Tentée par une quatrième candidature à l’organisation des Jeux d’été, Madrid affiche toutefois une certaine prudence avant de s’engager pleinement dans une nouvelle tentative pour devenir la seconde ville d’Espagne, après Barcelone, à accueillir l’événement planétaire.

A l’instar de Paris avant le début de la course aux JO 2024, Madrid se retrouve à la croisée des chemins.
Comme pour la capitale française qui arrivait en 2015 avec trois défaites cuisantes pour 1992, 2008 et 2012, la capitale espagnole se retrouve elle-aussi confrontée à la tentation d’une nouvelle candidature – qui serait dès lors la quatrième après la quête infructueuse des Jeux de 2012, 2016 et 2020 – et le souhait de ne pas mobiliser des moyens et des équipes au service d’un projet n’offrant finalement aucune garantie de succès.
Pour Paris 2024, la ligne d’arrivée sur les anneaux olympiques se dessina au fil des mois et des abandons de candidatures adverses, jusqu’à la décision prise par le Comité International Olympique (CIO) d’établir une double attribution des Jeux de 2024 et de 2028 avec Los Angeles.
Pour Madrid, une nouvelle candidature pourrait s’appuyer sur deux éléments majeurs pour espérer enfin remporter l’adhésion des membres de l’institution de Lausanne (Suisse).
De fait, si les fondamentaux des trois précédentes candidatures madrilènes pourraient indéniablement servir de solide base à l’émergence d’un projet pour 2036, l’instauration récente du nouveau modèle olympique misant sur le dialogue continu avec les prétendantes pourrait également être un atout, pour convaincre les pouvoirs publics et l’opinion de s’engager dans une entreprise encore perçue comme potentiellement dispendieuse.

Avec ce modèle remaniée du sol au plafond à l’issue de la campagne inédite 2024-2028, le CIO entend désormais privilégier les projets disposant déjà d’un certain nombre d’infrastructures utiles aux Jeux ou tout du moins temporaires. Pour preuve, les dernières Villes Hôtes désignées affichent toutes un taux de sites existants ou éphémères dépassant le seuil de 80%, avec même une pointe au-dessus des 95% pour Los Angeles 2028.
En outre, le dialogue continu voulu par le CIO permet aux prétendantes d’échanger avec les équipes de l’institution olympique, mais aussi de s’entretenir régulièrement avec les responsables de prochaines Olympiades ou d’éditions passées et ce, afin de recueillir les bonnes pratiques à mettre en œuvre et d’éviter autant que possible les écueils jalonnant un parcours comme celui des Jeux.
Surtout, cette phase de dialogue continu – précédent une phase de dialogue ciblé avec le potentiel Hôte – permet de casser les codes historiques d’une élection sept années avant l’échéance des Jeux et de réduire à la fois, le temps d’attente des candidatures, la lourdeur administrative, et le budget nécessaire pour assurer promotion et communication.
Brisbane 2032 en a été une parfaite illustration avec une désignation opérée dès l’été 2021 après la décision du CIO de s’engager prioritairement avec les autorités du Queensland et de l’Australie survenue quelques mois auparavant.
Choisir le meilleur emplacement de célébration des Jeux au meilleur moment, tel pourrait être le slogan de ce modèle olympique par ailleurs basé sur une Commission de Futur Hôte, héritière lointaine de la Commission d’Évaluation qui prévalait jusqu’à présent.

Du côté de Madrid, les dirigeants ont sans nul doute conscience de ce nouveau cadre. Reste encore à déterminer la meilleure façon d’en faire partie.
Aussi, alors que la Vice-Maire de la cité madrilène, Begoña Villacís, s’est risquée à évoquer le lancement de travaux autour d’une candidature pour 2036, le Maire de la ville, José Luis Martínez-Almeida s’est montré pour sa part plus réservé. Cette prudence a d’ailleurs été confortée à l’issue d’une rencontre avec le Président du Comité Olympique Espagnol (COE), Alejandro Blanco.
Pour ce dernier – actuellement engagé aux côtés du projet de Pyrénées-Barcelone pour les Jeux d’hiver de 2030 – le pragmatisme doit pour l’heure primer. Comme il l’a ainsi exposé :
Il y a un beau projet et Madrid ne peut s’empêcher de rêver aux Jeux Olympiques, mais il ne faut pas fixer de date.
Pour le Maire de Madrid, le pragmatisme doit également être de mise, couplé à des échanges avec les institutions locales et nationales, et à une planification réfléchie de l’événement afin de ne pas reproduire les erreurs du passé.
Comme l’a affirmé en ce sens José Luis Martínez-Almeida :
Une candidature ne peut être annoncée sans que le reste des groupes municipaux en soit informé, sans avoir contacté au préalable le Gouvernement espagnol, ou sans avoir pris attache avec le Gouvernement de la Communauté de Madrid, ou sans accord avec le Comité Olympique Espagnol.

Avec ce dernier propos, le Maire de Madrid espère sans doute se laisser encore du temps avant de faire connaître les intentions de sa ville, même si la perspective d’une nouvelle candidature est aujourd’hui plus vivace que jamais.
Au cours des années écoulés, les Municipalités successives avaient en effet écarté la possibilité de présenter et de porter un nouveau projet devant le CIO à moyen terme. Désormais, le créneau de 2036 est le premier ouvert, même si des échéances plus lointaines pourraient aussi satisfaire les dirigeants madrilènes d’aujourd’hui.
Quoiqu’il en soit, le dialogue est en tout cas présent entre la Ville de Madrid et le COE, préfigurant peut-être aussi une prochaine sortie de piste du projet hivernal de Pyrénées-Barcelone 2030 qui rencontre depuis plusieurs semaines maintenant, de vives critiques partisanes sur fond d’enjeux électoraux.
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