Les anneaux olympiques sur la façade de la Piscine Georges Vallerey, ex-Stade nautique des JO 1924

Tandis que le Comité International Olympique (CIO) s’apprête à acter officiellement l’attribution des Jeux de 2024 et de 2028, l’institution de Lausanne (Suisse) a récemment autorisé la Ville de Paris à faire usage des anneaux olympiques sur la façade de l’une de ses piscines.

Propriété du CIO, ces anneaux sont l’illustration du symbole olympique dont le fondement est défini par la Charte Olympique.

La Règle 8 de ce document précise ainsi que “le symbole olympique exprime l’activité du Mouvement Olympique et représente l’union des cinq continents et la rencontre des athlètes du monde entier aux Jeux Olympiques”.

Façade de la Piscine Georges Vallerey à Paris (Crédits – DJS / Mairie de Paris)

En accordant l’autorisation d’utiliser les anneaux olympiques, le CIO fait donc preuve d’une reconnaissance à l’égard de la Piscine Georges Vallerey, du nom du nageur médaillé de bronze aux Jeux de Londres 1948 et détenteur de sept records d’Europe entre 1945 et 1949.

Ladite piscine, initialement baptisée Stade des Tourelles, possède une riche histoire qui explique davantage cette reconnaissance olympique.

Situé dans le XXème arrondissement de Paris, le Stade des Tourelles fut construit pour l’accueil des “réunions de natation” – pour reprendre les termes de l’époque – à l’occasion des Jeux de Paris 1924.

Inauguré le 08 juin 1924 avec des festivités grandioses organisées par la Fédération Française de Natation et de Sauvetage (FFNS), le Stade nautique fut le théâtre des épreuves de plongeon, de waterpolo et de natation du 13 au 20 juillet. L’Histoire retiendra en particulier la participation de Johnny Weissmuller.

Au-delà des performances sportives, le succès populaire fut au rendez-vous de l’événement, puisque 41 945 entrées payantes furent comptabilisées, soit des recettes de l’ordre de 416 410 francs.

Ces chiffres permirent aux “réunions de natation” de figurer au troisième rang des compétitions les plus suivies par les spectateurs, après le football (181 822 spectateurs et près de 1,8 million de francs de recettes) et l’athlétisme (106 307 spectateurs et près de 1,6 million de francs de recettes), et devant le rugby (37 313 spectateurs pour 367 264 francs de recettes).

Visuels du Stade nautique des Tourelles en 1924 (Crédits – Rapport Officiel des Jeux de Paris 1924)

A l’issue des Jeux de Paris 1924, le Rapport Officiel distingua le Stade des Tourelles pour ses caractéristiques techniques, notamment sur le plan de l’innovation.

A la 437ème page dudit Rapport, les rédacteurs mentionnèrent ainsi que “le luxueux Stade Nautique des Tourelles et ses 10 000 places, eut le don de satisfaire à la fois les spectateurs et les nageurs. Toutes les installations dues à l’initiative de M. E.-G. Drigny, l’actif Secrétaire Général de la Fédération Française de Natation et de Sauvetage ne donnèrent lieu à aucune critique, bien plus même, plusieurs innovations techniques importantes furent apportées qui rallièrent l’unanimité des suffrages, telle la limitation de la longueur du bassin à 50 mètres au lieu de 100 mètres adoptés jusqu’alors aux Olympiades antérieures et l’adoption de lignes d’eau formées de lignes de bouchons qui, fort critiquées avant l’ouverture des épreuves, démontrèrent magnifiquement toute leur utilité et furent adoptées par la suite pour l’organisation de tous les grands meetings.

L’adoption de ces lignes d’eau, qui évita les venues en contact eu pour résultat de pallier à l’absence des rigoles dont la Commission technique du Comité Olympique Français et la Fédération Française avaient cependant recommandé la nécessité aux architectes.

Les lignes d’eau en brisant ces vagues permirent, heureusement, d’améliorer sensiblement les performances tout en facilitant la tâche du nageur.

Les organisateurs avaient même prévu un original appareil destiné à arrêter les nageurs en cas de faux départ, mais ce système, malgré son esprit pratique ne fut pas accepté par la Fédération Internationale”.

