Alors que la Chine se prépare à ouvrir ses premiers Jeux d’hiver, le 04 février prochain, l’Espagne se concentre pour sa part sur la candidature des Pyrénées et de Barcelone pour l’édition 2030. Les tensions politiques entre les instances régionales et les risques liés à la tenue prochaine d’un référendum fragilisent néanmoins cette ambition et ce, en dépit d’un récent sondage aux résultats encourageants.

Le Comité Olympique Espagnol (COE) sera-t-il contraint, dans les prochaines semaines, de constater l’impossibilité de poursuivre sereinement l’aventure d’une candidature aux Jeux d’hiver ?
Au moment où les regards se tournent vers la Chine et Pékin, hôtes de l’édition 2022 qui s’ouvrira en fin de semaine prochaine, force est de constater que le devenir de la candidature espagnole pour l’échéance de 2030 est plus incertain que jamais.
Pour l’heure en effet, le projet est confronté à non pas une ou deux, mais trois problématiques.
Depuis de longs mois, les partisans d’une nouvelle offre olympique et paralympique en provenance de l’Espagne – après les trois échecs consécutifs de Madrid pour les Jeux d’été 2012, 2016 et 2020 – doivent faire face à de fortes tensions politiques et institutionnelles, les dirigeants de la région aragonaise pointant du doigt la mainmise supposée de la Catalogne sur le projet en cours de développement.
Aussi, le COE tâche désormais de gommer la référence à une candidature de Pyrénées-Barcelone ou Barcelone-Pyrénées, se contentant d’évoquer la perspective d’un projet espagnol. Le choix même de la dénomination dudit projet devrait d’ailleurs être longuement abordé dans les semaines qui viennent afin d’espérer apporter satisfaction à toutes les parties.
Encore ce mardi 25 janvier, en marge d’un entretien avec le Président de la Région d’Aragon, Javier Lambán, le patron de l’institution olympique espagnole, Alejandro Blanco, a rappelé la nécessité de voir se construire un projet fondé sur l’unité, le dialogue et le respect entre les acteurs engagés.
Un message destiné à apaiser les tensions, en tendant ouvertement la main à une intégration plus poussée de la collectivité aragonaise au projet, mais qui in fine a suscité la défiance des autorités catalanes.
Celles-ci entendent de facto pousser à leur avantage une candidature qu’elles désirent pilotée et incarnée au premier chef par la Ville Hôte des Jeux de 1992.
En parallèle de cette querelle de clocher, le COE doit également composer avec une opposition exprimée sur le terrain des Pyrénées et sur les réseaux sociaux, structurée autour d’un Manifeste publié en fin d’année 2021.
Pour l’instant, les comptes sociaux du collectif “Stop JJOO” affiche une progression des abonnements, sans que celle-ci ne constitue pour autant un raz-de-marée. Ainsi, de plus de 1 800 followers sur Twitter en novembre dernier, le collectif a vu l’intérêt porté à ses tweets s’accroître à 2 615 en cette fin du mois de janvier. La hausse est moins marquée sur Instagram, avec désormais 2 376 abonnés, contre plus de 2 110 dans le courant du mois de novembre 2021.
Cependant, la perspective d’un référendum dans les territoires pyrénéens susceptibles de participer au projet pourrait être de nature à éveiller un intérêt pour les arguments des opposants, notamment en ce qui concerne le volet environnemental et climatique.
Les opposants pourraient en outre bénéficier de l’apport d’anciens collectifs ayant réussi à faire échouer des candidatures au stade de la consultation populaire. Ces dernières années, ces collectifs se sont notamment illustrés du côté de Munich (Allemagne) et de la Suisse pour les JO 2022, mais aussi du côté de Boston (Massachusetts, États-Unis) et Hambourg (Allemagne) pour les Jeux de 2024.
Pour ce qui est du projet espagnol, une consultation de la population est d’ores et déjà planifiée, mais son périmètre laisse songeur.
En effet, comme l’a fait savoir Laura Vilagrá, Conseillère de la présidence de Catalogne, le référendum envisagé au cours du printemps ne concernerait que 77 municipalités et seulement un potentiel électoral de plus de 60 000 personnes, autrement dit, les collectivités et la population pyrénéenne qui seraient directement concernées par les Jeux.
La cité barcelonaise serait en revanche écartée de la consultation. Peut-être s’agit-il ici d’une volonté de l’exécutif catalan de ne pas associer une figure de la politique locale – et potentielle rivale – en la personne de la Maire de Barcelone, Ada Colau.
Quoiqu’il en soit, l’exclusion de la grande ville portuaire pourrait avoir une incidence majeure sur l’issue du scrutin à venir, dans un sens comme dans l’autre.

Face à ces trois problématiques que sont les tensions politiques et institutionnelles, l’opposition en quête d’affirmation, et la tenue prochaine d’un référendum, les dirigeants olympiques espagnols ont sans nul doute dû se réjouir à la lecture des résultats d’un récent sondage.
Selon cette enquête, réalisée sur commande de la Generalitat de Catalogne en décembre 2021, 73,3% des sondés catalans se sont déclarés en faveur d’une candidature pour les JO 2030. Dans le périmètre du Val d’Aran et des vallées de l’Alt Pirineu, ce soutien atteint même 74,6%, tandis que 20,7% des personnes interrogées dans ces secteurs ont exprimé un avis opposé.
Pour 68,1% des sondés, la venue des Jeux d’hiver pourrait par ailleurs être bénéfique à l’ensemble du territoire catalan.
A l’aune de ces résultats encourageants, les artisans de la candidature vont tâcher d’aborder les semaines à venir avec enthousiasme et détermination.
Une délégation espagnole devrait ainsi faire le voyage jusqu’à Pékin afin d’assister aux Jeux et de rencontrer des représentants du CIO dans le cadre du Programme des Observateurs instauré par ce dernier. L’occasion aussi de compléter les travaux de la Commission Technique récemment mise en place pour élaborer le projet espagnol.
Ledit projet devrait par la suite être présenté en amont de l’organisation du référendum. Cela permettra dès lors de localiser les sites envisagés et de connaître les contours de l’association entre les territoires, avec aussi des précisions quant au coût prévisionnel d’un projet en concurrence avec des candidatures déclarées, et, à ce stade, plus avancées, du côté de Sapporo (Japon), Salt Lake City (Utah, États-Unis) et, dans une moindre mesure, Vancouver (Canada).
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