JO 2036 : Le Qatar conserve un intérêt

Relativement discret quant à la préparation de sa candidature olympique et paralympique, le Qatar n’en est pas moins déterminé avec – après les échecs de ses candidatures pour 2016 et 2020 et la déconvenue de 2032 – l’échéance de 2036 en ligne de mire.

Vue de la Corniche de Doha, Qatar, en novembre 2016 (Crédits – Sport & Société)

L’organisation régulière de grands événements sportifs internationaux rappelle à quel point le Qatar a su, ces dernières années, investir massivement et se positionner pour devenir l’un des pôles d’attractivité majeurs du sport.

Aussi, après la Coupe du Monde de football 2022 qui avait tant défrayé la chronique avant d’être considérée comme un succès en ce qui concerne la tenue effective de la manifestation à l’audience planétaire, le Qatar se tourne désormais à nouveau en direction d’un vieux rêve qui n’est autre que l’obtention espérée des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été.

Comme l’a d’ailleurs souligné le quotidien qatari « Al-Watan » au cours du week-end passé :

Le Comité Olympique du Qatar prépare un dossier pour accueillir les Jeux de 2036 en le soumettant au Comité International Olympique. La décision de préparer ce dossier a été lancée avec la participation de diverses agences étatiques compétentes.

[…] Cette décision fait suite au grand succès obtenu par le Qatar dans l’accueil de nombreux tournois et rendez-vous internationaux, notamment la Coupe du Monde de football, les Championnats du Monde d’athlétisme, les Championnats du Monde de natation, les Championnats du Monde de handball, la Coupe d’Asie de football et d’autres manifestations importantes, en plus de préparer l’organisation prochaine des Jeux Asiatiques de 2030.

Désireux de ne pas laisser passer son ambition olympique et paralympique à l’heure où d’autres puissances régionales reviennent ou s’affirment sur le devant de la scène – la Turquie et l’Arabie Saoudite – le Qatar entend bien parvenir à convaincre le CIO de la pertinence d’un projet qui, au regard des projections passées et des conditions météorologiques, se positionnera à l’évidence sur la période automnale.

Pour sa candidature aux JO 2016, le pays avait ainsi proposé la tenue de l’événement olympique du 14 au 30 octobre, puis la réception de la manifestation paralympique du 12 au 23 novembre. Quelques années plus tard, le Qatar avait avancé l’idée d’organiser les Jeux du 02 au 18 octobre 2020 pour le volet olympique et du 04 au 15 novembre pour le pendant paralympique.

Dans les deux cas toutefois, le CIO avait recalé la candidature qatarie au stade de la requérance.

Sur un plan purement technique, le Rapport du Groupe de Travail du CIO pour les JO 2016 avait classé la candidature en quatrième position, avec une moyenne de 6,9, contre 8,3 pour Tokyo (Japon), 8,1 pour Madrid (Espagne), et 7 pour Chicago (Illinois, États-Unis). Ce positionnement n’avait cependant pas permis à Doha d’être sélectionnée parmi les Villes Candidates, la Commission Exécutive du CIO éliminant à l’époque, outre la candidature qatarie, celles de Prague (République Tchèque) et de Bakou (Azerbaïdjan), mais conservant en revanche celle de Rio de Janeiro (Brésil) pourtant moins bien notée (6,4).

Pour l’édition 2020, Doha fut à nouveau éliminée au même stade du processus de sélection, le CIO accordant sa confiance à Madrid, Tokyo et Istanbul (Turquie) pour poursuivre l’aventure olympique, pointant du doigt, d’une part, la proximité avec le projet de Coupe du Monde de football et, d’autre part, le choix du calendrier pouvant avoir un impact négatif sur la diffusion ou l’expérience des spectateurs, sans compter aussi des interrogations quant à la protection de la santé des athlètes, du public et des personnels chargés d’accompagner les préparatifs.

Concernant enfin l’échéance de 2032, le Qatar – comme d’autres – avait vu son ambition contrecarrer par la domination de l’Australie qui était rapidement entrée en dialogue ciblé avec le CIO, conformément à la nouvelle procédure entourant le développement des candidatures aux Jeux.

(Crédits – Doha 2020 / Archives)

Aujourd’hui, l’expérience acquise par le Qatar dans l’organisation de grands événements sportifs pourrait lui permettre de rivaliser davantage avec la concurrence internationale qui comprend notamment pour l’heure, la Corée du Sud, l’Inde, l’Indonésie, l’Égypte, la Turquie, et possiblement la Hongrie, l’Allemagne, voire encore la Pologne ou l’Espagne.

L’investissement réalisé ces dernières années dans les infrastructures – couplé à ladite expérience sportive – constitue un autre point capital qui pourrait le cas échéant peser dans la balance et assurer à Doha et au Qatar l’obtention d’une prochaine édition des Jeux. A condition bien sûr que le CIO se montre ouvert à cette idée.

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