Paris 2024 : Rénovation en profondeur pour la Piscine Georges Vallerey

Écrin des épreuves aquatiques durant les Jeux Olympiques de 1924, la Piscine Georges Vallerey – alors dénommée Stade Nautique des Tourelles – profite actuellement de la dynamique entourant les Jeux de Paris 2024 pour entreprendre une vaste rénovation.

Visuel de la Piscine Georges Vallerey rénovée (Crédits – SARL Architecte(s) / AIA / Ville de Paris)

Située dans le 20ème arrondissement de Paris, la Piscine Georges Vallerey est un témoignage majeur de l’histoire sportive et olympique liée à la capitale française. Du fait des exploits qui ont pu s’y dérouler avec en particulier la participation de la légende Johnny Weissmuller. Du fait aussi de son architecture singulière.

De fait, bâtie à l’aube l’Olympiade parisienne de la deuxième décennie du siècle dernier, l’installation fut le cadre des épreuves de natation, de plongeon et de waterpolo entre le 13 et le 20 juillet 1924.

Pour permettre la venue de ces compétitions, des moyens importants furent mobilisés par les pouvoirs publics, avec l’appui de la Fédération Française de Natation et de Sauvetage (FFNS), les parties au projet étant alors soucieuses de disposer d’une structure d’accueil de plusieurs milliers de places.

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A l’époque, l’agencement de cet équipement fut d’ailleurs salué dans le cadre du Rapport Officiel qui distingua entre autres les innovations réalisées pour un meilleur confort des compétiteurs, innovations qui ont su traverser les décennies.

Malgré une architecture critiquée pour son aspect massif en béton – caractéristique des bâtiments de l’entre-deux-guerres – l’ouvrage conçu par des ingénieurs de la Ville de Paris fut ainsi doté de lignes d’eau tracées au fond du bassin de 50 mètres de long, de lignes de bouchons pour délimiter les six couloirs de nage, mais aussi d’une fosse à plongeon aménagée dans le même bassin, faisant dès lors de l’équipement parisien la piscine la plus moderne d’Europe.

Comme l’exposa avec détails ledit Rapport à l’issue des JO 1924 :

Le luxueux Stade Nautique des Tourelles et ses 10 000 places, eut le don de satisfaire à la fois les spectateurs et les nageurs.

Toutes les installations dues à l’initiative de M. E.-G. Drigny, l’actif Secrétaire Général de la Fédération Française de Natation et de Sauvetage ne donnèrent lieu à aucune critique, bien plus même, plusieurs innovations techniques importantes furent apportées qui rallièrent l’unanimité des suffrages, telle la limitation de la longueur du bassin à 50 mètres au lieu de 100 mètres adoptés jusqu’alors aux Olympiades antérieures et l’adoption de lignes d’eau formées de lignes de bouchons qui, fort critiquées avant l’ouverture des épreuves, démontrèrent magnifiquement toute leur utilité et furent adoptées par la suite pour l’organisation de tous les grands meetings.

L’adoption de ces lignes d’eau, qui évita les venues en contact eu pour résultat de pallier à l’absence des rigoles dont la Commission Technique du Comité Olympique Français et la Fédération Française avaient cependant recommandé la nécessité aux architectes. Les lignes d’eau en brisant ces vagues permirent, heureusement, d’améliorer sensiblement les performances tout en facilitant la tâche du nageur.

Les organisateurs avaient même prévu un original appareil destiné à arrêter les nageurs en cas de faux départ, mais ce système, malgré son esprit pratique ne fut pas accepté par la Fédération Internationale.

Rénové par la suite, avec la pose d’un toit ouvrant en 1989, sous l’impulsion de l’architecte de la Ville de Paris, Roger Taillibert – auteur du Parc des Princes mais encore du Stade Olympique de Montréal (Canada) dans les années 1970 – le site, devenu au fil des ans, la Piscine Georges Vallerey, se prépare aujourd’hui à la venue des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.

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Si l’équipement – où trônent les anneaux olympiques depuis 2017 – n’abritera pas d’épreuves l’an prochain, il bénéficiera en revanche de l’héritage de l’événement pour lequel il servira de site d’entraînement.

D’ores et déjà, une profonde cure de jouvence est en effet engagée, notamment afin de rénover la toiture en surplomb, et dans l’optique plus large de moderniser les équipements d’accueil pour le public.

Concrètement, une nouvelle charpente en pins Douglas du Jura et des Vosges va progressivement être agencée, avant que le nouveau toit ouvrant en polycarbonate ne soit installé pour pouvoir coiffer l’ensemble du site.

Pour l’ancienne charpente en mélèze, le démantèlement en cours va conduire à une réutilisation innovante pour un équipement sportif à Paris.

Les ouvriers actuellement mobilisés procèdent ainsi à la dépose des poutres mesurant 8 à 10 mètres de long. Une fois ces éléments descendus au sol, l’entreprise Mathis a pour mission de découper le bois, en prenant soin de retirer les éléments métalliques qui sont disposés au sein des poutres et ce, afin de permettre un réemploi optimal desdites poutres.

Répondant à l’objectif de réemployer ou de recycler plus de 90% des déchets produits in situ, le bois de l’ancienne charpente va de fait être confié à l’entreprise Bonnardel qui procédera alors à la conception de divers éléments de mobiliers pour la Piscine Georges Vallerey réhabilitée, à savoir notamment le nouveau comptoir d’accueil, les bancs, les meubles pour la zone de déchaussage, sans compter aussi environ 1 400 pièces de signalétiques.

Les éléments de bois non utilisés seront pour leur part transmis à la menuiserie solidaire Extramuros pour l’équivalent de 6 mètres cubes, et à la Ville de Paris.

La question de la durabilité se retrouvera en outre dans la gestion énergétique de l’ouvrage qui, après rénovation, sera raccordé au réseau de chaleur de la Ville de Paris (CPCU) et non plus au gaz.

Le système de traitement de l’eau sera également revu et corrigé, de même que toute la composante électrique du site, comprenant bien sûr l’éclairage, ainsi que le système de ventilation, l’objectif affiché étant de réduire de 40% la facture d’électricité. Un effort va par ailleurs être porté sur l’acoustique général de l’ouvrage.

Visuel du futur hall d’accueil de la Piscine Georges Vallerey, dans le 20ème arrondissement de Paris (Crédits – SARL Architecte(s) / AIA / Ville de Paris)

Une fois la rénovation achevée selon les plans de Romain Viault, de la SARL Architecte(s) en association avec AIA – moyennant un investissement avoisinant les 15 millions d’euros consenti par la Ville de Paris et par la Société de Livraison des Ouvrages Olympiques (SOLIDEO) – le public pourra découvrir un site plus fonctionnel.

Cela se traduira en particulier par une meilleure accessibilité, notamment avec l’agencement à l’entrée d’un local pour chiens d’aveugles et un cheminement repensé jusqu’au bassin pour les personnes en situation de handicap.

L’esthétique du lieu a aussi été pensé pour gommer quelque peu le béton très présent sur le site. Des luminaires LED posés à la verticale seront ainsi installés dans le vaste hall d’entrée qui fera quant à lui la part belle au bois, tout comme une partie des tribunes rénovées.

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