JO 2024 : « Nous devrions pouvoir planifier l’avenir de Boston pour les Bostoniens et non pour le CIO »

Confrontée à des sondages en chute constante depuis le début de l’année, la candidature olympique de Boston (Massachusetts) est vivement critiquée par des mouvements d’opposants particulièrement structurés sur le terrain mais aussi sur les réseaux sociaux.

Parmi les mouvements leaders dans l’opposition au projet olympique, ‘NoBoston2024’ a récemment organisé des manifestations de protestation, notamment dans le Franklin Park, lieu emblématique de la cité du Massachusetts, aujourd’hui pressenti pour accueillir les épreuves équestres des JO 2024.

En exclusivité francophone, ce mouvement citoyen a accepté de répondre en toute franchise aux questions de « Sport & Société ».

No Boston 2024

– Quelle est l’origine du mouvement « NoBoston2024 » ? Depuis quand ce groupe d’opposants est-il actif ?

Nous avons organisé notre première réunion, le 24 novembre 2014 dans le quartier de Jamaica Plain. L’impulsion a commencé réellement le vendredi précédent (21 novembre), lorsque nous avons été quelques uns à échanger sur Twitter au sujet d’un article paru dans « Jamaica Plain Gazette » où il fut abordé la question de l’utilisation de Franklin Park en qualité de site équestre pour les Jeux Olympiques et ce, bien sûr, sans aucune participation et avis du public.

Nous avons donc décidé que puisque Boston 2024 n’allait pas avoir une assemblée publique, nous en aurions une afin d’engager la discussion avec la communauté et d’organiser une contre-offensive. La première réunion a été suivie de manière impressionnante, surtout lorsque l’on connaît le cours délai entre la création du mouvement et la réunion, avec la participation de citoyens de tous les quartiers de la ville et de la région métropolitaine.

Lors de la réunion, nous avons commencé par parcourir la salle afin de connaître les motivations des gens qui s’étaient déplacés : pourquoi sont-ils opposés aux Jeux Olympiques ? Que veulent-ils apprendre ? Nous avons eu l’apport de Chris Dempsey du groupe « NoBostonOlympics » qui a fait à cette occasion une courte présentation. Et puis nous avons organisé des échanges thématiques avec les différents participants.

– Au-delà des coûts potentiels d’organisation des Jeux, que cherche à dénoncer le mouvement « NoBoston2024 » ?

Historiquement, les Jeux Olympiques ont contribué à faire déplacer des populations à faible revenu, à forcer ces dernières à quitter leurs quartiers selon le modèle de la gentrification urbaine et ce, sans offrir ou de manière mineure, l’accès à des logements abordables.

Les Jeux ont également servi de terrain d’essai pour les nouvelles technologies de surveillance, les systèmes intrusifs. Et bien que les Jeux ne sont qu’un événement de trois semaines, les technologies intrusives développées peuvent durer éternellement.

En outre, les Jeux Olympiques sont un événement écologiquement insoutenable, avec pour exemple la mobilisation de ressources et d’énergie pour des stades et des enceintes sportives dont nous n’avons pas besoin.

Le processus olympique est par ailleurs éloigné de notre conception de la démocratie, les décisions publiques étant sous-traitées par une entité privée. Ce processus détourne aussi notre attention de nos véritables priorités.

Nous devrions pouvoir planifier l’avenir de Boston pour les Bostoniens et non pour le Comité International Olympique (CIO).

– Le 06 mars dernier, vous avez donné rendez-vous aux citoyens de Boston au cœur du Franklin Park. Quel bilan peut-on tirer de cette manifestation ?

La réunion de Franklin Park a été un désastre pour Boston 2024.

Les participants – nombreux – étaient très en colère et n’avaient pas l’impression d’être entendus par Boston 2024. Il y a avait un ou deux membres de l’auditoire qui voulaient que les Jeux de Boston 2024 investissent le Franklin Park, peut-être deux autres indécis, mais surtout des dizaines d’opposants au projet de Boston 2024.

Ce mardi 31 mars, le Comité de Candidature a participé à une réunion à la Harvard Business School. L’ambiance a été semblable à celle constatée à Franklin Park il y a moins d’un mois.

Boston 2024 - baie

– Après les manifestations successives de fin 2014 / début 2015, une baisse significative du soutien populaire a été enregistrée dans les sondages (51% en janvier, seulement 36% en mars). Pensez-vous que les mouvements d’opposition ont réussi à inverser la tendance qui prévalait jusqu’alors ?

Les mouvements d’opposition ne sont pas en train de changer l’état d’esprit des gens. Au contraire, les gens s’éduquent, se mettent debout et disent « Non » ! Les citoyens n’ont jamais eu la moindre parole et n’ont pas eu une quelconque participation dans le cadre de la préparation de la candidature de Boston 2024.

La candidature a été soumise sans notre consentement. Boston n’est pas le genre de ville qui est heureuse avec cette manière d’agir. Souvenez-vous, c’est la ville où la Révolution, la Guerre d’Indépendance américaine a commencé !

– Pensez-vous que l’organisation d’un référendum est aujourd’hui devenue indispensable pour la candidature de Boston ?

Nous soutenons les initiatives en faveur d’un référendum sur les Jeux Olympiques, mais la classe politique n’a pas besoin d’un référendum pour réaliser que le projet olympique est une mauvaise affaire pour les citoyens de Boston.

– Avec l’organisation d’un tel scrutin dans les prochains mois, pensez-vous qu’un résultat négatif se traduirait par le retrait pur et simple des États-Unis de la course olympique et ce, sans possibilité de recourir à une autre ville que Boston ?

Nous ne voulons pas les Jeux Olympiques ici ou dans n’importe quelle ville.

Après l’annonce du référendum pour le mois de novembre 2016 et à la suite de l’augmentation du nombre de réunions publiques, le Comité de Candidature de Boston 2024 espère remonter la pente. Mais n’est-il pas déjà trop tard ?

Je ne sais pas si c’est fini pour Boston 2024, mais cela devrait être le cas.

Boston ne veut pas des Jeux Olympiques de 2024. La candidature devrait nous écouter au lieu de constamment vouloir essayer de changer l’opinion des citoyens.

Illustrations : Crédits – No Boston 2024 / Comité de Candidature de Boston 2024

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