Paris 2024 : L’IPC autorise sous conditions la présence de para-athlètes russes et biélorusses

A l’occasion de son Assemblée Générale réunie cette semaine à Manama (Bahreïn), le Comité International Paralympique (IPC) s’est prononcé en faveur de la participation de para-athlètes russes et biélorusses sous bannière neutre et à titre individuel pour les Jeux de Paris 2024. Une décision qui pourrait préfigurer le choix à venir du Comité International Olympique (CIO).

Andrew Parsons, Président du Comité International Paralympique, et Marie-Amélie Le Fur, Président du Comité Paralympique et Sportif Français, à l’occasion de la Journée Paralympique organisée à Paris, le 08 octobre 2022 (Crédits – Paris 2024)

Des discussions, des votes et une décision formelle.

Au cours de la journée du vendredi 29 septembre 2023, et dans un contexte sensible en raison du conflit en Ukraine, les membres de l’IPC réunis pour l’Assemblée Générale de l’institution de Bonn (Allemagne) avaient à se pencher sur la question d’une éventuelle suspension des Comités Nationaux Paralympiques (CNP) de Russie et de Biélorussie, tout en examinant les conditions pouvant permettre d’envisager une participation des compétiteurs russes et biélorusses aux Jeux Paralympiques de Paris 2024.

A l’issue des débats, l’IPC a choisi une orientation intermédiaire, avec non pas une suspension totale des deux entités précitées comme cela aurait pu être acté, mais une suspension partielle jusqu’en 2025.

Les membres de l’IPC ont ainsi voté contre des motions visant à suspendre totalement le CNP de Russie et celui de Biélorussie, respectivement par 74 voix contre 65 et 13 abstentions pour le premier, et par 74 voix contre 56 et 15 abstentions pour le second.

L’adoption de telles motions aurait eu pour répercussion principale de priver les para-athlètes concernés de toutes compétitions internationales, à commencer bien sûr par les Jeux Paralympiques d’été qui auront lieu en France du 28 août au 08 septembre 2024.

Aussi, l’IPC a souhaité faire preuve d’une certaine ouverture, en se prononçant sur des motions encadrant une suspension partielle de la Russie et de la Biélorussie.

Concrètement, les membres votants se sont exprimés par 90 voix contre 56 et 6 abstentions pour une suspension de cette envergure à l’égard du CNP de Russie, et par 79 voix contre 57 et 9 abstentions pour une sanction similaire à destination du CNP de Biélorussie.

Les droits des deux instances sont dès lors suspendus pour deux ans, sous réserve néanmoins d’une réévaluation lors de la prochaine Assemblée Générale de l’institution paralympique.

Cette décision entérine par conséquence le fait que les para-athlètes figurant sur les tablettes des deux CNP demeurent éligibles quant à une participation aux événements majeurs que sont les Jeux Paralympiques, les Championnats du Monde et les rendez-vous continentaux, en plus des compétitions dans lesquelles l’IPC agit en qualité d’autorité organisatrice.

Toutefois, l’IPC a précisé le cadre de cette participation qui – à l’instar de ce que pourrait adopter le CIO – repose sur une présence sous bannière neutre et à titre individuel, excluant de facto les para-athlètes concourant par équipes.

Ainsi que l’a exprimé Andrew Parsons, Président de l’IPC, conscient que le choix de l’institution sera forcément discuté et commenté :

Pour prendre sa décision, l’Assemblée Générale de l’IPC a reçu des rapports de l’IPC, du CNP de Russie et du CNP de Biélorussie, avant qu’une longue discussion n’ait lieu. Ce fut l’occasion pour les membres de l’IPC de partager leurs points de vue sur ce sujet.

Comme il s’agit d’une décision prise par l’Assemblée Générale, j’attends de tous les membres de l’IPC qu’ils la respectent pleinement.

Avec la décision maintenant derrière nous, j’espère que, dans la préparation des Jeux Paralympiques de Paris 2024, nous pourrons désormais nous concentrer davantage sur le sport et les performances des para-athlètes.

Les agitos paralympiques (Crédits – Paralympics)

La position de l’IPC intervient alors que le CIO – désireux de conserver la maîtrise des horloges – doit encore se prononcer.

Si les Comités Nationaux Olympiques de Russie et de Biélorussie n’ont pas reçu leur carton d’invitation pour prendre part aux Jeux de Paris 2024, la présence d’athlètes des deux pays semble aujourd’hui être l’option la plus probable, bien que des discussions sont encore nécessaires pour arrêter un schéma adéquat.

En mars dernier, la Commission Exécutive du CIO avait en ce sens entrouvert la porte.

Comme elle l’exposa alors :

Les Jeux Olympiques ne [peuvent] empêcher les guerres ni les conflits. Ils ne peuvent pas non plus résoudre tous les problèmes politiques et sociaux de notre monde. Cela relève du domaine de la politique.

En revanche, les Jeux peuvent donner l’exemple d’un monde où chacun se plie aux mêmes règles et se respecte mutuellement. Ils nous encouragent à résoudre les problèmes qui surviennent en jetant des ponts entre les peuples pour les amener à mieux se comprendre. Ils peuvent ouvrir la voie au dialogue et à la construction de la paix, ce que ne permettent ni l’exclusion ni la division.

L’instance dirigeante avait en parallèle émis une série de six recommandations à l’égard des Fédérations Internationales et des organisateurs de manifestations sportives, distinguant notamment les athlètes à titre individuel ou en équipes, ainsi que l’engagement ou non desdits athlètes dans la guerre en Ukraine.

Ce véritable numéro d’équilibriste avait dès lors conduit à la possibilité de voir concourir des athlètes individuels neutres possédant un passeport russe ou biélorusse, à l’exclusion des compétiteurs ayant pris part de manière active au conflit ou étant sous contrat avec l’armée ou des agences de sécurité en Russie ou en Biélorussie.

Au-delà des seuls athlètes, les recommandations furent également adoptées pour le personnel d’encadrement et ce, selon les mêmes critères.

En outre, la Commission Exécutive du CIO avait aussi indiqué que les athlètes individuels neutres devraient – pour participer à des événements majeurs – satisfaire à toutes les exigences en matière de lutte contre le dopage, la Russie restant sous l’œil vigilant des instances internationales depuis les révélations autour du scandale de dopage organisé en amont des Jeux d’hiver de Sotchi 2014.

L’institution de Lausanne avait par ailleurs pris soin de préciser que les sanctions prises à l’encontre des autorités gouvernementales russes et biélorusses demeuraient en application, avec de surcroît l’absence de manifestation sportive mondiale supervisée par des Fédérations Internationales en Russie ou en Biélorussie, tout comme l’absence de drapeau, d’hymne, de couleurs ou d’autres identifications à ces deux pays.

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