JO 2024 : Los Angeles se pose en solution alternative pour remplacer Boston

Et si le Comité Olympique des États-Unis (USOC) avait fait le mauvais choix ? Et si l’institution olympique américaine avait préférer choisir une nouvelle venue dans la course olympique plutôt qu’une ville expérimentée, deux fois Cité Olympique par le passé ?

Ces deux questions méritent en tous cas d’être posées au moment où l’avenir de Boston 2024 devient de plus en plus incertain.

Malgré une ambition très tôt dévoilée – « Sport & Société » a évoqué la piste Boston et a interviewé en exclusivité francophone les promoteurs de cette entreprise dès 2013 – et une campagne séduisante au fil des mois, force est de constater que l’entrée en matière et la désignation par l’USOC ne se sont pas déroulées comme prévu.

Boston 2024 - New chapter

Boston souhaitait miser sur la nouveauté que représentait sa candidature, sur la fraîcheur de son concept et son dynamisme reconnu pour s’imposer face à des rivales comme Washington District of Columbia (DC), San Francisco (Californie) et Los Angeles (Californie). Sur ce point, la ville du Massachusetts a relevé le défi avec brio et a su convaincre les membres de l’USOC.

Dès lors, la mise sur orbite de la candidature n’aurait dû être qu’une formalité, tant les États-Unis peuvent légitimement prétendre accueillir la grand messe du sport mondial.

En effet, le Pays de l’Oncle Sam contribue largement au financement de l’institution olympique, en particulier au regard des droits de diffusion records payés par la chaîne NBC jusqu’en 2032. Mais surtout, les États-Unis peuvent compter sur l’alternance des continents – règle tacite en vigueur au sein du Mouvement olympique – et sur le fait qu’ils n’ont plus héberger les Jeux d’été depuis Atlanta (Géorgie) en 1996.

Cependant, le côté rebelle de Boston – cité à la pointe de l’Indépendance Américaine – a fini par ressurgir sur la candidature et le soutien populaire s’est effrité au fil des mois pour atteindre un seuil critique en mars 2015. Depuis, les réunions publiques s’enchaînent les unes après les autres et l’investissement de l’USOC et des autorités politiques locales ne se dément pas, mais rien n’y fait.

Boston 2024 demeure sous le feu des critiques, ce qui commence à inquiéter en haut lieu et à poser de réelles questions quant aux chances de maintenir un tel projet sur les deux ans à venir et ce, au regard de la concurrence internationale.

Hier, le Conseil Municipal de Boston a auditionné les responsables du Comité de Candidature et a également donné la parole à des citoyens de la ville. Au cœur des préoccupations de la population et des élus ? Le financement du projet et le niveau d’investissement nécessaire pour la puissance publique.

Deux éléments qui donnent du grain à moudre aux opposants à la candidature. Ces derniers n’hésitent pas à évoquer les échecs de certaines reconversions post-olympiques (Montréal 1976, Athènes 2004…) ou encore l’explosion des budgets, sans toujours faire la distinction entre les investissements utiles aux Jeux et ceux, plus pérennes, pour la collectivité.

Parc Olympique de Los Angeles 2024 - SCCOG

Compte-tenu de ces différents constats, rien d’étonnant à ce que certains se demandent si Boston sera en mesure de se porter candidate devant le Comité International Olympique (CIO), le 15 septembre 2015. Comme le révèle ainsi le « Boston Herald », plusieurs élus de Los Angeles et de sa région estiment que la ville est prête à reprendre l’ambition olympique américaine au pied levé.

Pour le Sénateur de l’État de Californie (18e District) et ancien membre de l’organisation des JO de Los Angeles 1984, Bob Hertzberg, « il y aurait certainement la volonté politique et il y aurait une capacité à agir rapidement. Nous pourrions le faire sans problème ».

Ce témoignage n’est pas isolé en tous cas, puisque le Président de la Chambre de Commerce de Los Angeles va dans le même sens.

Pour Carl McGill, « nous avons eu des Jeux Olympiques très réussis il y a quelques années. Los Angeles dispose de l’infrastructure nécessaire pour assurer la sécurité. Espérons que Boston trouve le moyen de repartir de l’avant, mais Los Angeles est prête à recevoir les Jeux si Boston n’est pas en mesure de le faire ».

