Le Comité d’Organisation des Jeux (COJO) de Paris 2024 a récemment ouvert un appel public à la concurrence ayant pour finalité de choisir un prestataire chargé d’assurer la conception et la réalisation d’un ponton flottant et d’un quai d’amarrage au niveau du Pont Alexandre III d’où s’élanceront les compétiteurs de triathlon et de natation marathon à l’été 2024.

A l’occasion des Journées Olympiques de 2017, le Pont Alexandre III avait été au cœur des célébrations proposées par Paris 2024 pour promouvoir alors sa candidature, avec notamment l’agencement spectaculaire d’une piste d’athlétisme sur la Seine, et l’aménagement temporaire d’un court de tennis sur le tablier et d’un plongeoir sur l’une des bordures de l’édifice.
Illustrant la volonté du COJO d’associer au maximum la richesse patrimoniale de Paris avec la tenue des futures épreuves olympiques et paralympiques, le pont – qui enjambe le fleuve pour relier l’Esplanade des Invalides d’un côté (7ème arrondissement) au secteur du Petit et du Grand Palais de l’autre (8ème) – va à nouveau être sollicité à l’occasion des JO 2024.
Dans à peine plus de deux ans, les compétitions de triathlon, de natation marathon, et de para-triathlon, se dérouleront en effet en contrebas de l’ouvrage conçu à la toute fin du XIXème siècle, tandis que l’arrivée du contre-la-montre cycliste sera orchestrée sur le tablier long de 152 mètres et large de 30 mètres.
Aussi, concernant le périmètre des premières épreuves précitées, le COJO a récemment publié un avis d’appel public à la concurrence en vue de confier à un prestataire les missions de conception, de réalisation, de maintenance et de reprise d’un ponton de départ amovible, avec les caractéristiques complémentaires d’être démontable et réutilisable.
Ces dernières fonctionnalités devront d’ailleurs être déployées dès l’été 2023, période à laquelle des épreuves-tests devraient être organisées, avant que le site temporaire ne soit démantelé jusqu’à la mise en place des Jeux, un an plus tard.
Le ponton éphémère, qui devra bien évidemment tenir compte des exigences techniques des Fédérations Internationales, sera en outre complété par un quai d’amarrage pour embarcations, jets-ski et autres services médicaux.
L’appel d’offres – dont la clôture est survenue le 23 juin dernier – révèle des éléments techniques majeurs que devront prendre en considération les projets qui vont in fine être présentés et sélectionnés par le COJO, des éléments couplés à des contraintes propres à la topographie d’un site urbain traversé par un fleuve au niveau fluctuant et dont l’exploitation est assurée à la fois par les Voies Navigables de France (VNF) et par HAROPA PORT qui gère le premier port fluvial de France et qui constitue, avec les structures du Havre et de Rouen, le cinquième port nord-européen.
Les projets devront dès lors inclure le souci de la navigation fluviale, sachant que le COJO prévoit une phase dite de mobilisation du site, avec l’agencement des diverses structures nécessaires aux compétitions, et une phase dite de démobilisation au cours de laquelle le prestataire devra temporairement stocker lesdites structures jusqu’à la tenue des autres épreuves et ce, afin de rendre le fleuve à sa destination navigable.