Néanmoins, malgré ce satisfecit évident, le coût de construction et l’entretien post-olympique de l’équipement ont tout de même pesé sur les décisions des autorités chargées du site.

Comme le rappelle ainsi Thierry Terret dans son ouvrage “Les Paris des Jeux Olympiques 1924” (volume 1) paru en 2008, “la piscine des Tourelles aura coûté une somme voisine du total du budget national de l’éducation physique.

Quant à son exploitation après les Jeux, les instances fédérales acceptent de s’en occuper jusqu’en 1925, mais le défi à relever est énorme : pas de cabine, pas de filtration, ce qui impose un changement d’eau hebdomadaire, un coût d’exploitation estimé à 50 000 francs pour les deux mois d’été… il faudra en réalité plusieurs dizaines d’années et de multiples transformations pour se rapprocher de l’équilibre budgétaire”.

La gestion du Stade nautique des Tourelles a également pu impacter les décisions concernant l’aménagement de piscines dédiées aux compétitions après les Jeux de 1924.

Plan du Stade nautique des Tourelles (Crédits – Rapport Officiel des Jeux de Paris 1924)

En effet, à l’été 2014, dans le cadre d’une interview accordée à “Sport & Société”, Louis-Frédéric Doyez avait souligné le manque d’infrastructure majeure en France pour accueillir un événement d’envergure internationale et ce, alors que la dernière décennie a révélé des nageurs tricolores d’importance sur la scène mondiale.

Directeur Général de la Fédération Française de Natation (FFN), il avait alors mis en évidence que “la dernière construction d’un bassin olympique de grande capacité, notamment en Ile-de-France, remonte bien aux Jeux Olympiques de 1924 ! Rome a conservé les équipements de 1960, Moscou ceux de 1980. Ils les ont fait évoluer. Des pays émergents sans aucune pratique de la natation ont des grands ensembles.

Nous, nous avons notre piscine de 1924, rénovée en 1970. Et nous avons donc surtout de la honte, de la gêne à le constater, l’expliquer”.

L’absence d’un équipement-phare en Ile-de-France, malgré trois candidatures et donc trois projets olympiques de Paris depuis une trentaine d’années, a donc imposé un réel engagement des autorités pour assurer à l’Hexagone de pouvoir prétendre à l’organisation future des Jeux.

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Longtemps envisagé à Aubervilliers, le Centre Aquatique Olympique sera finalement bâti sur le territoire de Saint-Denis pour accueillir les compétitions en 2024.

Le site hébergera les épreuves de natation, de natation synchronisée et de plongeon. La Piscine de Marville – construite en 1974 et dont une rénovation est d’ores et déjà prévue – sera quant à elle le Centre Olympique de waterpolo.

La reconversion des deux sites devra prendre compte de l’exemple français dans le domaine des grands événements, ainsi que de la planification d’anciennes Villes Olympiques comme Londres, qui a su maîtriser la refonte de son Centre Aquatique et le démontage du site de waterpolo aménagés dans le cadre des JO 2012.

Pour Paris 2024, les deux installations sportives deviendront, après les Jeux, des sites dédiés aux scolaires – dans un département aujourd’hui sous-équipé en piscines -, aux équipes nationales (stage, formation, etc…) et bien sûr aux compétitions régionales, nationales, continentales ou mondiales.

Extrait du dossier de candidature de Paris 1992 ; page consacrée à la natation (Crédits – Paris 1992 / Archives Sport & Société)

Concernant la Piscine Georges Vallerey, l’équipement sera fermé au public entre octobre 2017 et mai 2018 afin de permettre une mise à niveau de ses installations.

Une profonde rénovation avait eu lieu au milieu des années 1980. Il était alors question pour l’ex-Stade nautique des Tourelles de renouer avec son riche passé olympique.

Pour sa candidature aux Jeux d’été de 1992, Paris avait fait le choix de construire un Stade nautique flambant neuf de 10 000 places sur les rives de la Seine, dans le quartier de Bercy-Tolbiac.

La piscine du XXème arrondissement – 4 000 à 5 000 places prévues – aurait pour sa part constitué un écrin pour les éliminatoires du tournoi olympique de waterpolo.

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