JO 2036 : La Ville de Madrid poursuit l’étude d’un éventuel projet

Alors que le Comité Olympique Espagnol (COE) a écarté la possibilité de soumettre une candidature madrilène pour l’organisation des Jeux d’été de 2036, la capitale entend tout de même poursuivre l’étude d’un éventuel projet, en y associant les habitants.

Présentation du projet de Madrid 2020 devant les membres du CIO, le 03 juillet 2013 à Lausanne, Suisse (Crédits – IOC / Richard Juilliart)

En Espagne, la quête des anneaux olympiques est un chemin sinueux depuis l’obtention – pour la seule et unique fois – des Jeux d’été organisés en 1992 à Barcelone, sur la côte méditerranéenne.

A plusieurs reprises, le pays a bien tenté de présenté des projets, d’abord portés par Séville (2004), puis par la capitale, Madrid (2012, 2016, 2020), mais sans jamais parvenir à convaincre les membres électeurs du Comité International Olympique (CIO). En dépit de ces échecs successifs, le Comité Olympique Espagnol (COE) a essayé d’avancer l’idée d’une candidature aux Jeux d’hiver en mobilisant les Pyrénées, mais là-encore, le succès se fait attendre.

Face à ce constat, et malgré la détermination affichée de la Catalogne à soumettre à l’instance olympique espagnole le projet d’une candidature Pyrénées-Barcelone pour 2030, Madrid semble elle-aussi désireuse de maintenir une certaine pression en espérant qu’une fenêtre de tir pourra idéalement s’ouvrir.

De fait, alors même que le COE a récemment écarté la perspective d’une candidature madrilène à l’organisation des Jeux d’été de 2036, les élus de la capitale espagnole entendent profiter de l’examen du Plan Directeur de la ville pour poursuivre l’étude d’un projet olympique et paralympique.

Parmi les éléments figurant sur la page de “Decide Madrid”, les autorités municipales proposent aux habitants de participer à la conception du nouveau Schéma Directeur des Sports dont la mise en œuvre s’échelonnera in fine jusqu’en 2036. Le cas échéant, ledit Schéma pourrait dès lors inclure le dépôt éventuel d’une candidature aux Jeux.

Comme le souligne en tout cas le site Internet dédié sur lequel une consultation en ligne a été ouverte du 07 juillet au 05 août 2022 :

Ce Schéma Directeur sera la feuille de route qui marquera les politiques sportives de la Mairie de Madrid dans les années à venir, et pour cette raison, la Mairie veut recueillir l’avis et les contributions des citoyens afin que le document final soit le résultat d’un consensus.

Les résultats de la consultation seront publiés dans les prochains jours et, en cas d’adhésion populaire, nul doute que les élus madrilènes tâcheront de rediscuter avec le COE afin de faire revenir ce dernier sur la décision prise au mois de mars 2022.

La tâche s’annonce toutefois hautement délicate, et il semble aujourd’hui peu probable d’envisager que le COE fasse machine arrière, d’autant plus lorsque l’on sait que la décision du renoncement à une candidature estivale repose en grande partie sur des recommandations formulées par le CIO.

Ainsi que l’avait exposé plus tôt cette année Alejandro Blanco, Président de l’instance olympique espagnole :

J’ai eu plusieurs échanges avec le Maire de Madrid pour évoquer cette question [d’une candidature] et Madrid, sans aucun doute, est une ville qui devrait essayer d’accueillir les Jeux Olympiques, mais elle n’optera pas pour les Jeux de 2036.

Lorsque nous avons discuté avec le CIO des possibilités qui existaient, ils nous ont dit que les possibilités concernaient l’hiver.

Les Jeux de Paris 2024, ceux de Los Angeles 2028, et ceux de Brisbane 2032 ont été attribués, et les recommandations qu’ils ont formulé pour ceux de 2036 est que Madrid n’apparaisse pas.

Dans l’immédiat, le COE doit d’ailleurs étudier la proposition catalane récemment adressée pour les JO d’hiver de 2030. Après avoir un temps fait alliance avec l’Aragon, la Catalogne a en effet choisi de faire cavalier seul, sans obtenir pour l’instant le feu vert nécessaire à la poursuite de l’aventure olympique et paralympique.

Si le COE venait à confirmer une candidature hivernale – pour 2034 plutôt que pour 2030 au regard du retard accumulé sur la concurrence internationale – les chances d’un retour de Madrid sur le devant de la scène seraient nulles.

En revanche, dans l’hypothèse où le COE renoncerait à présenter une candidature de Pyrénées-Barcelone, une réflexion nouvelle pourrait peut-être s’ouvrir quant à déterminer les conditions d’une candidature madrilène pour 2036 ou pour une échéance ultérieure.

Visuel du projet d’aménagement de la “Ciudad del Deporte” à Madrid, Espagne (Crédits – Atlético Madrid)

En attendant un éventuel signal favorable, Madrid entreprend des projets de développement d’infrastructures sportives destinées à l’ensemble de la population, profitant en cela de son titre de Capitale Mondiale du Sport 2022.

Fin juillet, la présentation du projet de “Ciudad del Deporte” autour du Cívitas Metropolitano – stade du club de football de l’Atlético Madrid initialement conçu dans la perspective des dernières candidatures olympiques et paralympiques – a d’ailleurs permis de mesurer l’ambition madrilène pour faire de la ville une cité sportive par excellence.

Concrètement, en lien avec le club de football résident, un Centre sportif municipal d’une superficie de 46 344 m² prendra place non loin de la monumentale enceinte, avec en son sein, une piste d’athlétisme et des terrains dédiés à la pratique du ballon rond.

Un second Centre sportif municipal s’établira dans le même secteur, avec cette fois-ci, un gymnase de 13 189 m² composée d’une arène consacrée au basketball, au handball, au volleyball, au futsal et au badminton, et de quatre terrains couverts pour la pratique du padel.

Dans le même axe que cet équipement multi-sports, le site disposera aussi d’un Centre de haute performance destinée à l’Atlético Madrid et couvrant une superficie de quelques 65 131 m². Six terrains de football y seront aménagés, de même qu’une résidence et un gymnase, ainsi qu’un centre médical et de remise en forme.

Enfin, l’équipement le plus vaste prévu par les porteurs du projet – en particulier le groupe immobilier Cívitas – s’étendra sur 121 889 m² et sera un mix entre sports et loisirs, avec dans le détail, un stade de 6 000 places, un mur d’escalade, un terrain de padel, un bassin aquatique extérieur doté de vagues et de plages artificielles, notamment pour permettre la pratique du surf.

Des boutiques et des restaurants compléteront le dispositif, par ailleurs, imaginé avec la présence adjacente de résidences hôtelières et de parkings accessibles depuis les axes routiers limitrophes.

Le principe de durabilité a en outre été intégré au projet – dont l’essence remonte à 2014 – avec la volonté de consacrer plus de 380 674 m² à des bosquets et autres espaces végétalisés.

Estimée à 200 millions d’euros, la requalification de ce qui devait être le quartier olympique est l’aboutissement de plusieurs années de discussions et d’incertitudes quant à l’aménagement des espaces autour du principal stade dont le récent changement de naming a permis de sceller et d’accélérer la mise en chantier prochaine.

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