JO 2026 : La Turquie pourrait présenter une candidature

Échaudée par ses échecs passés pour obtenir l’attribution des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été, la Turquie pourrait dans les prochains mois se positionner sur une candidature à l’organisation des Jeux d’hiver.

L’échéance de 2026 serait alors privilégiée.

Les investissements actés par les autorités nationales et régionales plaident en tous cas pour retenir cette date, même si celle-ci pourrait n’être qu’un galop d’essai pour mieux obtenir 2030.

En novembre 2014 en effet, le Président de la Fédération de Ski de Turquie (FO), Erol Yanar, avait fait savoir qu’un vaste programme était en projet pour moderniser les stations hivernales turques et rendre ces dernières compétitives sur la scène internationale face à la tradition européenne et à l’émergence de la puissance chinoise.

Tremplins de saut à ski de Paladöken, près de la ville d’Erzurum (Crédits – NtvSpor.net)

Doté de 48,5 milliards d’euros, cet ambitieux programme doit s’échelonner jusqu’en 2026, soit la date potentielle d’accueil des Jeux d’hiver par la Turquie.

Parmi les chantiers envisagés à l’époque, 18,5 milliards d’euros doivent être injectés dans la construction de 5 000 hôtels dans les zones montagneuses du pays, et 20 milliards doivent aller en direction des infrastructures des stations et du matériel adéquat pour garantir l’entretien des sites, l’accueil des skieurs et l’organisation d’événements.

La promotion des sports d’hiver – sur un modèle sans doute similaire à celui que la Chine entend déployer d’ici les JO d’hiver de Pékin 2022 – doit également voir le jour. Pour atteindre cet objectif, ce programme devrait être doté de plusieurs milliards d’euros.

Bien sûr, d’autres investissements massifs seraient nécessaires pour rendre réalisable l’accueil des Jeux, notamment dans les infrastructures de transports. Là encore, le modèle chinois pourrait servir de base de réflexion aux autorités de la Turquie.

Localisation des trois villes pressenties pour incarner une éventuelle candidature : Erzincan, Erzurum et Sarıkamış (Crédits – Capture d’écran / Sport & Société)

Dans l’immédiat, les discussions semblent porter sur une candidature de la ville d’Erzurum, dans la région d’Anatolie Orientale, à l’Est du pays. Erzurum serait épaulée par les localités d’Erzincan et de Sarıkamış.

Cette stratégie a été défendue la semaine dernière par Milletvekili Ilıcalı dans la presse régionale.

L’élu de l’AKP – le parti du Président Recep Tayyip Erdogan – défend ce choix qui se justifie notamment par la présence d’installations sportives près d’Erzurum, en particulier des tremplins de saut à ski qui pourraient être intégrer au dispositif olympique d’une prochaine candidature.

Même si elle accueille la Turkey Alpine Skiing First League, la région devra acquérir une solide expérience pour convaincre le Comité International Olympique (CIO). Toutefois, ce dernier pourrait être tenté par une nouvelle approche géographique et un nouveau défi dans le cas où l’Europe renoncerait à soumettre une candidature.

Pour l’heure, la Suisse semble bien partie pour présenter le projet de Sion 2026.

L’Autriche pour sa part, fera connaître sa position dans les mois à venir concernant une potentielle candidature d’Innsbruck, tout comme la Suède avec Stockholm. Quant à l’Ukraine, si l’échéance 2026 avait été évoquée après le retrait de Lviv de la course aux JO 2022, le contexte géopolitique avec la Russie pourrait finalement écarter toute nouvelle tentative à moyen terme.

La fenêtre de tir pourrait donc être idéale pour la Turquie.

Une donnée non-négligeable devra cependant être étudiée par les autorités avant d’engager un réel projet : celle du risque sismique. Comme plusieurs provinces de Turquie, la région d’Anatolie Orientale est particulièrement sujette aux tremblements de terre.

La ville d’Erzincan est d’ailleurs située sur la faille nord-anatolienne et a connu d’importants dommages liés à l’activité sismique. En 1939, un séisme de magnitude 8,2 sur l’échelle de Richter provoqua ainsi la mort de 10 000 personnes dans la vieille-ville d’Erzincan.

Le bilan régional fut plus lourd encore, avec un total de 33 000 décès. Encore aujourd’hui, ce séisme reste l’un des plus graves que la Turquie ait connu au cours du siècle passé.

Le contexte géopolitique régional – avec le conflit en Syrie et en Irak – pourrait également avoir son importance dans l’étude d’une future candidature aux Jeux et ce, même si l’échéance 2026 paraît encore lointaine.

(Crédits – Recep Tayyip Erdogan / Page Twitter)

Quoiqu’il en soit, le dernier mot reviendra immanquablement au Président de la Turquie.

Personnalité incontournable de la vie politique du pays depuis plusieurs années, Recep Tayyip Erdogan, pourrait prendre à son compte l’ambition d’une nouvelle candidature olympique et paralympique de son pays pour assoir son autorité d’une part, et démontrer la capacité de la Turquie à être un acteur majeur sur l’échiquier international d’autre part.

Pour la candidature d’Istanbul à l’organisation des Jeux d’été de 2020, la ville et les autorités avaient apporté la garantie d’investir 19,2 milliards de dollars pour l’aménagement des sites sportifs et des diverses infrastructures.

Signe de la priorité donnée à l’événement en 2013, la Turquie avait promis au CIO la livraison des Jeux « sans retard et sans bureaucratie ».

Aujourd’hui, la Turquie est candidate à l’accueil de l’Euro 2024 de football. Mais la tentation des Jeux pourrait rapidement revenir.

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