JO 2036 : Vladimir Poutine temporise et conditionne une candidature

Mise au ban des nations olympiques jusqu’à la fin de l’année 2022, la Russie n’en demeure pas moins une potentielle candidate de premier ordre pour l’organisation des Jeux d’été de 2036. Après Saint-Pétersbourg et Kazan, la ville de Vladivostok s’est d’ailleurs à son tour positionnée cette semaine.

Le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, lors d’une conférence télévisée annuelle, le 30 juin 2021 (Crédits – President of Russia)

Durant l’été, le Ministre russe des Affaires étrangères avait vivement conseillé aux villes du pays de faire connaître leurs intentions respectives concernant la possibilité de soumettre une candidature pour l’accueil d’une prochaine édition des Jeux d’été.

Profitant de la médiatisation autour des Jeux de Tokyo 2020, cette déclaration de Sergueï Lavrov visait à démontrer ni plus ni moins la détermination du pays à revenir, dès que possible, sur le devant de la scène.

Il faut dire qu’après les Jeux de Moscou 1980 et l’organisation des Jeux d’hiver de Sotchi 2014, la Russie demeure sur l’échec cuisant – mais prévisible – de la candidature de Moscou 2012 et surtout, sur les polémiques et les sanctions liées au scandale de dopage organisé.

Aussi, afin de redorer son blason, le vaste pays aux près de 145 millions d’habitants pourrait apparaître comme un potentiel candidat dans l’optique des Jeux de 2036, les éditions de 2024, 2028 et 2032 ayant d’ores et déjà été attribuées à Paris (France), Los Angeles (États-Unis) et Brisbane (Australie).

Toutefois, pour être de la partie, une éventuelle candidature devra nécessairement recevoir l’aval du Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, qui, pour la candidature de Sotchi 2014, s’était illustré comme un parfait ambassadeur auprès du Comité International Olympique (CIO). Aujourd’hui, la donne a changé et le locataire du Palais du Kremlin préfère temporiser, même si l’envie de défendre un nouveau projet olympique et paralympique ne fait presque aucun doute.

En marge de sa participation au Forum Économique Oriental, Vladimir Poutine – qui peut se maintenir au pouvoir jusqu’en 2036 – a ainsi avancé l’idée d’une candidature, tout en relevant certaines conditions.

Comme il l’a de fait exposé, ce vendredi 04 septembre :

Malheureusement, il y a de moins en moins de candidats dans le monde pour accueillir les Jeux Olympiques. Premièrement, c’est une entreprise coûteuse et, deuxièmement, elle est difficile de nos jours en raison de la nécessité de contrer la pandémie [de Covid-19]. Il existe également de nombreux autres facteurs. Vous avez pu le constater pendant les préparatifs et la tenue des derniers Jeux, il y a eu de nombreuses protestations au Japon.

Mais nous avons toujours soutenu le Mouvement Olympique, et j’espère que les principes de l’Olympisme ne seront pas déformés ou mêlés à la politique. Si cela se passe comme je le décris maintenant, nous n’excluons pas la possibilité que la Russie soit candidate aux Jeux.

L’Extrême-Orient et Vladivostok sont des lieux prometteurs, mais il est trop tôt pour discuter de cette question. Il faut d’abord tout calculer, même si la tenue de grands événements a toujours favorisé le développement de la région d’accueil.

Vue de Vladivostok (Crédits – Raita Futo / Flickr)

Le propos du Président de la Fédération de Russie n’est pas intervenu à n’importe quel moment, les Jeux Paralympiques de Tokyo 2020 s’étant achevés ce week-end, et le Maire de Vladivostok ayant, plus tôt cette semaine, fait part de ses intentions de présenter un projet pour de futurs Jeux.

Également présent au Forum Économique Oriental, organisé dans sa ville située près des frontières avec la Chine et la Corée du Nord, Konstantin Shestakov a ainsi fait un pas en avant, même si l’édile a conscience que les chances de succès d’une telle entreprise sont à ce stade limitées.

Comme l’a en ce sens affirmé le Maire de Vladivostok, voyant dans la vitrine des Jeux, une opportunité pour moderniser sa ville :

Nous réalisons que nos chances [de remporter la candidature russe] ne sont pas si grandes, mais nous voulons aller plus loin et soumettre une candidature pour accueillir les Jeux Olympiques de 2036.

Tout cela nous aidera à créer des infrastructures supplémentaires, qui offriront des conditions de vie plus lumineuses pour le territoire.

Avec cette démarche, Vladivostok rejoint sur la ligne de départ de la sélection russe, les villes de Saint-Pétersbourg, candidate aux Jeux de 2004, et de Kazan, hôte des Universiades 2013, des Championnats du Monde de natation en 2015 et, plus récemment, de rencontres de la Coupe du Monde de football en 2018.

Si l’ancienne capitale des Tsars peut légitimement faire figure de favorite du fait de sa situation géographique aux portes de l’Europe, de son histoire et de sa richesse patrimoniale mondialement connue, la sixième ville du pays pourrait également s’imposer, grâce à l’expérience acquise au cours des dernières années par l’accueil de grands rendez-vous sportifs.

Dans l’attente, peut-être, d’un projet en provenance de Moscou, les autorités russes devraient en tout cas étudier chacune des propositions dans les mois à venir avant de prendre une décision concernant l’identité de la ville appelée à participer à la course aux JO 2036 qui, comme dans le cadre de la sélection pour les Jeux de 2032, sera orchestrée par le CIO sur les bases d’un dialogue assidu avec les prétendantes.

A ce jour, plusieurs territoires à travers le monde ont déjà exprimé – via leur dirigeant respectif – un intérêt pour l’accueil d’une future échéance olympique et paralympique, parmi lesquels Istanbul (Turquie), Budapest (Hongrie), Doha (Qatar), mais aussi l’Indonésie, l’Inde, ou encore Londres (Royaume-Uni), sans oublier également Madrid (Espagne).

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