Ukraine : Le Président du CIO évoque le cas de la Russie

Quelques mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine, le Président du Comité International Olympique (CIO) s’est exprimé la semaine dernière sur le cas de la Russie, ainsi que sur les relations passées avec le pays et son Président, Vladimir Poutine.

Le Président du CIO, Thomas Bach, en visite dans un centre d’entraînement à Kiev, Ukraine, dimanche 03 juillet 2022 (Crédits – National Olympic Committee of Ukraine)

Présent récemment aux Mondiaux d’athlétisme, à Eugene (Oregon, États-Unis), puis de passage par Los Angeles (Californie) et par Paris à la rencontre des Comités d’Organisation des Jeux de 2028 et de 2024, le Président du CIO était ces jours-ci du côté de Augsbourg (Allemagne) où se sont tenus les Championnats du Monde de canoë-kayak slalom.

A cette occasion, et au moment où son pays accueille aussi les Championnats d’Europe dans la configuration multi-sports à Munich, Thomas Bach a accordé une interview pour le magasine « Sport Bild ».

Parmi les sujets évoqués, le patron de l’institution olympique a notamment donné son point de vue sur la possibilité d’une candidature allemande pour les Jeux d’été de 2036, et s’est également laissé aller à quelques confidences sur sa propre situation à la tête du CIO et sa passion pour la randonnée de montagne. Surtout, il s’est exprimé sur le cas de la Russie, six mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Revenant ainsi sur les conséquences de ce conflit au niveau sportif et diplomatique, Thomas Bach a d’abord salué le soutien affiché par les Fédérations Internationales suite aux recommandations formulées par le CIO, tout en abordant ensuite les sanctions adoptées à l’égard des dirigeants russes.

Comme l’affirme le Président du CIO :

Les responsables de cette guerre ont été punis : c’est le gouvernement russe.

Nous avons demandé avec succès à toutes les Fédérations Internationales qu’il n’y ait pas d’événements sportifs internationaux organisés sur le sol russe et biélorusse.

Nous avons émis cette recommandation et elle est maintenue. Ce n’est pas le moment de revenir sur cette recommandation et d’inverser notre position.

Nous recommandons également de ne pas inviter d’athlètes russes ou biélorusses : pas d’hymnes, pas de drapeaux.

Et nous avons pris une décision, pour la première fois dans l’histoire du CIO, de révoquer une médaille [à savoir l’Ordre olympique, ndlr] que le Président russe, Vladimir Poutine, avait reçu en 2001.

Sur le cas spécifique du Président de la Fédération de Russie, Thomas Bach a d’ailleurs souhaité lever toute ambiguïté face aux critiques sur les bonnes relations de travail entretenues durant plusieurs années entre le CIO et Vladimir Poutine.

Tout en reconnaissant la qualité de ces relations, le Président du CIO n’oublie pas néanmoins de pointer du doigt la dégradation rapide desdites relations, consécutives aux révélations du scandale de dopage organisé, ainsi que les cyberattaques attribuées par des experts à la Russie durant les Jeux de PyeongChang 2018.

Comme l’expose de fait Thomas Bach :

L’amitié s’interprète très vite d’un point de vue extérieur. Nous avons très bien travaillé, et de manière très étroite, avec la Russie et Poutine avant les Jeux de 2014. Il a également répondu à nos interrogations et demandes concernant par exemple les droits LGBTQ et la liberté d’expression.

[…] La manipulation du système antidopage a – pour le dire diplomatiquement – gravement gâché la relation, notamment à l’approche des Jeux d’hiver de 2018. Nous avons alors fait l’objet de cyberattaques très sophistiquées, et il y a eu des menaces.

[…] Cela a ensuite pratiquement paralysé les relations avec la Fédération de Russie et son Président.

Dans cette interview, Thomas Bach avait préalablement abordé l’intensité des dernières années, entre la tenue réussie des Jeux d’été de Tokyo 2020 – reportés d’une année en raison de la pandémie mondiale de Covid-19 – et l’organisation des Jeux d’hiver de Pékin 2022, tout en recontextualisant avec le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Ainsi que l’affirme celui qui avait lancé un appel aux dirigeants internationaux lors de la Cérémonie d’ouverture des Jeux de Pékin 2022 :

J’avais le sentiment [à Pékin, ndlr] que j’avais besoin de faire une pause. Ce furent deux années pleines d’adrénaline, de nouveaux défis chaque jour.

J’avais alors prévu dix jours. Mais les dix jours se sont transformés en 36 heures. Lundi soir, je suis revenu de Pékin, mercredi après-midi à 16h00, je recevais un appel d’Ukraine m’avertissant de l’invasion russe. Les vacances étaient finies.

Le Président de la République d’Ukraine, Volodymyr Zelensky, avec le Président du Comité International Olympique, Thomas Bach, et le Président du Comité National Olympique d’Ukraine, Sergey Bubka, dimanche 1er juillet 2022 à Kiev (Crédits – National Olympique Committee of Ukraine)

Depuis lors, l’institution olympique a mis en œuvre des initiatives de soutien à l’égard des sportifs ukrainiens.

De fait, après avoir missionné Sergey Bubka, légende de l’athlétisme, aujourd’hui Président du Comité Olympique d’Ukraine et membre du CIO, Thomas Bach avait précisé qu’un fonds de solidarité serait instauré, avec un premier versement de 200 000 dollars dès le mois de mars.

Plus récemment, et après avoir évoqué au printemps la guerre en Ukraine et ses répercussions comme « un tournant dans l’histoire de l’humanité », Thomas Bach s’est rendu à Kiev au début du mois de juillet.

A cette occasion, le Président du CIO a pu s’entretenir avec le Président de la République d’Ukraine, Volodymyr Zelensky, en annonçant de surcroît un triplement du fonds de solidarité de 2,5 à 7,5 millions de dollars.

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