Malgré cinq candidatures infructueuses au cours des dernières décennies, Istanbul (Turquie) pourrait retenter sa chance avec en ligne de mire, l’échéance olympique et paralympique de 2032.

Deux mois seulement après la défaite de la Perle du Bosphore face à Tokyo (Japon) à l’automne 2013, le Président du Comité de Candidature Istanbul 2020 avait posé les bases d’un projet futur. Comme l’avait ainsi affirmé Hasan Arat à cette époque :
Notre prochaine offre sera encore plus grande que la précédente. Istanbul 2020 avait une histoire inspirante.
Nous avons proposé que les Jeux viennent à la rencontre d’une nouvelle culture, dans une région et un pays qui n’ont encore jamais accueilli cet événement.
Sept années se sont écoulées depuis cette déclaration et l’ambition turque semble parfaitement intacte à en croire celui qui occupe les fonctions de Vice-Président du Comité Olympique de Turquie (TMOK).
De fait, Istanbul pourrait bien être prochainement au cœur d’une nouvelle candidature turque, Hasan Arat évoquant même publiquement l’échéance de 2032. Cela constituerait alors la sixième tentative du genre pour cette mégalopole de plus de 15 millions d’habitants qui n’a eu de cesse de moderniser ses infrastructures au fil des ans, souvent d’ailleurs en parallèle du développement de ses projets olympiques et paralympiques.
Comme l’a affirmé à ce sujet Hasan Arat, dimanche 07 juin 2020 :
Je pense que la Turquie ne doit pas renoncer à son ambition pour les Jeux Olympiques. La Turquie doit garder ses rêves et 2032 n’est pas une échéance tardive, le temps passant rapidement.
La Turquie possède d’excellentes installations sportives. Istanbul est prête à être candidate.

Plusieurs éléments doivent toutefois être pris en considération avant d’envisager une candidature aux Jeux et ce, alors que le processus pour 2032 tourne pour l’instant au ralenti en raison du contexte sanitaire international.
Dans le cas où les autorités turques viendraient à confirmer l’intérêt du pays pour l’échéance précitée, il ne faudrait pas négliger le fait que d’autres projets à travers le monde ont à ce stade été développés avec, potentiellement, une longueur d’avance sur une candidature stambouliote. La région du Queensland (Australie) mais encore le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie (Allemagne) ont ainsi déjà engagé des discussions avec le Comité International Olympique (CIO) et ont chacun élaboré un plan pour recevoir les Jeux de 2032.
En outre, une candidature de la Turquie serait, comme pour celle formulée dans l’optique des JO 2020, soumise au contexte territorial, et en particulier à la gestion du conflit syrien et de la pression migratoire qui même sans faire la Une de l’actualité, demeurent deux sujets brûlants dans cette région du Globe.
En dépit de ces deux éléments – potentiels points de faiblesses pour un dossier de candidature – la Turquie s’engagerait tout de même dans la course avec des forces non-négligeables.

Ainsi, à l’instar des précédentes candidatures d’Istanbul, un éventuel projet pour 2032 bénéficierait à coup sûr du soutien total des pouvoirs publics, à commencer par la présidence de la République aujourd’hui incarnée par Recep Tayyip Erdogan, auparavant Premier Ministre du pays (2003-2014).
Preuve de l’intérêt du leader turc pour l’obtention des Jeux, ce dernier n’avait pas hésité à faire mention, courant 2017, d’un investissement de plusieurs dizaines de milliards de dollars pour accompagner à l’émergence et à la concrétisation d’un projet pour l’organisation des Jeux d’hiver avec la candidature d’Erzurum. En revenant à une ambition focalisée sur les Jeux d’été, nul doute que l’investissement financier et politique serait également important.
En 2013, dans sa quête des Jeux de 2020, preuve supplémentaire de l’intérêt évident des autorités pour les Jeux, la candidature d’Istanbul avait pu compter sur l’engagement gouvernemental pour financer les diverses infrastructures à hauteur de 19,2 milliards de dollars (14,38 milliards d’euros à l’époque), avec un point d’honneur à assurer la livraison des sites sans retard.
Aussi, l’échec des candidatures passées n’a pas empêché la réalisation de projets structurants pour le territoire, notamment dans le domaine des transports, avec par exemple l’achèvement en octobre 2013 de la ligne ferroviaire et du tunnel Marmaray pour décongestionner les liaisons routières existantes et pour relier plus rapidement les deux rives du Bosphore.
Toujours sur le plan des transports, la Turquie s’est dotée d’un nouvel aéroport international, en remplacement de la plateforme aéroportuaire Atatürk. Ouvert en octobre 2018, la structure ultramoderne pourrait accueillir plus de 150 millions de passagers chaque année à l’horizon 2028, de quoi supporter l’afflux de touristes et de spectateurs dans l’hypothèse des Jeux.
Enfin, une éventuelle candidature de la Turquie serait à n’en pas douter mise en avant par les autorités au regard de la démographie du pays et de l’importance de la jeunesse. En septembre 2013, Hasan Arat avait tenté, en vain, de convaincre les membres du CIO en appuyant sur cet élément :
Istanbul 2020 offre au Mouvement Olympique une série de premières historiques : les premiers Jeux en Turquie, les premiers Jeux se déroulant à cheval sur deux continents simultanément, les premiers Jeux au sein d’une nation dont plus de la moitié de la population est âgée de moins de 25 ans.
En choisissant Istanbul 2020, le CIO choisira d’écrire l’histoire.
Sept ans après le dernier échec de la Turquie dans sa quête des Jeux d’été – outre 2020, également 2012, 2008, 2004, 2000 -, une nouvelle page pourrait donc s’écrire dans les mois à venir avec l’émergence possible d’une candidature dont les fondements reprendraient sans doute ceux exposés dans le cadre du projet d’Istanbul pour 2020.
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