France.
Autour de ces équipements, des tribunes d’une capacité de 6 000 places vont être installés dans l’optique des Jeux, une jauge qui sera par la suite ramenée à 2 500 places assises dans une configuration “fer à cheval” de type aréna.
Modulable, l’ouvrage pourra tout de même accueillir jusqu’à 5 000 personnes en cas d’événements majeurs organisés in situe après 2024 et ce, grâce à une configuration singulière.
Afin de compléter l’offre aquatique du CAO, d’autres activités pourront en effet prendre place dans et autour du bâtiment dont les larges parois vitrées apporteront transparence et légèreté à l’ensemble. Le bâtiment disposera ainsi d’un mur d’escalade et, sur le deuxième niveau, de deux terrains de padel tennis et de deux terrains de basket 3×3. Dans la perspective d’un événement d’envergure, ce dernier espace pourra néanmoins laisser place à des tribunes temporaires qui doubleront dès lors la jauge de la structure.
A l’extérieur de celle-ci, une zone engazonnée permettra la pratique d’activités sportives en saison estivale, avec la présence adjacente de trois terrains de football à 5. Ces derniers seront cependant réversibles pour accueillir une zone de régie de quelques 2 500 m² lors de grandes compétitions accueillies au sein du CAO.

Si la configuration du bâtiment permettra à ce dernier d’accueillir des événements nationaux et internationaux de manière régulière, l’usage du Centre Aquatique Olympique sera avant tout destiné au grand public, avec un accent mis sur l’apprentissage dans un département où, à l’heure actuelle, 50% des enfants en classe de 6ème ne savent pas nager.
Aussi, pour atténuer cette faiblesse et réduire la fracture avec les autres territoires, le projet du CAO vise à mettre en place, en partenariat avec la Fédération Française de Natation (FFN), l’Académie du Savoir-Nager qui offrira des créneaux d’initiation et d’apprentissage de la nage pour l’ensemble des publics, allant des scolaires aux personnes âgées. Une halle d’apprentissage sera notamment utilisée avec un bassin de 10×25 mètres doté d’une profondeur adaptée. Au niveau du bassin principal du CAO, des séances hebdomadaires d’aquafitness, d’aquabike ou encore d’aquarelax seront proposées.
En plus de ces prestations, le Centre Aquatique Olympique disposera également d’un espace de restauration de même qu’une recyclerie sportive pour collecter et réparer des équipements sportifs.

Pour bâtir cette structure multifonctionnelle aux différents visages, les concepteurs ont pris en considération à la fois l’offre globale pour et après les Jeux comme exposée précédemment, mais également l’ambition environnementale souhaitée pour le CAO.
Ce dernier sera de fait aménagé sur un site où 100% des terres extraites seront réutilisées et où 90% des déchets du chantier seront valorisés. En outre, pierre angulaire de ce qui constituera à terme un bâtiment-phare de la ZAC de la Plaine Saulnier, le CAO sera édifié en grande partie avec des éléments biosourcés – plus de 1 200 tonnes – et une ossature de bois. Pour compléter cette panoplie, l’édifice comprendra, au niveau de la toiture, pas moins de 4 680 m² de panneaux photovoltaïques ce qui fera de l’ouvrage, l’une des plus grandes fermes solaires urbaines en France.
Toujours en ce qui concerne l’ambition environnementale du projet, les entreprises mobilisées assureront l’utilisation de 90% d’énergies renouvelables ou de récupération.
Cela passera bien sûr par les panneaux photovoltaïques qui fourniront 1/4 des besoins en électricité du CAO. Cela se traduira aussi par l’installation d’un échangeur thermique pour capter l’énergie de l’air humide de la halle sportive, et par l’agencement de chaudières numériques en sous-sol pour préchauffer l’eau des bassins.
Pour lesdits bassins, un système de filtration des eaux permettra d’assurer une gestion optimale des équipements, tandis que l’utilisation des eaux pluviales permettra d’arroser les espaces verts et de nettoyer le CAO, le surplus étant prévu pour compléter les besoins de la Ville de Saint-Denis pour le nettoyage de la voirie.

En parallèle des aménagements spécifiques au CAO, la construction du franchissement au-dessus de l’axe autoroutier séparant aujourd’hui le Stade de France et le site de la future ZAC, sera réalisée en tenant compte de plusieurs critères.
Au travers de lignes épurées, la structure de 1 300 tonnes s’élancera de part et d’autre de l’autoroute A1 sur une largeur de 18 mètres.
Ce dimensionnement permettra aux concepteurs du projet d’établir sur le tablier diverses plantations comme un trait d’union avec les espaces verts qui cercleront le Centre Aquatique Olympique et qui se prolongeront autour des bâtiments de la ZAC de la Plaine Saulnier.

Si la conception du double projet – CAO et franchissement – a nécessité la réalisation d’études techniques poussées, un impératif s’est imposé aux parties engagées et non des moindres, à savoir le calendrier à tenir pour livrer l’ensemble avant l’ouverture des JO 2024.
Concrètement, à l’issue d’une phase de développement du projet pensée jusqu’au mois de mars 2021, le groupement pilotée par Bouygues Bâtiment Île-de-France mènera la phase d’exécution qui se déroulera de mars 2021 à juin 2025, avec une coupure entre avril et octobre 2024 liée à l’exploitation du CAO par Paris 2024.
Pour le Centre Aquatique Olympique, les travaux de construction sont planifiés entre juin 2021 et décembre 2023, tandis que pour le franchissement au-dessus de l’A1, les travaux sont programmés entre juin 2021 et octobre 2023.
Pour rappel, l’aménagement de ces équipements sera possible grâce à l’apport d’une subvention de la Société de Livraison des Ouvrages Olympiques (SOLIDEO) d’un montant de 154,7 millions d’euros hors-taxes, subvention pour moitié financée par l’État et pour moitié par une contribution de la Métropole du Grand Paris, de la Ville de Paris, de la Région Île-de-France, du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis et par l’Établissement Public Territorial de Plaine Commune.
A cette somme viendra par ailleurs se greffer une enveloppe de 20 millions d’euros portée spécifiquement par la Métropole du Grand Paris pour les aménagements liés à l’héritage des Jeux.
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