Du côté de la Mairie de Boston, on tente de balayer d’un revers de la main ce que l’on qualifie de « rumeurs » et de « discussions non-avérées » entre l’USOC et la Cité des Anges.

Mais une chose est sûre et a cela a été confirmé de vive voix par Richard Davey, Chef de direction de Boston 2024 :

« Nous ne présenterons pas de candidature olympique si nous ne parvenons pas à démontrer que les Jeux profiterons à Boston ».

Los Angeles 1932

Le temps presse désormais pour les porteurs de la candidature du Massachusetts. Alors que cette dernière traverse actuellement de sérieuses turbulences, le Gouverneur de l’État demande des comptes rapidement et a pris le temps pour rencontrer les leaders du mouvement « No Boston Olympics ».

Autant de signes qui traduisent les doutes et les incertitudes qui entourent le projet olympique de Boston…

Illustrations :
– Boston espère écrire un nouveau chapitre dans la riche histoire de son territoire (Crédits – Boston 2024)
– Visuel du pôle olympique Downtown Cluster développé par les porteurs de la candidature de Los Angeles, avec notamment le Stade olympique et le Centre aquatique (Crédits – Los Angeles 2024 / SCCOG)
– Vue du Memorial Coliseum de Los Angeles, hôte des Jeux d’été de 1932 (photographie) et de 1984.

12 pensées

  1. Je pense qu’il y a un certains manque des réalismes pour nos amis d’outre atlantique.

    Changer de ville car la première ne peut pas ou ne veut pas organiser, est un manque cruel de professionnalisme. De toute manière, même si il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, le continent américain et surtout les états-unis auraient plus de chance d’obtenir les jeux de 2028 voir 2032, que ceux de 2024 qui me semble pour moi, destinés à l’Europe; l’Asie et ses trois « olympiades successives et l’Amérique, « déjà » avec Rio ne pourra que confirmer la tendance à ce que les jeux retourne dans leur berceau continental, après 10 ans d’absence. Et surtout cela sera un défi majeur pour le CIO qui cherche à retrouver la sympathie des pays européens.

    Sachant qu’en plus, des pays comme la France ou l’Italie auront plus de mal à l’avenir à se présenter, alors que les américains auront toujours une possibilité.

    1. Les prochaines semaines seront déterminantes. D’une part la nouvelle vague de sondages permettra d’apporter un éclairage sur le bénéfice ou non des nouvelles réunions publiques instaurées (une trentaine au total sur l’année !). D’autre part, la présentation du projet de Boston attendue pour courant juin.

      Si ces deux « événements » ne sont pas favorables à la candidature, cette dernière sera lourdement affaiblie avant d’entrée sur la scène olympique le 15 septembre.

      1. Et bien, tout va de mal en pis pour Boston. Il faut encore attendre pour savoir si la ville sera sur la ligne de départ le 15 septembre, mais cela me semble de plus en plus irréaliste.

        La sortie des gens de Los Angeles est en tout cas extrêmement maladroite et ne peut que contribuer à affaiblir une candidature américaine, que ce soit celle de la ville californienne ou celle de Boston.

        La responsabilité de l’USOC est grande dans ce fiasco. À trois mois de l’échéance, se replier sur Los Angeles pourrait être vu comme une erreur d’appréciation majeure. Pas certain que le CIO suivra, surtout qu’avec au moins quatre autres alternatives et pas des moindres, les États-Unis n’apparaissent en rien comme un choix évident.

        Et puis, autant Washington que San Francisco pourraient se sentir lésés et demander une nouvelle désignation en bonne et due forme. Après tout, pourquoi Los Angeles plutôt que ces deux-là?

        Au train où cela va, l’USOC aurait tout intérêt à abandonner la course et à préserver ses chances pour le futur.

  2. Je suis d’accord. Si Boston ne redresse pas la barre, il sera difficile pour une nouvelle candidature américaine de paraître forte et crédible. Si Boston échoue à convaincre, l’USOC devrait retirer leur candidature pour 2028 au lieu d’aboutir au fiasco de Chicago 2016.

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