Le Stade Olympique d’Athènes contraint à la fermeture

Plus grande infrastructure sportive de Grèce, le Stade Olympique d’Athènes ferme ses portes pour une durée indéterminée et ce, en raison d’une étude technique faisant apparaître des faiblesses concernant la stabilité des éléments métalliques et en polycarbonate de l’imposante toiture. Le Vélodrome adjacent est également concerné par cette mesure administrative exceptionnelle.

Vue du Stade Olympique d’Athènes (Crédits – OAKA Athens Olympic Complex)

Près de 20 ans plus tard, Athènes et la Grèce continuent de vivre avec le souvenir mitigé de la venue des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2004.

Alors que la crise économique grecque avait, ces dernières années, mis en exergue le manque de planification des autorités de l’époque, avec aussi une responsabilité reconnue et assumée des organisateurs d’alors et même du Comité International Olympique (CIO), le devenir des installations sportives héritées de cette édition des Jeux se pose encore aujourd’hui.

Si des équipements conçus de façon pérenne ont été vendus par l’État pour contribuer au renflouement de la dette, d’autres sites restent à l’abandon, tandis que d’autres encore sont occasionnellement utilisés.

Parmi les sites emblématiques, le Stade Olympique d’Athènes – qui reste le plus vaste équipement sportif du pays avec près de 70 000 places – abrite concerts et festivités, ainsi que des manifestations sportives comme les matchs européens de l’équipe de football du Panathinaïkós.

Depuis sa construction au début des années 1980, l’édifice a abrité en son sein plusieurs événements d’envergure, dont les Championnats d’Europe d’athlétisme en 1982, les Jeux Méditerranéens en 1991, mais encore les Championnats du Monde d’athlétisme en 1997, avant l’apothéose de 2004, année au cours de laquelle les yeux du monde ont été focalisés sur Athènes, hôte des Jeux d’été pour la deuxième fois de son histoire après l’édition de 1896.

Aussi, dans la perspective du plus grand événement sportif de la planète, les autorités grecques et les organisateurs confièrent le soin à l’architecte Santiago Calatrava de réaménager le Complexe Sportif Olympique d’Athènes (OAKA) et de rénover le Stade Olympique. Au début de la décennie 2000, ce dernier bénéficie ainsi de la pose d’un toit et d’immenses arches blanches – pour un coût de 256 millions d’euros – le tout dans le parfait esprit du design résolument moderne, véritable signature de l’architecte espagnol.

Or, des problèmes structurels semblent aujourd’hui compromettre la pérennité de ces éléments de 9 000 tonnes pour partie conçus en polycarbonate.

De fait, une récente étude technique laisse apparaître de possibles fragilités sur la stabilité de la toiture qui ne répond plus aux normes. Des inquiétudes similaires ont en outre été soulevées sur le Vélodrome dont l’architecture reprend les lignes du Stade Olympique.

Comme l’a notamment fait savoir l’OAKA dans un communiqué publié cette semaine :

Dans le cadre du contrat entre le Ministère des Sports, OAKA et TAIPED pour le projet “Rénovation du Complexe Sportif Olympique d’Athènes”, une étude a été présentée concernant une inspection approfondie des constructions métalliques de Calatrava et des toitures en polycarbonate des installations de l’OAKA.

Dans cette étude, il est indiqué que les construction métalliques du toit du Stade Olympique et du Vélodrome ne satisfont pas aux normes en vigueur.

Sur la base de ce qui précède, et avec le sens des responsabilités, toutes les activités sportives et culturelles du Stade Olympiques et du Vélodrome sont suspendues à partir d’aujourd’hui.

Une deuxième étude plus approfondie suivra prochainement afin de confirmer ou non les conclusions de l’étude en cours.

La publication de l’étude technique intervient alors qu’une rénovation du Stade Olympique et du Complexe OAKA a été planifiée autour d’un budget prévisionnel de 56,3 millions d’euros, 20 ans après les Jeux.

La facture globale devrait toutefois s’accroître si les risques – notamment d’effondrement – sont confirmés.

Peu après l’annonce de la fermeture de deux des enceintes sportives de l’OAKA, le Comité Olympique Hellénique (HOC) a, à son tour, publié un communiqué dans lequel il approuve la décision prise par sécurité pour les spectateurs et les athlètes, tout en exprimant son souhait que des mesures soient adoptées dans les meilleurs délais pour ne pas perturber l’utilisation du vaste ensemble.

Ainsi que l’expose ledit Comité :

Outre la création d’installations sportives, il faut également veiller à leur entretien afin de les maintenir dans les meilleures conditions possibles pour accueillir les sportifs en toute sécurité. En même temps, ils doivent être dotés d’équipements modernes adaptés aux exigences et au développement de chaque sport.

[L’HOC] demande d’accélérer les procédures et les études sur la stabilité des constructions de Calatrava et ce, afin de permettre un démarrage immédiat des travaux – au cas où ils seraient nécessaires – pour le fonctionnement harmonieux et sûr de l’OAKA.

L’HOC souligne enfin que le Complexe Sportif Olympique d’Athènes était et reste le cœur du sport grec et qu’il doit donc continuer à fonctionner pour les milliers d’athlètes qui l’utilisent quotidiennement.

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Le Stade Olympique et le Vélodrome d’Athènes ne sont pas les seuls équipements réalisés selon les plans de Santiago Calatrava à connaître quelques déboires.

Ces dernières années, le projet de la “Città dello Sport” du quartier Tor Vergata à Rome (Italie) a donné lieu à de vives critiques, les deux immenses voiles demeurant inachevées en raison d’une forte inflation des coûts de construction, à savoir 660 millions d’euros contre 60 millions initialement annoncés.

Destiné à accueillir les Championnats du Monde de natation en 2009 – avant que la compétition ne soit délocalisée sur le Foro Italico – l’ouvrage fut par la suite intégré à la candidature olympique et paralympique de Rome 2000, avec l’idée d’y établir les épreuves de gymnastique, ainsi que le tournoi de volleyball, et les phases finales du tournoi de basketball.

Après le retrait de la candidature, le projet fut remis à l’ordre du jour dans l’optique de la candidature aux JO 2024 avant que cette dernière ne soit contrainte à l’abandon, faute de soutien institutionnel à l’échelle locale.

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