A l’aune de ces considérations, les aménagements prévus devront dans le détail comprendre un ponton flottant mobile assurant la jonction entre les deux rives de la Seine, en aval immédiat du Pont Alexandre III. Ce ponton devra être en capacité de supporter jusqu’à 75 personnes, soit une charge maximale estimée à 6 tonnes.
Deux passerelles d’accès pour les personnes à mobilité réduite (PMR) devront être agencées aux deux extrémités, avec la nécessité de maintenir un dénivelé continu entre les quais bas et le futur ponton flottant.
Une rampe de sortie de l’eau associée au ponton devra aussi être installée, avec une implantation susceptible d’évoluer en fonction des épreuves organisées. De fait, s’agissant du triathlon, la rampe sera positionnée côté rive gauche ou côté rive droite, tandis que pour la natation marathon, ladite rampe sera complétée par une arche normée envisagée côté rive gauche.
Au-delà de ces équipements structurants, une plateforme destinée aux médias sera agencée pour permettre la retransmission optimale des compétitions, avec un accès depuis le ponton flottant, mais avec tout de même une passerelle d’accès PMR indépendante et ce, afin de ne pas interférer sur le bon déroulement des épreuves. La plateforme devra pouvoir contenir jusqu’à 35 personnes en simultanée, soit une charge estimée à près de 4 tonnes avec le matériel technique.
Deux plateformes de nivellement du quai, tant pour la rive gauche que pour la rive droite, sont par ailleurs planifiées et devront être installées entre la passerelle de sortie de l’eau et les escaliers d’accès au Pont Alexandre III.
Pour les services médicaux, deux plateformes de 10 m² au moins seront disposées sur le site, tandis que le quai d’amarrage – prévu en aval du ponton flottant – devra pouvoir recevoir jusqu’à 5 jets-ski, 6 bateaux de type zodiac et 8 canoës.
Dans un souci d’éco-responsabilité – que Paris 2024 entend élever en priorité de ses actions avant, durant et après les Jeux – les matériaux utilisés pour la conception de ces différents ouvrages devront, autant que possible, être recyclables.
Le cahier des charges de l’appel d’offres précise aussi que les procédés de production, de stockage et de transport des structures démontables devront tenir compte des impératifs environnementaux.
Si le coût du futur chantier n’a pour l’heure pas été avancé, les estimations produites dans le cadre du dossier de candidature – au regard du site du Pont d’Iéna, face à la Tour Eiffel – faisaient état de dépenses de l’ordre de 3,442 millions de dollars à la seule charge du COJO.

Alors que les organisateurs des Jeux ont annoncé fin 2021 le déplacement des épreuves de triathlon et de natation marathon du Pont d’Iéna (7ème) jusqu’au Pont Alexandre III, plus au centre de Paris, les précédentes candidatures parisiennes avaient misé sur deux sites distincts.
Ainsi, Paris 2012 avait projeté la tenue des épreuves de triathlon en contrebas de la Tour Eiffel, avec l’agencement de tribunes pour accueillir jusqu’à 10 000 spectateurs à proximité du Pont d’Iéna.
La Seine aurait bien sûr été le théâtre de la partie aquatique, tandis que les rues des 16ème, 8ème et 7ème arrondissements auraient été le cadre des deux autres composantes (cyclisme et course).
Le cyclisme se serait étendu du Trocadéro jusqu’à l’Arc de Triomphe, avec ensuite une descente de l’Avenue des Champs-Elysées pour rejoindre la Place de la Concorde, avant de longer par les quais le Petit et le Grand Palais, pour enfin emprunter le Pont des Invalides et rejoindre le parvis de la “Dame de Fer”. La course se serait quant à elle déroulée sur une boucle allant de la Tour Eiffel aux jardins du Trocadéro puis au Pont de l’Alma, avant de retrouver l’emblématique tour parisienne après être passée devant le Musée du Quai Branly.
En incluant les aménagements destinés au marathon et du contre-la-montre cycliste, qui se seraient également déroulés sous la Tour Eiffel, la transformation temporaire du site dans sa globalité aurait nécessité une enveloppe budgétaire de 8,6 millions de dollars (valeur 2004) entièrement à la charge du COJO.

Quelques années auparavant, le projet de Paris 2008 avait pour sa part envisagé l’installation du triathlon au sein du pôle Sud-Ouest de son concept, soit au niveau du Bois de Boulogne, et plus spécifiquement de le Pelouse de la Muette (16ème).
Un aménagement de 4,7 millions de dollars, dont 3,4 millions à la charge des organisateurs, avait alors été annoncé.
A noter que la natation marathon – ou natation en eau libre – inscrit au programme des Jeux Olympiques depuis 2008 ne figurait pas dans le dossier de candidature de Paris au moment du dépôt de celui-ci, tout comme le triathlon, présent aux Jeux depuis 2000, et donc logiquement absent du dossier de Paris 1992.